Amener ses propres contenants au magasin: "Les gens ont perdu la main avec le Covid"
Amener ses propres emballages au magasin. Si la tendance prenait de l’ampleur avant le Covid, l’épidémie a freiné l’élan. Témoignages.
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- Publié le 15-04-2023 à 06h00
- Mis à jour le 15-04-2023 à 07h29
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"Avant le Covid, nous avions 1 client sur 5 qui venait avec ses propres contenants. Avec la pandémie, les gens ont perdu l’habitude et aujourd’hui, c’est 1 client sur 10 qui revient avec ses contenants. Cela a freiné l’élan", constate Louis Hypacie, boucher du magasin à la ferme La Petite Campagne à Bovesse.
Durant le Covid, le magasin – comme la plupart des commerces – a refusé les contenants apportés par les clients, "pour des raisons sanitaires".
"Nous avons un public assez sensible au zéro déchet. Les clients qui étaient accros à leurs bocaux, raviers en verre, boîtes en plastique, etc. sont revenus avec. Les occasionnels ont perdu la main. C’est plutôt une question d’organisation – prévoir ses récipients le matin – qu’une question éthique", assure Louis Hypacie.
Marie, 40 ans, n’a pas repris cette habitude depuis le Covid. "Je pense que cela devait faire un an que j’utilisais mes propres contenants. Je m’étais autochallengé sur la diminution de mes déchets. J’ai commencé par acheter les petits sacs pour les fruits et les légumes, à aller dans les magasins en vrac. Et puis, à acheter de la viande sans déchet et donc avec mes propres contenants."
"J’ai pris d’autres habitudes"
La maman de trois enfants poursuit: "Ma facilité, c’est que j’allais faire mes courses à des moments différents des gens. La boucherie qui acceptait mes contenants m’avait dit que si je venais le samedi matin en heure de pointe, ce serait plus dérangeant. D’autres bouchers ont clairement refusé en me disant que l’Afsca l’interdisait, ce qui n’est pas vrai" (lire ci-contre).
La plus grosse démarche pour Marie était de bien tout prévoir. "Durant l’épidémie, c’est sorti de mon automatisme. J’ai changé de lieu de travail aussi, donc la boucherie qui acceptait, je n’y passe plus. Je vais dans une boucherie plus proche de chez moi qui n’accepte pas mes contenants. J’ai pris d’autres habitudes. Je continue de faire mes courses en vrac, d’aller au magasin de la ferme à vélo, mais je suis sans doute moins intransigeante. J’étais fière à l’époque de montrer l’exemple. C’est très valorisant. Puis, je voyais que d’autres le faisaient. Il ne faudrait sans doute pas grand-chose pour que je m’y remette…"
Et d’ajouter: "quand je vais à la boucherie maintenant, je ne vois plus personne avec ses propres contenants. La dynamique se lançait doucement et le Covid l’a coupée. Après, est-ce que les gens qui avaient cette conscience environnementale n’ont pas tout simplement décidé de diminuer leur consommation de viande ? J’ai vu des gens devenir végétariens pendant le Covid aussi."
"C’est une question de temps et d’organisation"
Durant l’épidémie, Sophie, 42 ans, a dû se passer de ses contenants en verre. "Et c’est vrai qu’on se complaît vite, c’est plus facile de ne rien prévoir."
Si Sophie a repris depuis ses habitudes, elle reconnaît que la démarche est contraignante: "C’est une question de temps et d’organisation. J’ai toujours un sac avec des contenants dans ma voiture. C’est assez encombrant. Mais j’ai eu le déclic quand je me suis rendu compte de la quantité de déchets plastiques que l’on pouvait jeter !"
Sophie fait ses courses avec ses propres emballages dans des magasins en vrac, des coopératives de producteurs, à la boucherie… "Il m’est déjà arrivé de devoir aller au Carrefour du coin qui accepte aussi mes contenants. Même là où je vais chercher mon plat à emporter le midi ! Ils étaient réticents au début car ils ont des quantités à respecter, mais en discutant un peu, ils ont fini par accepter."