USA 2020, J-41 | Une Belge du Texas: «Les Américains sont inquiets et pas tellement optimistes»
Installée au Texas depuis près d’un quart de siècle, Marguerite Storm a vu l’état d’esprit changer en deux décennies.
Publié le 23-09-2020 à 07h00
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L'histoire d'amour entre Marguerite Storm s'est déroulée en deux temps: en 1969, à 17 ans, la jeune Tirlemontoise s'y rend dans le cadre d'un échange d'étudiants. « Et j'ai adoré mon année dans ce pays», explique-t-elle, «car pour moi, il sentait l'aventure, offrait des possibilités professionnelles plus intéressantes et permettait peut-être une plus grande liberté par rapport aux convenances, aux traditions».
Puis elle fait sa vie en Belgique, se marie, et a trois enfants. Survient un divorce, et en 1996, elle renoue avec un Texan qu’elle avait rencontré près de vingt ans plus tôt, lors de cet échange d’étudiants.
«Si mes enfants avaient décidé de ne pas partir, je ne serais pas partie non plus. Mais ils ont tous trois manifesté un immense intérêt pour les États-Unis, où ils ont fait de belles études, avant de rentrer en Europe», explique telle.
Alors, la famille franchit l’Atlantique, «et dès mon arrivée, j’ai pu travailler et être productive». Depuis vingt ans, Marguerite Storm exerce la fonction de traductrice anglais-français-néerlandais.
La puissance ne cache plus les grand problèmes

«À mon avis, le pays a fort changé ces vingt dernières années», analyse-t-elle. «Il me semble que les grands problèmes (armes, racisme, violence, etc.) ne sont plus cachés sous la puissance économique et l'image de réussite des USA, mais sont maintenant visibles par tous».
«Cette transparence semble générer beaucoup de colère et d'aigreur», poursuit Marguerite Storm. «Je pense que les Américains sont inquiets et pas tellement optimistes».
La pandémie du coronavirus, qui a frappé le monde, a, aux États-Unis «mis en lumière tout ce qui n'allait pas, car elle a touché en priorité les pauvres, les minorités. Et il n'y a aucune figure politique qui soit capable de prendre de la hauteur et de rassembler le peuple. Je pense que c'est vrai pour le Texas, même si c'est un des États les plus prospères du pays».
Immigration illégale
Marguerite Storm n'a pas demandé la nationalité états-unienne, et donc elle ne vote pas. Elle avoue ne pas apprécier «les débats politiques, qui sont vains et fatigants».
Elle identifie d'autant moins des enjeux propres au Texas, «car cela dépend franchement de l'opinion de chaque interlocuteur».
Le scrutin présidentiel s’y joue sur des enjeux nationaux: gestion de la pandémie; contrôle des armes; ou depuis ce week-end, nomination à la Cour suprême.
«La violence policière et le racisme contre les Afro-Américains sont probablement les plus sensibles au Texas. Par ailleurs, le problème de l'immigration illégale depuis le Mexique est au centre des préoccupations également, et loin d'être résolu».
Et l’opinion sur le président, Donald Trump?
«Si elle a changé en quatre ans, il me semble que ce n'est pas en mieux. Il est victime de lui-même, d'abord, et ensuite des médias, traditionnellement nettement en faveur du parti démocrate».
Un essor économique qui a aussi son revers
Un peu plus vaste que la France, le Texas présente «un gros contraste entre les grandes villes (Houston, Dallas, Austin, San Antonio) et les grands espaces semi-désertiques», explique Marguerite Storm.
«L'élevage et le pétrole sont historiquement les plus gros fournisseurs d'emploi». Pour ancrer les clichés de western? «L'urbanisation a fortement diversifié l'économie, et le taux de chômage dans presque tous les domaines est très bas. De très nombreuses grandes sociétés américaines et internationales ont choisi le Texas pour implanter leurs bureaux ou centres de distribution», nuance notre interlocutrice.
Résultat, «les villes sont en "boom" permanent». Au détriment de la «douceur de vivre: on travaille, on se faufile dans des embouteillages monstres. Pas de vélos ni de piétons: ça manque fort de charme».

Deuxième État le plus vaste des États-Unis après l'Alaska, le Texas a Austin pour capitale
Population
Avec 25,1 millions d'habitants, le Texas est le deuxième État le plus peuplé des États-Unis derrière la Californie. Il rapporte 38 grands électeurs. Pour l'emporter, il en faut 270 sur 538
Politique
Le gouverneur républicain, Greg Abbott, en fonction depuis 2015, a été réélu en 2018.
L’État envoie 2 sénateurs (républicains) et 36 députés (22 républicains, 13 démocrates; et un siège vacant) à Washington
Résultats 2016
Donald Trump 53%
Hillary Clinton 43%