USA 2020, J-50 | Un Belge de New York: «On ne parle que des tweets de Trump, mais pas de ce qu’il a accompli»
Hervé van Caloen travaille à Wall Street, à New York. Il dépeint une ville sur le déclin. La faute aux démocrates, selon ce Belge qui salue le bilan de Donald Trump.
Publié le 14-09-2020 à 07h00
:focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ABOEKGOB4FFZLKM7FACRHEB4OU.jpg)

New York. Wall-Street. Le cœur financier de l'Amérique. L'antre du capitalisme. Hervé van Caloen baigne dedans depuis près de quarante ans. Un choix idéologique. «Je n'aimais pas du tout vivre dans un système socialiste, je voulais vivre dans un système capitaliste.» Le ton est donné. Ce sexagénaire, francophone de Flandre, n'est jamais revenu après ses études entamées en 1983 en Californie. Il a fait toute sa carrière à Wall Street. «J'ai plusieurs sociétés, principalement d'investissement.»
Ville en quasi-faillite
NY lui a apporté l'aisance. Il a pourtant choisi de la quitter. Il réside désormais à 40 minutes de la ville, dans l'État voisin. «Pour des raisons fiscales. » Mais pas seulement. Le regard qu'il pose sur Big Apple est sans appel. «La ville est en train de tomber en faillite. Il y a un énorme problème. Quand je suis arrivé à NY, dans les années 80, la ville commençait à émerger de la faillite des années 70. Elle a explosé après pour devenir la ville qu'on connaît aujourd'hui. Mais dans les années 70, la ville était un endroit dangereux, sale, mal géré. On est retombé là-dedans.»
«Un cercle vicieux»
En cause, la crise du coronavirus. «15 à 20% des New-Yorkais ont quitté la ville. On dit que c'est temporaire mais peut-être que ça ne l'est pas. Le taux de crime y a doublé maintenant. Le maire, plutôt que d'essayer de remettre de l'ordre, a coupé le budget de la police. Les gens n'ont plus envie d'y retourner.» Et à entendre Hervé van Caloen, la situation ne va pas s'améliorer: «La ville a un déficit de 7 milliards cette année et va encore devoir taxer. On est dans un cercle vicieux.»
New York est démocrate, un parti pour lequel il ne cache pas son aversion. «Leur programme n'a jamais été aussi à gauche. Il a été écrit par Bernie Sanders qu'on a ensuite éliminé en mettant Joe Biden. Les candidats très à gauche ont pris le pouvoir au sein du parti. S'il ne revient pas vers le centre, il faudra trouver quelqu'un ailleurs. Mais ce n'est pas pour demain.» Une personne à l'image du «très grand Rudolph Giuliani (l'ancien maire républicain, aujourd'hui avocat de Donald Trump), qui a remis la ville sur pied.»
«Il a tenu ses promesses»
Même s'il sait «qu'à New York, Joe Biden va gagner», cela n'empêchera pas Hervé van Caloen d'aller voter. Pour Trump. «Il y a quatre ans, ce n'était pas un homme politique, il n'avait pas été élu, il venait de l'extérieur. On pouvait aimer son discours mais on ne savait pas très bien ce qu'il allait faire. Or il a fait tout ce qu'il a dit qu'il allait faire. Il a tenu ses promesses. »
Un son de cloche différent de celui qu'on entend ici. « Beaucoup de gens que je connais sont impressionnés par ce qu'il a réalisé. Le problème, quand je lis la presse européenne, c'est qu'on ne parle que de son caractère très new-yorkais, de ses tweets mais pas de ce qu'il a accompli.»
Et à ce sujet, Hervé van Caloen est dithyrambique. «Je peux dresser une longue liste. Au niveau international, les Émirats Arabes Unis et Bahreïn ont signé la paix avec Israël. Les USA sont sur le point de se retirer d'Afghanistan et d'y signer la paix. On a complètement détruit Daesh. Il a changé la politique de l'Iran qui était partout au Moyen-Orient. Sans oublier la politique vis-à-vis de la Chine. Il y a quatre ans, on laissait la Chine violer le reste du monde, économiquement ou militairement. Et aux USA, il a pris des initiatives économiques qui ont eu des effets fantastiques.»
Le soutien des «blue collars»
Une politique de riche? «En fait, c'est tout l'inverse. Trump a gagné l'élection car il a gagné le vote des «blue collars» (les ouvriers). Il a pris énormément de votes traditionnellement démocrates. Aux USA, on a fermé les usines pour en ouvrir en Chine ou au Mexique. Ce sont les ouvriers qui l'ont payé, ils ont perdu leur job. Les salaires n'ont pas augmenté. Il a défendu les employés, les ouvriers et les petites entreprises. Il y est très populaire. »
Une politique qui a aussi souri aux plus aisés. «Ce qu'a fait Trump mais que n'avait pas fait Ronald Reagan (à l'origine d'une vaste réforme fiscale), c'est qu'il a réduit l'impôt sur les sociétés. Avant, aux USA, on avait le plus haut taux d'impôt sur les sociétés. Mais comment peut-on être compétitif internationalement si on paie 35% d'impôt sur les bénéfices. Il a ramené ça à 21%. Tout le monde, toute l'économie, en bénéficie.Dire qu'il a fait beaucoup pour les riches, ce n'est pas juste. »
Pour autant, Hervé van Caloen n'ose aucun pronostic. «Il y a un enthousiasme pour Trump qu'il n'y a pas pour Biden. C'est un candidat générique contre un candidat extrêmement polarisant mais extrêmement populaire. C'est très difficile de dire qui va gagner. »

L’État de New York s’étend de la métropole de New York, sorte d’appendice à l’extrême sud-est de l’État, aux frontières du Canada et la région des Grands Lacs. Il est majoritairement agricole, en dehors de la ville de New York.
Sa capitale n'est pas New York mais Albany.
Population
L'État de New York compte 19,5 millions d'habitants. Il rapportera 29 grands électeurs en 2020. Pour l'emporter, il faut 270 délégués (sur 538).
Politique
Le gouverneur de l'État est Andrew Cuomo, 62 ans, du Parti démocrate. L'État envoie 2 sénateurs et 27 députés à Washington.
Résultats 2016
Hillary Clinton: 59% Donald Trump; 37%