Ne pas leur faciliter la tâche
Ce n’est pas pour punir les Britanniques. Ni pour le plaisir de prolonger la présence britannique dans l’Union. Mais les discussions ne doivent pas non plus… trop bien se passer.
Publié le 29-03-2017 à 06h00
«Il ne faut pas donner l’impression qu’un État peut se dédouaner de tous les inconvénients de l’Europe tout en gardant les avantages», avance Marianne Dony, professeur de Droit européen à l’ULB.
Nathalie Brack confirme. La politologue du Cevipol (ULB) est aussi spécialiste de l'euroscepticisme. «Le Royaume Uni ne doit pas s'en sortir mieux dehors que dedans. Dans ce contexte de montée des populismes, si le parcours de sortie est facile, alors on va faire des émules parmi les États Membres.» La Hongrie, la Pologne…
En réalité, l'expérience inédite de ce Brexit prend des allures de laboratoire géant pour l'avenir de la construction européenne. « Sous cet angle, c'est passionnant. L'Union européenne a toujours connu des périodes de crise. Mais là, les crises sont multiples. C'est une opportunité, mais la situation porte parfois au pessimisme. Une sortie aisée du Royaume Uni, une économie florissante pour eux dans 3 ou 4 ans… Tout cela tendra à renforcer la tendance à l'euroscepticime », prévient Nathalie Brack.
Elle reprend: «C'est un deal crucial. L'Union sera-t-elle capable de défendre un projet? Et pas juste le fait de maintenir la paix: ça ne mobilise pas les jeunes. Mais un vrai projet de société, qui touche chacun dans sa vie quotidienne, qui permettrait de comprendre à quoi sert l'Union européenne… »
Et dans le Top 3 des défis figure l'obligation de garder un front uni à 27, pour empêcher les Britanniques de s'engouffrer dans la brèche. Diviser pour mieux régner. «Ils connaissent bien les fractures, les sensibilités et les intérêts des uns et des autres…»