Le Bangladesh, l’un des plus exposés à la crise climatique: «Un quart du pays menacé par les eaux»
Au Bangladesh, les effets de la crise climatique sont dévastateurs pour l’économie, la population mais aussi la biodiversité. Rencontre avec Sourav Paul, Bangladais actif dans le secteur de l’écotourisme venu parfaire sa formation en Belgique.
Publié le 01-02-2020 à 07h00
Lorsque l'on évoque la crise climatique, nombreuses sont souvent les réactions qui tendent à dégrossir les effets de celle-ci: «on exagère», « on a encore le temps», «et puis ça ne nous concerne pas vraiment»…
Pourtant, il existe des millions d’individus à travers le monde qui, eux, se retrouvent aujourd’hui – et depuis un moment déjà – confrontés à de graves problèmes liés au changement climatique.
C’est le cas notamment de Sourav Paul, étudiant de 29 ans originaire du Bangladesh (lire ci-contre). Selon l’indice mondial des risques climatiques publié annuellement par Germanwatch, son pays figure parmi les 10 pays les plus touchés. Le célèbre cabinet britannique Maplecroft, spécialiste en analyse du risque global, a longtemps fait de ce pays le plus exposé au changement climatique.
Quand mon pays fait la Une des médias, c’est souvent à cause d’une catastrophe naturelle.
«Chaque année, le Bangladesh se retrouve désormais confronté à diverses catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique, note Sourav. Depuis 20 ans, on assiste ainsi à une recrudescence du nombre d'inondations, mais aussi de cyclones ou de tempêtes tropicales dans le sud et le sud-est du pays. Les températures sont de plus en plus extrêmes, provoquant notamment de graves problèmes de sécheresse dans le nord et le nord-ouest. »
Nombreux secteurs touchés
Pour ce pays dont l'économie repose en grande partie sur l'agriculture et la pêche, l'impact du réchauffement et des catastrophes qui en découlent «est dévastateur. Nous sommes aussi confrontés à d'importants problèmes de salinité dans la zone côtière, ce qui entraîne une grave implication pour la production de riz.»
Alors que près de 10% du territoire est situé sous le niveau de la mer, l'augmentation de celui-ci pourrait, ici encore, entraîner de graves conséquences: «Une augmentation d'un mètre pourrait faire perdre au Bangladesh jusqu'à 25% de sa superficie au profit de la mer. Environ 30 millions de personnes vivant dans les zones côtières pourraient alors devenir des réfugiés à cause de cette catastrophe.»
Mais la population n'est évidemment pas la seule à souffrir de la crise climatique. «Les Sundarbans (NDLR: site inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO) représentent la plus grande forêt de mangrove au monde (NDLR: avec 140 000 hectares) le long de la baie du golfe du Bengale. Au total, 425 espèces animales y ont été identifiées, la plus connue étant le célèbre tigre royal. Or, dans cette zone, les impacts du changement climatique provoquent des effets néfastes sur l'écosystème, la biodiversité et les ressources forestières du pays.»

Les Bangladais sont-ils conscients des enjeux que véhicule aujourd’hui la crise climatique?
Pour la plupart, non. Cela entraîne d’ailleurs une série d’activités destructrices pour l’environnement: déforestation, habitations mal conçues, chasse et non-protection de la faune… Ceci aggrave les conséquences du changement climatique. Mais une petite partie de la population essaie sans relâche de sensibiliser le grand public aux nécessités de la protection de l’environnement et de la biodiversité.
Quelle est la marche de manœuvre du gouvernement à cet égard?
Une somme de 2 milliards USD a été débloquée en 2012 pour développer un programme de dépenses extraordinaires, destinées à financer une série de programmes d’actions et de recherches dans le secteur du développement durable, mais aussi à offrir une aide immédiate aux sinistrés lors de catastrophes naturelles.
L’étude de l’environnement est-elle enseignée dans les universités du pays?
Non. L’écologie n’est enseignée qu’en tant que composante des cours de botanique et de zoologie. Quelques cours de gestion de l’environnement et des sciences de la terre ont été proposés par certaines universités, mais il n’existe pas de spécialisation dans le domaine. C’est la raison pour laquelle nous devons aller à l’étranger pour étudier cela. Nous espérons cependant que cette matière sera bientôt enseignée dans nos universités au sein d’un département spécial.