USA 2020, J-46 | Un Belge de l’Arizona: «Les États-Unis sont divisés comme jamais»
Alan Carey vit en Arizona la question de l’immigration de près. Et il constate que les États-Unis sont profondément divisés.
Publié le 18-09-2020 à 07h00
Septuagénaire, Arlonais d'origine d'un côté paternel, Alan Carey vit depuis un demi-siècle aux États-Unis, où «j'apprécie l'esprit positif et la liberté de faire ce que l'on veut sans entraves des institutions. Et la gentillesse de l'Américain moyen qui veut vous aider: c'est motivant si on n'a pas peur de travailler».
Toujours actif, Alan Carey assiste «les entreprises francophones surtout les petites et moyennes entreprises y compris les start-ups à développer leurs activités aux USA en tenant compte de leurs moyens».
Ambassadeur

Et il est un excellent ambassadeur de l'Arizona où il vit, «charnière entre le Canada et le Mexique, et 30% moins cher que la Californie voisine: ce serait donc bête d'aller s'y installer! Phoenix, la capitale, plus grande que Bruxelles et que Boston est en pleine croissance».
Les secteurs d'activité sont très variés: «L'agriculture, et notamment l'élevage, avec par exemple la plus grande ferme de vaches des États-Unis. Mais aussi des vignes et du vin. Il y a le tourisme, avec le Grand canyon. Et puis, l'aérospatial, le secteur de la santé, la filière bio, les semi-conducteurs. Et plus de cinq cents entreprises de logiciels, et plusieurs universités: University of Arizona, Northern Arizona University et Arizona State University, la plus grande des États-Unis et n° 1 dans l'innovation, sans compter les universités privées».
C'est aussi un État en pleine mutation, que décrit Alan Carey, «en particulier avec l'exode vers l'Arizona à partir d'autres États. C'est devenu un État-clé pour l'élection du président».
Dans quel sens? Notre interlocuteur reste prudent: «Il y a des différences entre les zones rurales et les grandes villes et aussi avec les réserves indiennes». Les «natifs indiens» représentent 5,3% de la population.
Immigration
Et puis, en même temps que l'élection présidentielle, «il y a l'élection sénatoriale, et elle est importante, parce que la majorité au Sénat et le contrôle du pouvoir exécutif par le législatif dépendra peut-être du résultat en Arizona».
Mais l'élection présidentielle garde toute son importance. Et parmi les thèmes qui l'animent, «celui de l'immigration est très fort, parce que l'Arizona a une frontière commune avec le Mexique. L'économie de l'État a été affectée par la dégradation des relations entre les États-Unis et le Mexique. Ce qui a mis dans une situation délicate le gouverneur républicain, supporter de Donald Trump. Aussi avec les "Dreamers" nombreux en Arizona» (NDLR: les «Dreamers» sont des jeunes immigrés sans papiers, susceptibles d'expulsion).
Et malgré la qualité de l'enseignement universitaire, «l'enseignement et l'autre enjeu important du scrutin. Car il souffre de manque de fonds dans les écoles publiques. Et les résultats se situent parmi les plus mauvais aux États-Unis».
Division
Mais n'attendez pas d'Alan Carey le moindre pronostic: «dans le milieu des affaires, on ne parle pas de politique, et ce n'est pas le cas dans les familles non plus. La violence policière et la situation des minorités noires pèseront sur le résultat. Mais les femmes très religieuses ne sont pas très chaudes pour avoir une femme vice-présidente: l'Amérique profonde est très conservatrice. Et, comme la Belgique, les États-Unis sont divisés comme jamais».