Proximus rachète edpnet : la concurrence sur l’Internet fixe en passe de se réduire plus que jamais en Wallonie

Seul lot de consolation pour le client en quête de diversité, le flamand Telenet sera bientôt en mesure de proposer ses services fixes en Wallonie et à Bruxelles via le réseau câblé de VOO (Orange). C’était une condition au feu vert de l’Europe.

En tenant compte de ces évolutions majeures, à quoi va ressembler le paysage de l’Internet fixe pour les particuliers d’ici quelques mois ? On fait le point.

Trois réseaux fixes, un seul d’envergure nationale

Le marché de l’Internet fixe en Belgique est dominé par les trois propriétaires d’un réseau fixe, Proximus, VOO (Orange), Telenet. Dans le détail :

• Proximus. Réseau fixe national composé de fibre optique et de fils de cuivre dans les derniers mètres qui séparent l’armoire de rue de l’habitation. Depuis 2017, l’opérateur remplace quartier par quartier ce fil de cuivre, qui limite les performances, par de la fibre.
• VOO, en passe d’être absorbé par Orange d’ici juin 2023. Réseau fixe en Wallonie et à Bruxelles composé de fibre optique et de câble coaxial.
• Telenet, détenu à 59,18 % par le groupe international Liberty Global qui entend augmenter autant que possible cette part via une OPA (offre publique d’achat) dévoilée le 21 mars 2023. Réseau fixe en Flandre, à Bruxelles et dans la botte du Hainaut composé de fibre optique et de câble coaxial.

Des filiales et des sous-marques qui concurrencent parfois… le propriétaire

Proximus propose également l’Internet fixe via deux autres marques du groupe (Scarlet, Mobile Vikings) et tout bientôt une troisième (edpnet), la nouvelle acquisition du groupe qui compte 46.000 clients au fixe.

L’ancien Belgacom assure la main sur le cœur qu’une “attention particulière sera accordée à la préservation de la culture unique, de l’esprit d’indépendance et de l’identité de marque d’edpnet, ainsi qu’à la garantie d’une continuité des activités et d’un service ininterrompu aux clients. ”

En attente d’être phagocyté par Orange, VOO commercialise aussi des abonnements Internet fixes par l’intermédiaire de sa sous-marque Zuny, quitte à créer des situations paradoxales. Dans des conditions techniques similaires, l’Internet fixe de VOO coûte 55 € par mois, celui de Zuny… 39 €.

Telenet mise sur son seul nom et ne fait pas usage de marques annexes.

Des opérateurs alternatifs qui doivent louer les infrastructures

Dans l’ombre des trois propriétaires d’un réseau fixe en Belgique (Proximus, Orange/VOO, Telenet), les opérateurs alternatifs doivent louer les infrastructures des trois grands à l’heure de proposer leurs propres abonnements.

Tout juste racheté par Proximus, edpnet quitte la liste réduite de ces opérateurs :

• Tchamba connecte (sur le réseau fixe Proximus).
• Cybernet (Proximus)
• FASTfiber (Proximus)
• IP Internet (Proximus, VOO)
• United Telecom (Proximus)

Orange quitte également cette liste, en devenant propriétaire du réseau câblé de VOO que l’opérateur louait jusqu’ici pour commercialiser ses abonnements fixes. Quelle sera la stratégie ? VOO sera-t-il rebaptisé Orange ? Est-ce que Orange et VOO vont chacun continuer à proposer des abonnements fixes distincts ?

En Wallonie, un duopole renforcé en attendant l’arrivée de Telenet

En attendant qu’Orange dévoile sa stratégie suite au rachat de VOO, la Wallonie se retrouve dans une situation du duopole renforcé. Pour le formuler autrement, deux propriétaires d’un réseau fixe se partagent l’essentiel du marché wallon de l’Internet fixe :

• Proximus (et ses marques annexes Scarlet, Mobile Vikings, edpnet)
• Orange/VOO (et la sous-marque Zuny)

Ceux qui louent leur réseau n’ont pas les ressources suffisantes pour concurrencer comme il se doit ce duo, en termes de publicité et de marketing notamment.

Pour retrouver une situation de trio et un peu plus de concurrence, il faut attendre l’arrivée de Telenet en Wallonie, qui a signé un accord avec Orange qui l’autorise à proposer prochainement ses services fixes (Internet, TV) via le câble de VOO.

L'Autorité de la Concurrence pour changer la donne ?

L'appétit de Proximus fait tiquer l'Autorité belge de la Concurrence (BAC), qui ouvre une instruction pour un éventuel abus de position dominante suite au rachat d'edpnet.

"Par un jugement du 21 mars 2023", détaille l'Autorité de la Concurrence, "le Tribunal de l’entreprise de Gand, section Dendermonde, a ordonné en première instance le transfert des activités d’edpnet à Proximus. Compte tenu d’indices sérieux d’entravessubstantielles à la concurrence qui ont été portés à sa connaissance, l’auditeur général de l’ABC a décidé, après avis du directeur des affaires économiques, d’ouvrir une instruction en application de l’article IV.39, 2° du Code de droit économique (CDE) concernant un possible abus de position dominante de Proximus du fait de l’acquisition d’edpnet."