RDC: la condamnation de l’opposant en exil Moïse Katumbi est annulée
La justice congolaise a annulé la condamnation à trois ans de prison à l’encontre de l’opposant en exil Moïse Katumbi Chapwe, a indiqué son avocat, ajoutant que l’ex-gouverneur du Katanga pouvait rentrer «en homme libre» en République démocratique du Congo (RDC).
- Publié le 19-04-2019 à 20h27
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«Par son arrêt rendu mercredi, la Cour de cassation a annulé la décision du tribunal de paix de Lubumbashi condamnant Moïse Katumbi à trois ans de prison avec arrestation immédiate, ouvrant la voie à son retour», a déclaré Me Joseph Mukendi.
Allié puis adversaire de l’ex-président Joseph Kabila, l’ex-gouverneur de l’ancienne grande province du Katanga – démembrée en 2015 – était poursuivi dans une affaire de spoliation immobilière dont il niait tout fondement. Il avait été condamné le 21 juin 2016 par le tribunal de paix de Lubumbashi-Kamalondo à trois ans de prison pour spoliation d’immeuble appartenant à un ressortissant grec, Emmanuel Stoupis – ce qui le rendait inéligible alors qu’il souhaitait se présenter à l’élection présidentielle du 30 décembre dernier, avant de soutenir la candidature d’un autre opposant, Martin Fayulu Madidi.
Il avait quitté la RDC en mai 2016 pour l’Afrique du Sud pour des raisons de santé. Il vit depuis en exil, principalement en Belgique.
La juge qui avait prononcé sa condamnation, Chantal Ramazani Wazuri, avait fui en France où elle avait reconnu qu’elle avait agi sous contrainte des pro-Kabila et de l’Agence nationale des renseignements (ANR).
La Cour de cassation, dans son arrêt daté du 17 avril et dont l’agence Belga a obtenu une copie, évoque «un dol établi à charge» de la magistrate (le dol est en droit un agissement trompeur, une volonté de nuire).
Cette condamnation et cet exil de fait avaient empêché M. Katumbi de se présenter à l’élection présidentielle qui a eu lieu le 30 décembre 2018.
Début août, le riche homme d’affaires et patron du TP Mazembe de Lubumbashi, gloire du football africain, avait affirmé avoir été empêché de rentrer en RDC alors qu’il s’est présenté à deux reprises au poste-frontière de Kasumbelesa (sud-est de la RDC) en venant de Zambie.
L’ex-président Joseph Kabila avait qualifié M. Katumbi de «Judas» dans un entretien à l’hebdomadaire ‘Jeune Afrique’juste avant les élections.
Un autre opposant, Félix Tshisekedi, a finalement été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle. M. Fayulu, revendique toujours la victoire avec 60% des voix.
Principal adversaire du régime Kabila qu’il avait soutenu, M. Katumbi était également poursuivi pour recrutement présumé de mercenaires américains. Une audience prévue en octobre n’a jamais eu lieu.
En 2018, le gouvernement congolais l’avait aussi accusé d’avoir usurpé la nationalité congolaise. Depuis, l’opposant, qui préside le parti Ensemble pour le changement, s’est fait délivrer un nouveau passeport congolais.
M. Katumbi avait signé son acte de rupture politique avec M. Kabila en septembre 2015. Il avait alors accusé l’ancien président de multiplier les manœuvres pour demeurer au pouvoir au-delà de la fin de son second mandat, le 19 décembre 2016.
«Tant que la décision n’a pas été signifiée il n’y a rien à dire. Probablement que cela va venir demain ou en tout début de semaine prochaine», a indiqué à l’AFP un porte-parole de M. Katumbi.
Cette décision de la Cour de cassation permet à M. Katumbi «de rentrer au pays et d’exercer pleinement ses activités politiques», a précisé son porte-parole, Olivier Kamitatu Etsu.