Attendez-vous à payer l’huile d’olive à prix d’or (infographie)
Sécheresse en Espagne, récoltes en baisse, les prix de l’huile d’olive devraient continuer à connaître de fortes augmentations dans les rayons des magasins.
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Publié le 11-05-2023 à 18h00 - Mis à jour le 12-05-2023 à 10h41
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Le prix des huiles alimentaires est l’un de ceux qui ont le plus augmenté ces dernières années, mais celui de l’huile d’olive n’est pas reparti à la baisse. Au contraire: il menace de connaître à nouveau de fortes augmentations. En cause, la sécheresse qui sévit en Espagne, pays fournisseur de plus de la moitié de la production européenne, loin devant la Grèce, l’Italie et le Portugal, également touché.
"Catastrophique"
"On court à la catastrophe", s’alarment les producteurs andalous. Avril a été le mois le plus chaud jamais enregistré en Espagne, avec moins d’un quart des précipitations normales. Mais de piètres productions sont aussi à craindre en Italie (-30%) et au Portugal (-40%). Même si l’Union européenne importe peu d’huile d’olive, les prévisions ne sont pas meilleures sur l’autre rive de la Méditerranée, au Maroc et en Tunisie.
Côté prix, les derniers chiffres du CIO (Conseil oléicole international) en ce mois de mai évaluent l’huile d’olive extra vierge à 521,50 € par 100 kg à Jaen en Espagne, l’un des marchés les plus représentatifs de l’Union européenne. C’est une hausse de près de 50% par rapport à la même période de la campagne agricole précédente. Les prix de l’huile d’olive raffinée ont, eux, grimpé de 42%, à 481 € les 100 kg.
Les prix maximums pour l’huile extra vierge à Jaen ont atteint 536 €, pour un maximum de 614 € à Bari en Italie, 490 € à La Canée en Grèce et 600 € à Tras-os-Montes au Portugal. Dans la dernière semaine de mars 2023, le prix a atteint 518 € en Tunisie, quand on était à 328 € lors de la campagne 2020/2021.
Cette hausse n’est pas sans incidence sur la consommation locale des populations les plus pauvres. Mais même en Belgique, cela devrait avoir un impact. "Quand on est confronté à de telles hausses de prix, on y réfléchit à deux fois avant d’acheter", souligne Carole Dembour, économiste à la Fevia, fédération belge du secteur alimentaire. En avril, dit-elle, selon l’indice des prix à la consommation de Statbel, l’huile d’olive est le produit alimentaire qui a connu la plus forte inflation: 33%, juste derrière le lait entier. "On est clairement là au double de l’inflation des produits alimentaires qui est de 17%, ce qui en fait l’un des produits les plus touchés."

Hausse progressive
"Ce qui est propre à l’huile d’olive, analyse Carole Dembour, c’est que les prix sont repartis à la hausse maintenant. L’inflation pour ce produit avait commencé à augmenter à partir de la fin 2021, de 2%, jusqu’en juillet 2022, mais après un léger creux, on assiste à une courbe ascendante depuis octobre, alors que d’autres huiles alimentaires, après un pic d’inflation à 45%, ont vu leur prix redescendre."
"La récolte s’annonce catastrophique cette année, et avec une prévision de baisse de la production de 800 000 tonnes en Europe, c’est la rareté qui va faire le prix. Mais dans l’alimentaire, on travaille avec des contrats à terme, donc la hausse va se faire progressivement", précise toutefois l’économiste.