USA 2020, J-40: Un Belge de Géorgie: «Je voterais pour Joe Biden contre mon propre sentiment»
Karl Thyberghin ne reconnaît plus le pays où il a vécu il y a vingt ans: les États-Unis, dit-il, sont divisés comme jamais.
Publié le 24-09-2020 à 07h02
:focal(376.5x241.5:386.5x231.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/GTFI4VAV6RBUFP2NUE2COCHBDE.jpg)
À 47 ans, Karl Thyberghin a un passé en politique: natif d'Ypres – de parents bilingues: son père a vu le jour à Wevelgem, et sa mère à Romedenne, au fond de la province de Namur –, il a siégé au conseil communal de sa ville. Sous la bannière de l'Open Vld. «Je suis donc plutôt un sympathisant du parti républicain», explique-t-il.
Pourtant, cette année, «si je pouvais voter, je voterais malheureusement pour Jo Biden, contre mon propre sentiment. Car le pays est beaucoup trop divisé. Et je ne peux pas me reconnaître dans le parti républicain tel qu'il est devenu.»
Un État prêt à basculer

Prise de position personnelle? Le point de vue est assez largement partagé, selon notre interlocuteur. Au point que «pour la première fois depuis de nombreuses années, les démocrates pourraient l'emporter en Géorgie. J'en ai en tout cas une forte impression, même si dans les banlieues blanches, Donald Trump reste adoré.»
Karl Thyberghin est loin de partager cet enthousiasme: «Auparavant, tout le monde s'unissait devant un nouveau président. Mais Donald Trump a complètement divisé le pays. De mon point de vue, c'est un idiot, en tout cas sous l'angle de la communication. Parce qu'il a tout de même fait des choses positives pour les États-Unis.»
Lesquelles? «Par exemple, augmenter les impôts sur les produits chinois. Ou demander aux Européens de participer plus au financement de l'OTAN. Mais il a été catastrophique sous l'angle de la gestion humaine du pays. Et je ne parle pas de son rejet de la science…»
L’enjeu écologique
Car en Géorgie comme partout ailleurs dans le monde, le Covid est au centre des préoccupations des citoyens.
«Mais la violence est surtout au centre des conversations. Le thème du racisme est aussi présent. Et l’avenir de la Sécurité sociale. Sans oublier le “green deal”.»
«Du jamais vu»
Karl Thyberghin avait déjà vécu auparavant aux États-Unis: en 1998 et 1999, il était venu y travailler pour la branche américaine du groupe textile flandrien Beaulieu.
En 2016, il y est revenu, cette fois pour le compte d’un autre groupe flandrien, Balta, spécialisé dans les revêtements de sol textiles.
«Aux États-Unis, les possibilités sont énormes, explique-t-il, car c'est un marché de 330 millions de consommateurs avec une seule langue. L'Europe en compte 550 millions, mais chaque pays a sa propre langue et ses propres habitudes».
La comparaison lui fait dire que « la situation que je constate, c'est du jamais vu».
Les divisions entre Américains sont tellement fortes, observe-t-il, «qu'on est pour le président, ou on est contre. Il n'est plus possible, comme on pouvait le faire par le passé, de discuter calmement de politique.»
«Une nature plutôt ardennaise»

Karl Thyberghin vit «en banlieue d'Atlanta, au nord, à plus ou moins 50 kilomètres du centre-ville. Un peu comme si j'habitais à Nivelle, en travaillant à Bruxelles.»
La région «est plutôt ardennaise au point de vue nature», explique-t-il. Comprenez que le paysage y est découpé de nombreuses collines.
Carrefour logistique
« Toutes les grandes entreprises de revêtement de sol, Beaulieu, Moham (quickstep), Shaw, etc. sont présentes dans la région», précise-t-il. Sans doute pour une raison pratique: «la logistique: Atlanta a toujours été un carrefour ferroviaire important. Et son aéroport est le plus grand du monde, avec plus de 120 millions de passagers annuellement.»
Dans sa fonction de vice-président, en charge des ventes et du marketing pour Decospan Flooring US, il est très sensible à l’argument.
Mais Karl Thyberghin apprécie aussi la Géorgie pour d'autres raisons: «La nature peut encore être très sauvage aux États-Unis, explique-t-il. Et en plus, la météo, en Géorgie, est parfaite.»

État du sud des USA, la Géorgie est bordée par l'Atlantique, la Floride, l'Alabama, les Caroline du Nord et du Sud, et le Tennessee. Atlanta, sa capitale, est sa plus grande ville.
Population
La Géorgie compte près de 9,7 millions d'habitants, dont 36,9% de Noirs américains. Ils lui rapportent 16 grands électeurs. Pour l'emporter, il en faut 270 sur 538.
Politique
Le gouverneur Brian Kemp, républicain, est en place depuis janvier 2019. La Géorgie envoie 2 sénateurs républicains et 14 députés (9 républicains, 4 démocrates; un siège à pourvoir) à Washington.
Résultat 2016
Donald Trump 51% Hillary Clinton 46%