Comment stocker l’énergie renouvelable? Du sel et de l’antigel pour concurrencer les batteries lithium ion
Les ingénieurs de «X», compagnie d’Alphabet (Google), dévoilent un projet qui pourrait stocker l’énergie à un prix inférieur à celui des accumulateurs lithium ion.
Publié le 07-08-2017 à 12h29
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S’il arrive à terme, ce projet pourrait bien accélérer, voire même révolutionner la transition énergétique.
Si les énergies renouvelables que nous fournissent les panneaux solaires et les éoliennes ont une production infinie, elles ont un désavantage, et pas des moindres: le stockage est, jusqu’à aujourd’hui, bien plus difficile que pour les énergie fossile ou nucléaire, capables d’alimenter le réseau en continu, toute l’année. La nuit, les panneaux photovoltaïques ne produisent rien, pas plus que les éoliennes qui ne tournent pas.
Jusqu'à présent, les solutions de stockage ne sont pas légion. Les grandes entreprises peuvent s'équiper de grosses batteries, versions XXL des «batteries solaires» que l'on peut installer chez soi afin de profiter pendant la nuit de l'électricité produite par ses panneaux solaires en journée. De telles batteries peuvent également servir aux foyers non équipés de panneaux solaires, en faisant des provisions pendant l'horaire de nuit afin d'alléger la demande pendant les pics, et ainsi soulager le réseau. Le prix du kilowatt-heure de ces batteries lithium ion baisse de mois en mois, mais avant d'équiper toutes les maisons des pays développer de cette installation, on peut voir venir…
Rendre le stockage de l'énergie moins cher permettra de remédier au défaut originel du solaire et de l'éolien. C'est à cette tâche que s'est attelé «X», anciennement «Google X Labs» et filiale d'Alphabet (société mère de Google), avec le projet «Malta». À la place des batteries lithium ion, les chercheurs ont imaginé un dispositif fonctionnant au sel et à l'antigel.

Si, dans une batterie, l’énergie est produite par l’oxydoréduction, une réaction chimique, le projet «Malta» réside dans le stockage de la chaleur. Le mécanisme est simple, ou en tout cas plus facile à expliquer que le transfert d’ions dans une batterie: l’électricité fait tourner une pompe à chaleur qui chauffe le sel et refroidit l’antigel. Pour restaurer l’énergie, le dispositif est reconnecté à l’envers: le chaud et le froid sont reconvertis en électricité via un moteur thermique.
Dans leur journal de bord, les chercheurs de «X» énumèrent 3 avantages de leur dispositif par rapport aux batteries lithium ion:

1. Les composants sont peu chers. Hormis les turbines et les convertisseurs de chaleur qui nécessitent encore des développements, le reste du dispositif est facile à se procurer: les réservoirs en acier l'air et les liquides de refroidissement sont largement accessibles et le sel peut être extrait sans détruire d'écosystème.
2. Pas de contrainte géographique. Le climat et les éventuelles secousses sismiques (Fukushima fuit encore, NDLR) ne menacent pas le fonctionnement ni la sécurité de ces batteries thermiques. On peut donc les placer aussi bien près de la production que de la consommation.
3. Durable et facile à développer. Les réservoirs de sel peuvent endurer de milliers de cycles de charge, jusqu'à 40 ans selon «X», là où les batteries lithium ion se dégradent trois fois plus au fil du temps. Au cas où la demande en énergie augmente, il «suffit de» rajouter des réservoirs supplémentaires.
Et ensuite?
Ce projet ne demande qu’à trouver une suite à l’échelon industriel. C’est le prochain défi de «Malta», qui doit atteindre le juste milieu pour pouvoir être exploité de façon viable économiquement. Les chercheurs sont à la recherche de partenaires dans l’industrie énergétique pour passer à la vitesse supérieure.