USA 2020, J-35 | Un Belge de l’Indiana: «Une tradition conservatrice qui est bien présente»
Professeur à l’université Notre-Dame, dans l’Indiana, Manoel Couder sait que les démocrates y sont en minorité.
Publié le 29-09-2020 à 07h00
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Ce mardi aura lieu le 1er débat télévisé entre Donald Trump et Joe Biden, à Cleveland, dans l'Ohio. Une petite déception pour Manoel Couder, originaire de Corroy-le-Château et installé aux États-Unis depuis 2004. «À l'origine, ce débat aurait dû se faire dans l'Indiana. Il était organisé par l'université Notre-Dame, située à South Bend où je donne cours de physique. J'ai tout fait pour obtenir des tickets mais malheureusement, il y a eu des infections au Covid au sein de l'université lors de la rentrée et cela a été annulé.»
Docteur en physique nucléaire, Manoel était à l'origine parti aux États-Unis pour un poste de deux ans. «Et finalement, je ne suis jamais parti.» Il a obtenu la citoyenneté américaine en 2014. «Mais j'ai gardé la nationalité belge. Je continue d'ailleurs à lire la presse belge autant que possible.»
«L’Indiana revit»
Situé dans ce qu'on appelait la «Corn Belt» (ceinture de maïs»), l'Indiana a gardé cette image d'être un immense champ de maïs. «Il y a également eu la glorieuse époque des voitures, avec la Studebaker. Tout cela a décliné mais, tout doucement, l'Indiana revit.
À 100 km au sud d’où j’habite, en plein milieu de nulle part, la société belge IBA vient d’implanter trois cyclotrons. À South Bend, le centre-ville se redéveloppe. Il y a plein d’avantages, notamment au niveau des impôts, qui font que les entreprises viennent s’installer en Indiana.»
Au niveau politique, l'Indiana – qui est surnommé Crossroads of America (le carrefour de l'Amérique) – est une terre républicaine. «Il y a juste deux exceptions: en 1964, ils ont voté pour Johnson et en 2008 pour Obama. Ce sont des moments uniques. Et je ne pense pas que cela va se passer cette fois-ci. En partie parce que le vice-président actuel, Mike Pence, est un ancien gouverneur de l'Indiana.», L'Indiana n'étant pas un État clé, «ni Trump, ni Biden n'investissent dans leur campagne dans l'Indiana.»
Dans cet État où 80 % des habitants sont blancs et où des vestiges du Ku Klux Klan existent toujours dans le sud, la question raciale n'a pas fait de vagues lors de la campagne. «Après la mort de George Floyd, il y a eu des manifestations, mais il n'y a pas eu de violences. L'Indiana est un état calme. Les gens gardent leur tête baissée, ils travaillent et ne l'ouvrent pas beaucoup…»
C'est pareil pour les armes. «Le débat est absent car il n'y a pas grand monde pour l'alimenter. Même si la majorité des armes utilisées par les criminels à Chicago proviennent de l'Indiana.»
«Il n’est pas idiot»
Plutôt pro-démocrates, Manoel est conscient d'un peu vivre dans une bulle au sein de son université, où le personnel académique est plutôt libéral (démocrate). «Mais attention, Amy Coney Barrett, la candidate favorite pour remplacer Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême a été prof à Notre-Dame. Il y a donc une tradition conservatrice qui est bien présente!»
Quelle différence voit-il entre le candidat Trump de 2016 et celui de 2020? «En 2016, Trump disait qu'il n'appartenait pas au système. Mais maintenant, c'est un politicien et un tacticien extrêmement bon. Il n'est pas idiot, même si c'est l'impression qu'il donne.» Le seul caillou qui pourrait se glisser dans sa chaussure, c'est l'augmentation du chômage liée à la crise sanitaire.
Mais Manoel n'y croit pas trop. «Beaucoup de gens que je croise pensent que l'économie va se remettre rapidement. Pour ma part, je crois que les opinions se sont déjà forgées avant la crise, et sont figées.»
Lors des élections, Manoel proposera ses services pour conduire bénévolement des électeurs au bureau de vote. Et que fera-t-il si Trump est réélu? «Mes dépenses pour soutenir différents groupes de défense de différents droits continueront. Mais à un moment donné, on tournera la page. Soit ce sera en novembre, soit ce sera dans quatre ans.»

Situation État bordé par le Michigan au nord, par l’Ohio à l’est, par le Kentucky au sud et par l’Illinois à l’ouest, l’Indiana a pour capitale Indianapolis.
Population Avec 6 732 219 habitants (soit l'équivalent de la Flandre, mais sur un territoire sept fois plus grand), l'Indiana est le 15e État le plus peuplé des États-Unis. 72% de la population habite en ville. L'Indiana rapporte 11 grands électeurs. Il en faut 270 sur 538 pour l'emporter.
PolitiqueLe gouverneur républicain, Éric Holcomb, est entré en fonction en janvier 2017. Il a succédé à Mike Pence, devenu vice-président.
L’État envoie deux sénateurs (républicains) et neuf députés (sept républicains et deux démocrates) à Washington.
Résultats 2016Donald Trump 56,5% – Hillary Clinton 37,5%