«Trump ne sortira pas affaibli d’une défaite parce que tous les présidents perdent les élections de mi-mandat»
Régis Dandoy, les élections de mi-mandat sont-elles un réel référendum pour ou contre la politique menée pendant deux ans par le président américain?
- Publié le 06-11-2018 à 06h00
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C’est en tout cas la théorie de politologues américains qui estiment que dans l’isoloir, les électeurs ne pensent pas à un candidat mais ont le président en tête, même si la situation économique et politique du pays a également une influence sur leur vote.
Justement, l’image de Trump est-elle aussi catastrophique qu’on le laisse entendre?
Pas au États-Unis. C’est vrai que son taux de popularité est assez faible. Mais il n’est pas pire que Hollande à l’époque. Il a toujours ses soutiens et son électorat. Et ses résultats sur le plan socio-économique sont dans la lignée de ce que lui a demandé son électorat il y a deux ans.
De quoi peuvent alors dépendre les résultats?
Notamment du taux de participation, qui est souvent plus faible aux élections de mi-mandat qu’aux présidentielles (lire page 4). Plus la participation est faible, plus c’est un désavantage pour le parti du président, en l’occurrence des républicains. Parce que généralement, ceux qui s’expriment sont ceux qui veulent montrer leur mécontentement. Ceux qui sont contents ont plus tendance à rester chez eux.
Si les républicains perdent, ce sera mal embarqué pour la réélection de Trump dans deux ans?
Disons que si les démocrates font basculer plusieurs États et qu’ils prennent le contrôle de la Chambre, ce sera un bon tremplin pour eux… pour autant qu’ils se désignent rapidement un candidat rassembleur. Et ça, ça n’est pas encore le cas. Pour le reste, la vraie surprise ce serait que les républicains… gagnent. L’histoire a montré que tous les présidents, hormis Georges W. Bush en 2002 dans un contexte post-attentat, ont toujours perdu les élections «midterms». Raison pour laquelle une défaite des républicains ici ne signifierait pas un affaiblissement pour Trump ni une remise en question de sa politique.
Cette élection est aussi un peu particulière: si les démocrates reprennent le contrôle du législatif, ils pourront activer la fameuse procédure d’impeachment. Peu de présidents ont eu cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête…
Oui, mais même les démocrates ne veulent pas de l’instabilité dans le pays. Et enclencher une procédure d’impeachment, ce serait créer cette instabilité. Ce serait une erreur de la part du camp démocrate d’aller dans ce sens. Ça le diviserait plutôt que de le rassembler. S’ils veulent avoir une chance de gagner la présidentielle dans deux ans, ils doivent plutôt être constructifs que destructifs, se baser sur leur programme plutôt que de se fixer sur la personnalité de Trump. Et si malgré tout ils veulent faire sauter Trump, ils doivent être patients. Il y aura bien tôt ou tard une vraie crise: migratoire, sociale. Mais «l’empêcher» sur une question de vie privée, ce serait une erreur. Regarder ce qui s’est passé avec Clinton: on sait qu’il a menti (dans l’affaire Lewinski, NDLR), il est resté en place…