Super Tuesday: un mardi décisif pour les Démocrates
Le Super Tuesday («Super Mardi») porte bien son nom. Cette étape, habituellement fixée au début du mois de mars précédant une élection présidentielle américaine, s’avère souvent décisive pour la suite de la campagne.
- Publié le 03-03-2020 à 07h00
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Les Démocrates doivent désigner le candidat qui fera face au président républicain sortant, Donald Trump. Ils procèdent état par état, sous forme de primaires (vote) ou de caucus (réunions de militants), pour élire leurs délégués. Ceux-ci désigneront le candidat final lors de la convention nationale démocrate, du 13 au 16 juillet. Le scrutin présidentiel aura lieu le 3 novembre.
Le Super Tuesday de ce jour concentre à lui seul les primaires de 14 états, ainsi que les Samoa américaines et les électeurs démocrates à l’étranger.
Une étape déterminante
Le candidat démocrate qui obtiendra, au terme des primaires, une majorité de 1991 délégués sur 3 979 sera assuré de remporter l'investiture. Les primaires démocrates ont déjà été organisées dans quatre états, pour élire 155 délégués. Le Super Sunday qui se joue aujourd'hui permet par contre, à lui seul, d'en élire 1 357. «Cela représente un tiers des délégués, observe le politologue Régis Dandoy (ULB). Mais surtout, il y a une importante diversité des états concernés. Les candidats ne s'adressent pas à un seul type d'électeurs.» Depuis les plages de Californie, grand bastion démocrate, jusqu'au Vermont de Bernie Sanders en passant par le vaste Texas, ce Super Tuesday ratisse déjà bien large. «Par le passé, il a toujours été déterminant pour la suite», explique en Régis Dandoy. En 2016, par exemple, Hillary Clinton avait supplanté Bernie Sanders.
Les candidats
Une grande incertitude persiste dans le camp démocrate. Six candidats sont encore en lice, après le désistement dimanche de la figure montante Pete Buttigieg.
Bernie Sanders demeure favori dans les sondages, lui qui incarne l’aile gauche du parti (il se qualifie lui-même de «socialiste»). Il pourrait tirer son épingle du jeu lors du Super Tuesday, notamment en Californie, mais d’aucuns dans son parti craignent qu’il n’incarne pas suffisamment le rassemblement pour faire face à Donald Trump, en novembre.
L’ancien vice-président Joe Biden a plutôt mal entamé les primaires, mais vient de supplanter Bernie Sanders lors des primaires en Caroline du Sud, grâce notamment à l’électorat d’origine afro-américaine. Ce score le remet en piste. Les observateurs le voient plutôt grappiller des délégués petit à petit, sur le long terme, que remporter des victoires spectaculaires ce mardi.
«La grande inconnue, c'est Michael Bloomberg», concède Régis Dandoy. Le milliardaire, ancien maire de New York, ne se lance que maintenant dans le bain des primaires. Est-ce trop tard? Réussira-t-il une ascension fulgurante? L'homme vient en tout cas de consacrer une fortune colossale dans des campagnes publicitaires sur les réseaux sociaux, qui pourraient lui rapporter gros.
La candidate Elizabeth Warren est pour sa part créditée d’une quinzaine de pourcents dans les sondages. Elle pourrait donc s’inviter parmi les favoris, mais est en perte de vitesse.
Deux autres candidates se présentent, mais ne menaceront vraisemblablement pas les poids lourds: la sénatrice du Minnesota Amy Klobuchar et la représentante de Hawaï Tulsi Gabbard.
Un élagage
En fonction des résultats du Super Tuesday, qui ne seront connus que mercredi en Belgique, «un élagage devrait se produire. Il n'est pas anormal d'avoir autant de candidats à ce stade», mais seuls deux ou trois candidats devraient au final subsister lors de la convention démocrate de juillet. Le scénario privilégié à ce stade reste un duel entre Bernie Sanders et Joe Biden, bien qu'aucune surprise ne soit à exclure.

À l’occasion du Super Tuesday, les regards se tournent vers le camp démocrate, en raison de l’incertitude qui y règne. On oublierait presque que les Républicains votent eux aussi dans une douzaine d’états. Peu de suspense de ce côté: Donald Trump fait figure d’archi-favori face à un concurrent mineur, l’ancien gouverneur du Massachusetts Bill Weld.
«Il est de tradition aux États-Unis que le président sortant se représente au terme de son premier mandat, explique le politologue Régis Dandoy (ULB). En plus, il a déjà remporté des victoires.» Sur les 87 délégués républicains déjà élus, 86 sont acquis à la cause de Donald Trump et un seul à celle de Bill Weld. «Par ailleurs, Trump a enregistré d'assez bons résultats lors des élections de mi-mandat en 2018. Sauf énorme surprise, il sera le candidat républicain.» La convention nationale républicaine qui devrait entériner l'investiture se tiendra du 24 au 27 août.