Impensable, les vacances en voiture électrique ?
Partir en vacances en voiture électrique: la moitié des Belges n’y songent même pas. Et pourtant, c’est faisable. Voici quelques conseils.
Publié le 26-05-2023 à 04h00
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Une majorité de Belges estiment que l’empreinte écologique joue un rôle important, ou même crucial, dans le choix de leur destination de vacances, selon le dernier baromètre d’Europ Assistance. Pourtant, la moitié d’entre eux utiliseront leur voiture personnelle pour se rendre sur leur lieu de villégiature (12% en train) et ils sont tout autant (47%) à ne pas envisager de parcourir de longs déplacements en voiture électrique. 40% le feraient s’ils avaient la certitude de ne pas être confrontés à des problèmes de recharge. La méfiance reste donc de mise.
Les chiffres d’Europ Assistance sont corroborés par un autre coup de sonde, opéré en ligne par la société d’installation de systèmes de recharge Blitz Power, selon qui plus d’un Belge sur trois (41%) estime qu’il est plus compliqué de partir en voyage avec une voiture électrique qu’avec un véhicule diesel ou essence.
"Rien n’est moins vrai", estime Alexander Hertens, le jeune CEO de la société de Kruibeke. "Bien que l’automobile électrique fasse l’actualité depuis plusieurs années — et que plus de 100 000 Belges roulent déjà en électrique, chiffre qui devrait doubler cette année — de nombreuses contre-vérités continuent à circuler, qui incitent le public à ne pas franchir l’étape."
2 arrêts bien nécessaires
"L’autonomie des véhicules électriques varie d’un modèle à l’autre, mais avec une autonomie de 400 km sur autoroute à 100 km/h de moyenne, il ne vous faudra que 2 recharges pour effectuer 1200 kilomètres. Vous aurez en effet chargé votre voiture avant de partir, et vous la rechargerez après votre arrivée. Deux arrêts donc, alors qu’il est vivement recommandé de s’arrêter beaucoup plus fréquemment, notamment pour se dégourdir les jambes. Or, une recharge ne dure pas plus de 40 minutes. Si vous voyagez avec prudence, vous effectuerez au moins 2 arrêts, sur une distance similaire, avec une voiture non électrique. Pour les longs trajets, les véhicules électriques sont dotés d’un GPS qui tient compte de leur autonomie. Il n’est donc pas nécessaire de calculer vous-même votre itinéraire, et vous n’avez aucun risque de voir votre batterie se vider complètement."
Charger vite et à fond
Sur l’autoroute, il existe différents types de chargeurs, avec des puissances variables. Sur les plus rapides, le prix de recharge sera plus ou moins équivalent à celui d’un plein de carburant. "Mieux vaut charger rapidement dès que l’occasion se présente", estime le CEO de Blitz Power. Et aussi charger à 100% de l’autonomie. C’est moins bon pour la longévité de la batterie. "Mais on ne part pas en vacances tous les jours. Charger ainsi une fois de temps en temps, ce n’est pas un problème."
Arrivé sur place, encore faut-il trouver la borne de recharge pour utiliser son véhicule durant le séjour. Certains pays, au sud, sont très en retard pour les infrastructures. "Mieux vaut choisir un hôtel équipé de bornes de recharge, ou proche d’une installation, dans un parking par exemple", conseille Alexander Hertens.
Faut-il que la batterie soit vide pour être rechargée ?
Parmi les idées reçues mises en évidence par Blitz Power, l’opinion de 67% des sondés qui pensent que la batterie de leur voiture électrique ne doit être rechargée que lorsqu’elle est presque vide. C’est faux. Les batteries lithium-ion qui équipent la plupart des modèles actuels se distinguent par un effet mémoire limité, permettant de les recharger alors que la décharge n’est pas complète sans les endommager. Au contraire même, une décharge profonde, correspondant à une capacité totale inférieure à 5% environ, endommagera irrémédiablement ses performances. Les constructeurs recommandent de recharger les batteries dans une plage allant de 20 à 80%, afin de limiter les cycles de décharge-recharge. Au-delà de 80%, la charge demandera plus de temps et sera plus coûteuse si le paiement se facture à la minute. La durée de vie d’une batterie est estimée entre 1000 et 1500 cycles, soit plus de dix ans d’usage normal et plus de 200 000 kilomètres, avant de descendre sous le seuil de capacité suffisante.
Autre poncif: quelque 42% des sondés pensent que le réseau électrique belge n’est pas prêt à supporter le développement du parc automobile électrique. "Ces craintes ne sont pas fondées", estime Alexander Hertsens. "Entre 2025 et 2030, Elia et les distributeurs d’électricité devront investir pour renforcer le réseau, mais pour l’instant, il n’y a pas de problème. Le réseau est parfaitement capable de supporter l’essor de la voiture électrique, même s’il sera important de gérer intelligemment les charges et de lisser les pics de consommation. Il est conseillé de charger en mode lent pendant la journée, en utilisant un maximum d’électricité photovoltaïque, et d’effectuer les charges rapides pendant les heures creuses, la nuit. Si on dispose d’une borne ‘intelligente’, on peut paramétrer les fenêtres de recharge et le mode recommandé, avec recalcul automatique. La station de charge supervise alors la quantité d’énergie consommée par la maison et ne charge la voiture que quand le surplus est suffisant."