Les va-t-en-guerre ne les aideront pas
La Coordination nationale d’action pour la paix et la démocratie estime qu’une intervention militaireen Syrie aggraverala crise des réfugiés.
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- Publié le 18-09-2015 à 08h06
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«Une escalade militaire ne va faire qu'alimenter la violence qui est elle-même un mécanisme autoreproducteur…» À l'heure où la France prévoit d'intensifier son intervention en Syrie et va y envoyer ses bombardiers, que la possibilité d'une intervention directe des forces russes est de plus en plus plausible et que les dirigeants européens sont toujours plus nombreux à penser qu'une intervention renforcée face à ce conflit protéiforme fait partie de la solution, la position de la Coordination nationale d'action pour la paix et la démocratie (CNAPD) est à rebrousse-poil.
Aujourd’hui, la crise des réfugiés pousse (enfin) les responsables politiques occidentaux à agir, constate le CNAPD, qui regroupe des organisations de jeunesse et de mouvements d’éducation permanente. Mais le seul élément de solution qui émerge est celui d’une intervention militaire accrue.
Or, dit l'organisation, «une couche supplémentaire de violence» ne réglera rien sur place. Au contraire, ceux qui prennent aujourd'hui la posture de va-t-en-guerre ne feront qu'accentuer les souffrances des populations civiles sur place et feront gonfler encore le flux de réfugiés qui cherche la sécurité en Europe.
«La coalition internationale doit faire son mea culpa et reconnaître que son intervention a déjà approfondi le conflit et l'a rendu multiforme, sans pouvoir arriver à une solution politique », expose Samuel Legros, chargé du plaidoyer politique au CNAPD.
Parler avec Bachar al-Assad? «C’est une évidence»
Alors quoi? On accueille les réfugiés qui parviennent à passer mer et barbelés et on regarde se faire massacrer ceux qui restent dans le pays dévasté? Non, on assied à table toutes les parties et on négocie une solution politique, plaide le CNAPD.
Utopique à ce stade? «Non, car il y a plus que jamais un espace pour la négociation politique, juge Samuel Legros. Jusqu'à présent, il n'y avait pas d'accord possible car les uns et les autres empêchaient que leurs protégés sur le terrain ne se parlent.»
Aujourd'hui, même si la coalition internationale soutient la mosaïque qui constitue l'Armée syrienne libre ainsi que les Kurdes et que la Russie épaule le régime de Bachar al-Assad, «il y a des convergences stratégiques pour combattre les mêmes ennemis (NDLR: les djihadistes de l'État islamique)».
En clair, ces deux camps ont déjà bien assez à faire avec l’EI que pour encore se tirer dans les pattes. Ils doivent se mettre à table et négocier.
Voilà qui impliquerait donc de parler avec Bachar al-Assad, le pestiféré de la coalition internationale? «Oui, c'est une évidence, dit Samuel Legros. Il n'est pas question de le soutenir mais bien de constater que des gens se battent pour lui. Et si on veut qu'ils arrêtent de le faire, il faut parler avec lui.» Tout comme il faut profiter de la volonté de la Russie de s'engager un pas plus loin dans le soutien au régime du président syrien pour faire de Poutine un acteur du dialogue.
Et là où les bombardiers ont échoué à bloquer leur avancée, des palabres permettraient aussi d'arrêter les fous de Daesh? Même si «c'est plus compliqué», le CNAPD le pense. Car Daesh n'est que le monstre sorti des décombres de la destruction de la région.
«Destruction rendue possible par l'absence de volonté pacifiante des différents sponsors régionaux et internationaux de la violence dans ce pays.»
Car si Daesh a pu avancer aussi vite c'est parce qu'ils ont reçu (et reçoivent encore) un soutien financier, en armes et en formation d'États qui ont utilisé cette carte du fou pour jouer le jeu de leurs intérêts propres. Mais aujourd'hui, c'est ce fou qui gagne et il est temps que les joueurs redistribuent les cartes, demande le CNAPD.