Les prix du mazout et du diesel à des niveaux d’avant-guerre en Ukraine : “Une tendance à la stabilisation mais impossible de faire des prévisions”
La baisse du prix des carburants en Belgique s’explique par une stabilisation entre l’offre et la demande sur les marchés pétroliers. Faut-il en profiter pour remplir sa cuve de gasoil ou encore patienter pour une diminution plus importante ? On fait le point.
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Publié le 05-05-2023 à 16h31 - Mis à jour le 05-05-2023 à 19h24
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Ce constat n’aura échappé à personne. Après avoir atteint des sommets historiques entre mars et octobre 2022, les prix des produits pétroliers ont amorcé une baisse discontinue qui dure depuis plusieurs mois.
Ainsi, le mazout de chauffage 50S se négocie aujourd’hui à 0,8007€ le litre, bien loin du prix record d’1,5558 € le litre datant de l’automne dernier. Et même si le gasoil va connaître une hausse d’un petit centime ce samedi, cela restera son niveau le plus bas depuis janvier 2022.
Et le diesel n’est pas en reste. Après avoir fait mal à notre portefeuille en dépassant les 2,2 euros à plusieurs reprises l’an dernier, le diesel affichera 1,6780€ à la pompe dès ce samedi : un prix qui n’était plus retombé si bas depuis octobre 2021 !
Pour expliquer cette diminution des prix, il faut notamment aller voir du côté du prix du baril de pétrole brut. Après avoir culminé à plus de 120 dollars durant les premiers mois de la guerre en Ukraine, le baril n’a plus dépassé les 90 dollars depuis novembre et s’établit aujourd’hui à environ 75 dollars.
”Le prix du pétrole brut diminue sur les marchés internationaux et c’est ce qui fait que le prix à la pompe et celui du mazout en font de même chez nous, même s’il existe un certain délai avant que cette baisse ne se matérialise en Belgique", explique Jean-Benoît Schrans, porte-parole d’Energia, la Fédération pétrolière belge.
Une tendance à la stabilisation… qui ne va pas durer ?
Comme à chaque mouvement vers le haut ou vers le bas du cours du pétrole, les causes sont souvent géopolitiques et/ou économiques. “Après la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui ont fait exploser les prix, on assiste à une stabilisation entre l’offre et la demande sur les marchés. Il y a plusieurs éléments qui expliquent cette tendance, notamment la décision des pays de l’Opep + de réduire leur production de pétrole ou encore la reprise économique plus faible que prévu en Chine.”
À cela, il faut également ajouter le renforcement de l’euro, qui est bénéfique pour la zone euro puisque les produits pétroliers sont négociés en dollars. Et en ce qui concerne le mazout de chauffage, l’arrivée des beaux jours devrait également avoir un impact sur les prix. Toutefois, la Fédération pétrolière belge se veut prudente.
Personne n'a de boule de cristal pour dire comment cela va évoluer.
”C’est impossible de faire des prévisions, insiste Jean-Benoît Schrans. Personne n’a de boule de cristal pour dire comment cela va évoluer. Ce qui est certain, c’est qu’on assiste à une tendance à la stabilisation depuis plusieurs semaines et que rien n’indique pour l’instant que les prix vont repartir à la hausse. Malgré tout, c’est compliqué de prédire ce que nous réserve l’avenir car il peut encore y avoir des événements internationaux et géopolitiques qui peuvent tout chambouler.”
Professeur en énergétique à l’UCLouvain, Francesco Contino se veut plus catégorique. Selon lui, cette période plus sereine en termes de demande de produits énergétiques ne va pas durer. “Comme d’habitude, lorsqu’il y a un effet de prix plus bas, on va se jeter dessus et cela va à nouveau faire monter les prix car on est dans un marché assez tendu. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle au regard de la transition énergétique car la hausse du prix des carburants semble être un plus gros incitateur au changement que toutes les annonces du GIEC sur le climat.”
Le bon moment pour remplir sa cuve ?
Dès lors, comment savoir s’il s’agit du bon moment pour remplir sa cuve ou s’il faut encore attendre un peu ? L’an dernier, Olivier Neirynck, porte-parole de la Brafco, nous distillait quelques conseils qui restent toujours d’actualité.
Selon lui, le premier réflexe à avoir, c’est de vérifier la jauge de sa cuve à mazout : “Si elle se vide, il faut commander maintenant.” Et si ce n’est pas le cas, rien ne sert d’attendre les premiers grands froids. Le meilleur moment pour passer commande, c’est le mois d’août. À cette période, la demande est plus faible qu’en automne-hiver, les distributeurs ne sont pas surchargés et les prix restent généralement assez démocratiques.