USA 2020, J-42 | Une Belge du Maryland : «Tous les matins, je prie pour que Trump ne soit pas réélu »
Belgo-américaine, Alix Harou s’est installée aux États-Unis en 2002. Aujourd’hui, elle redoute l’issue des élections présidentielles.
Publié le 22-09-2020 à 07h00
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En bouclant ses valises pour les États-Unis il y a 18 ans, Alix Harou est, en réalité, revenue sur sa terre natale. «Je suis Belgo-américaine. Mes parents sont originaires de Bruxelles, mais j'ai également des racines en région namuroise. J'ai fait mes études en Belgique, puis je suis revenue vivre ici, aux États-Unis.» Durant ses études, Alix rencontre son futur mari. Pour le jeune couple, tenter l'aventure outre-Atlantique était l'occasion rêvée de se créer des opportunités professionnelles. «Mon conjoint voulait poursuivre sa formation d'architecte paysagiste. Et pour ma part, j'avais déjà vécu aux États-Unis, donc j'étais partante!»
Comme beaucoup d'habitants du Maryland, Alix travaille à Washington. «On y est en 1 h 30. C'est un peu l'équivalent des personnes qui font Namur-Bruxelles tous les jours!» Sa carrière, elle l'a faite dans le secteur de la santé publique, et ce dans une optique internationale. «Je collabore pour des projets de santé en Afrique de l'Ouest. Ma connaissance du français a d'ailleurs été un atout dans ce métier.»
Toujours sous le choc
Lorsqu’on évoque le sujet qui fâche, la voix d’Alix, pourtant enjouée, s’assombrit.
Son État s'ancre traditionnellement dans le giron démocrate aux élections présidentielles. «Je vis en périphérie, pas loin d'une ville, et à proximité de Washington. Ma communauté, mon entourage est plutôt de sensibilité «libérale», c'est-à-dire démocrate.» À l'approche des présidentielles, la Belgo-américaine estime que les tensions sont de plus en plus vives au sein de la population. «La politique est de plus en plus présente. Avec la pandémie, c'est encore pire. Même si le Maryland est plutôt démocrate, il suffit de faire 20 minutes de route pour se retrouver à «Trump land». Les zones rurales sont plus favorables à cette administration. Et si on porte un masque lorsque l'on s'y rend, on sent une tension, on est étiqueté politiquement. C'est la première fois que je perçois un tel malaise.»
Les passeports de la famille sont d’ailleurs prêts, en cas de victoire de l’actuel locataire de la Maison Blanche. L’idée de revenir est Belgique n’est du moins pas exclue.
«C’est presque devenu embarrassant d’être Américain. Quand je vais en Afrique pour le boulot, je préfère dire que je suis Belge!»
Son pronostic pour la présidentielle? Alix ne s'est toujours pas remise du choc de l'élection de Trump, il y a quatre ans. «J'ai l'impression, et les personnes que je côtoie aussi, qu'il va trouver un moyen de se faire réélire. De toute façon, il y a une rupture de confiance. Je n'ai même plus confiance dans le système électoral, qui est quand même particulier. Je préfère partir défaitiste pour me protéger. Mais tous les matins, en regardant les infos, je prie pour qu'il ne soit pas réélu. »
Quel succès pour Biden?
Qu'en est-il de la popularité de Joe Biden dans le Maryland? «C'est mon ressenti, mais j'ai l'impression que les gens apprécient Biden, et le duo qu'il forme avec Kamala Harris», observe Alix Harou. Ce qui la rassure, c'est que de nombreux républicains ne se sentent pas représentés par l'administration Trump. «Cette fois-ci, je pense qu'ils vont peut-être voter Biden . Je crois que les gens de plus de 50 ans vont facilement voter pour lui. Les plus âgés, même les républicains, apprécient le duo Biden-Harris. Ma crainte, c'est que je ne suis pas sûre qu'il parvienne à convaincre les jeunes générations.»

SituationLe Maryand se situe au Nord-Est des États-Unis. Sa capitale est Annapolis, et sa plus grande ville Baltimore. Il est l'un des plus petits États du pays mais aussi l'un des plus densément peuplés.
PopulationLe Maryland compte 6 millions d'habitants. Il rapportera 10 grands électeurs le 3 novembre. Pour l'emporter, il en faut 270 sur 538.
PolitiqueLarry Hogan, républicain, a prêté serment en tant que gouverneur de l'État du Maryland en 2015. En 2018, il a été réélu à une écrasante majorité.
L’État envoie 2 sénateurs (démocrates) et 8 députés (7 démocrates et un républicain) à Washington.
Résultats 2016Hillary Clinton: 60% — Donald Trump: 34%