Importante alerte des scientifiques sur certains émulsifiants alimentaires, présents dans les aliments ultratransformés
Des chercheurs et chercheuses se sont penchés sur les conséquences de la consommation d’émulsifiants alimentaires, ces fameux additifs présentés sous la forme d’une lettre suivie de chiffres (E460 etc.). Les résultats suggèrent un risque accru de maladies cardiovasculaires.
- Publié le 08-09-2023 à 11h36
- Mis à jour le 08-09-2023 à 11h45
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La dernière publication de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm, en France) met en évidence une association entre la consommation d’additifs alimentaires émulsifiants et le risque de maladies cardiovasculaires. Il s’agit des additifs les plus largement utilisés par l’industrie agroalimentaire, notamment dans les produits ultratransformés.
”Ils sont souvent ajoutés aux aliments transformés et emballés tels que certaines pâtisseries, gâteaux et desserts industriels, glaces, barres chocolatées, pains industriels, margarines et plats préparés, afin d’améliorer leur apparence, leur goût, leur texture et leur durée de conservation”, rappelle l’Inserm.
En Europe et en Amérique du Nord, 30 à 60 % de l’apport énergétique alimentaire des adultes provient d’aliments ultra-transformés.
Pour étudier l’impact de leur ingestion et évaluer les liens entre l’exposition aux émulsifiants et le risque de maladies cardiovasculaires, c’est-à-dire les pathologies affectant la circulation sanguine et les vaisseaux sanguins dans le cœur et le cerveau, une vaste étude a été menée, grâce à plus de 95.000 adultes participant à l’étude de cohorte française NutriNet-Santé, entre 2009 et 2021.
”Les scientifiques ont constaté que des apports plus élevés en celluloses totales (additifs alimentaires correspondant aux codes E460 à E468) étaient associés à des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires. En particulier, cette association était spécifiquement observée pour les apports en E460 (cellulose microcristalline, cellulose en poudre) et E466 (carboxyméthylcellulose)”, décrit l’institut.
D’autres additifs sont également pointés dans l’étude, comme les monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E471 et E472), l’ester lactique des monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E472b), l’ester citrique des monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E472c) et le phosphate trisodique (E339).
Les scientifiques reconnaissent qu’il s’agit d’une unique étude observationnelle, avec certaines limites, qui ne peut donc pas établir de causalité à elle seule, “néanmoins, l’échantillon de l’étude était important et les auteurs ont pu tenir compte d’un large éventail de facteurs potentiellement confondants, tout en utilisant des données détaillées et uniques sur les additifs alimentaires, allant jusqu’à la marque des produits consommés. De plus, les résultats sont restés inchangés après de multiples analyses de sensibilité, renforçant ainsi leur robustesse”, peut-on lire.
Les résultats ont fait l’objet d’une publication dans le British Medical Journal.
“Si ces résultats doivent être reproduits dans d’autres études à travers le monde, ils apportent de nouvelles connaissances clés au débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs”, expliquent Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, et Bernard Srour, professeur junior à INRAE (Institut national de la recherche agronomique), principaux auteurs de l’étude.