200 000 déplacés après une attaque de Daech aux Philippines
La maladie menace la vie de plus de 200 000 personnes déplacées par une attaque djihadiste contre une ville du sud des Philippines, a averti vendredi le CICR alors qu’une mère racontait à l’AFP avoir perdu son bébé faute de soins.
Publié le 09-06-2017 à 12h28
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L’arrivée de la saison des pluies pourrait aggraver la situation, a averti le Comité international de la Croix-Rouge, qui a déjà observé une nette augmentation des cas de diarrhée, de maladies respiratoires et autres problèmes de santé.
«La situation sanitaire n’est pas encore critique mais nous craignons qu’elle ne s’aggrave dans les jours qui viennent avec les déplacements prolongés», a expliqué Jose Amigo, coordinateur du CICR pour les Philippines.
Emmalyn Macababayao, 37 ans, qui s’est réfugiée chez des proches, a raconté à l’AFP que son fils âgé d’un an est tombé malade pendant les six jours qu’il lui a fallu pour fuir Marawi, la principale ville musulmane des Philippines catholiques.
«J’étais désespérée»
«Pendant ma fuite, je tenais fort mon fils aîné de la main gauche pendant que j’allaitais l’autre», a-t-elle raconté avant de s’effondrer en larmes.
«Le bébé avait si faim, il pleuvait si fort, on était tous trempés. Il a fallu marcher longtemps, je pleurais, j’étais désespérée. Mais je n’ai pas lâché mes enfants, j’avais si peur».
Le bébé, qui avait la diarrhée et la fièvre, est mort trois jours après leur arrivée chez des proches, dans le village de Balo-I aux abords de Marawi, où ils n’ont pas eu accès à des médicaments.
240 000 personnes déplacées
D’après le gouvernement, environ 240 000 personnes ont été déplacées par les combats. Ceux-ci ont éclaté le 23 mai lorsque des combattants brandissant le drapeau noir du groupe État islamique (EI) ont commencé à mettre à sac des quartiers de Marawi.
Le président Rodrigo Duterte, qui juge que cette attaque entre dans le cadre d’un projet plus vaste d’instauration d’un «califat» de l’EI dans la région méridionale de Mindanao, y a décrété la loi martiale.
Le gouvernement a confirmé la mort de 20 civils dans les combats mais ce chiffre est vraisemblablement sous-évalué, les autorités n’ayant pu accéder aux quartiers toujours aux mains des jihadistes, environ 10% de la ville.
L’EI contrôle une partie de la ville
Quelque 2 000 personnes sont prises au piège dans ces quartiers et servent de bouclier humain aux jihadistes, d’après les autorités. La très grande majorité des déplacés se sont réfugiés dans leur famille ou chez des amis plutôt que dans les centres d’évacuation du gouvernement, et les travailleurs humanitaires n’aient pas pu leur venir tous en aide.
L’armée a dit vendredi espérer défaire les jihadistes d’ici lundi, le jour de l’indépendance. Mais de violents affrontements étaient toujours en cours vendredi, selon un journaliste de l’AFP.