Succès des pompes à chaleur: "Il faut un signal clair"
Interdire les chaudières à énergie fossile et promouvoir les pompes à chaleur en Europe permettrait des gains substantiels, en termes de CO2, de pollution, mais aussi d’emplois et de moindre dépendance énergétique, estime l’industrie du secteur, pour qui les défis sont colossaux.
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Publié le 25-04-2023 à 00h01 - Mis à jour le 27-04-2023 à 09h34
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Vingt millions de pompes à chaleur sont aujourd’hui installées en Europe, pour le chauffage des bâtiments ou la production d’eau chaude. Et le secteur connaît un essor époustouflant. Rien que l’an dernier, trois millions d’installations ont été vendues dans 16 pays, ce qui représente une croissance de près de 38%. Du "jamais vu", selon les représentants du secteur.
C’est dans des pays comme la Pologne, la Tchéquie ou les Pays-Bas que la croissance est la plus forte, avec parfois un doublement du marché des pompes à chaleur de chauffage. La Belgique a vu une augmentation de 66%. Mais avec 6 pompes à chaleur vendues pour 1000 ménages en 2022, notre pays reste toutefois très en retard par rapport à des pays nordiques comme la Finlande ou la Norvège, où c’est dix fois plus.
L’objectif serait d’atteindre 60 millions de pompes à chaleur supplémentaires installées d’ici 2030 en Europe. Un effort considérable qui permettrait de réduire la consommation de gaz dans l’habitat de 40% par rapport à 2022, et d’ainsi diminuer de 60 milliards d’euros la facture des importations énergétiques, selon les chiffres de l’Ehpa, l’association qui représente les intérêts de l’industrie européenne des pompes à chaleur.
Moins 20% sur la facture
Suite aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine, et à la flambée des prix du gaz, cet organisme vient de revoir ses prévisions par rapport à une précédente étude. Pour le consommateur, dit-il, l’installation de pompes à chaleur dans le cadre de rénovations énergétiques permettrait de réduire de 20% la note de chauffage.
Par rapport aux scénarios toujours dépendant des chaudières utilisant des énergies fossiles, les émissions européennes de CO2 des immeubles résidentiels baisseraient de 46% d’ici 2030, et celles de NOx de près de 40%. 3 millions d’emplois pourraient aussi être créés, essentiellement dans les services, affirme aussi l’Epha dans son rapport publié ce mercredi matin.
"Nous avons besoin de quadrupler le marché en 7 ou 8 ans, mais on n’y est pas", explique Jozefien Vanbecelaere, en charge des affaires européennes à l’Ehpa. La plupart des habitations européennes sont encore chauffées au gaz, et chaque 8 secondes une nouvelle chaudière est installée. "Si on ne prend pas des décisions immédiatement, les objectifs de 2030 ne seront jamais atteints."
Un signal, dès maintenant
La transition du fuel et du gaz vers la pompe à chaleur entraînera une forte croissance de la demande en électricité, un effort conséquent de l’industrie européenne, et une formation des installateurs. L’Ehpa réclame donc de l’Europe, sans attendre, "un signal politique clair" sur l’interdiction des chaudières à énergie fossile, sur les exigences énergétiques des bâtiments, sur la taxation et sur les aides permettant de réduire le coût des pompes à chaleur. De quoi permettre au secteur de se positionner sans tergiverser.
Aujourd’hui, la plupart des particuliers ne savent pas quelle technologie choisir, souligne Dimitri Vergne, du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC). Même les architectes ou les chauffagistes sont souvent bien en peine de les conseiller.
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