Avec un cours du pétrole au plus haut depuis 10 mois, les prix des carburants vont-ils suivre ? “La tendance actuelle est à la stabilité”
Alors que le cours du pétrole est à son niveau le plus élevé depuis la mi-novembre 2022 et que les prix des carburants augmentent de manière fluctuante ces dernières semaines, faut-il craindre une hausse plus forte du prix du diesel, du mazout ou de l’essence prochainement ? On fait le point avec Olivier Neirynck, de la Brafco.
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- Publié le 07-09-2023 à 20h51
- Mis à jour le 08-09-2023 à 07h01
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En dépassant les 90 dollars le baril ce mardi 5 septembre 2023, le prix du pétrole brut a atteint son niveau le plus élevé en près de 10 mois. Il faut remonter à la mi-novembre 2022 pour retrouver des valeurs aussi hautes sur les marchés pétroliers.
Cette hausse importante du prix de l’or noir s’explique par deux facteurs. D’abord, la décision récente de l’Arabie saoudite et de la Russie de maintenir jusqu’à fin 2023 leur réduction de production de barils et ensuite, et ensuite, la faiblesse de l’euro face au dollar. “L’euro perd des plumes par rapport au dollar et comme tous les échanges se font en dollar dans la zone euro, ce n’est pas le bon signal. Ce cocktail-là devient un peu indigeste”, constate Olivier Neirynck, de la Brafco.
La Fédération belge des négociants en combustibles et carburants se veut toutefois rassurante et espère retrouver “une certaine stabilité” durant le mois d’octobre. “Les États-Unis ont puisé dans leur stock stratégique de pétrole pour essayer de maintenir un prix correct et ils ont des difficultés à le restaurer. Mais je pense que c’est une question de quelques semaines avant que ce ne soit résolu.”
Une offre constante et une demande qui n’explose pas
Et pour ceux qui craignent de voir la hausse actuelle des cours du pétrole se répercuter chez nous sur les prix de carburants comme le diesel ou l’essence, Olivier Neirynck rappelle que ces deux marchés boursiers tout à fait différents. “Contrairement au marché du pétrole brut, qui est coté à Londres, le marché du diesel ou de l’essence, basé à Rotterdam, est beaucoup plus sensible à l’offre et à la demande. Comme l’offre reste constante et qu’on n’a pas de reprise économique explosive en Europe, la demande n’explose pas non plus.”
Dès lors, comment expliquer la hausse fluctuante des prix des carburants depuis cet été ? En effet, le mazout de chauffage a franchi le cap symbolique d’1 euro le litre au début du mois d’août et continue d’augmenter depuis, tandis que le litre de diesel, plus cher depuis ce mardi, frôle dangereusement avec les 2 euros ces dernières semaines.
”L’embargo sur le diesel russe a obligé la zone euro à essayer de trouver une alternative. On l’a trouvée mais ce pétrole vient de plus loin et a un coût de transport plus élevé, ce qui justifie le prix actuel d’1,95€ pour le litre de diesel. Ici, en Europe, on est encore très loin de ce qu’on avait en 2022 avec un prix du diesel à 2,30€”, explique le directeur de la Brafco.
La tendance actuelle est donc bien à la stabilité, selon Olivier Neirynck, même si un événement géopolitique peut à tout moment mettre son grain de sable dans cet engrenage. “Personne n’a la boule de cristal avec un grand “B” pour pouvoir faire des prédictions avec une certitude absolue.”