Prix à la pompe et du mazout de chauffage : l’effet de la décision de l’Opep + devrait être “minime”
Si la décision de l’Opep + de réduire sa production de pétrole a un peu enflammé les marchés ce lundi, l’effet sur le prix pour les consommateurs devrait être minime et d’une durée limitée.
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- Publié le 03-04-2023 à 15h02
- Mis à jour le 03-04-2023 à 16h10
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La décision des pays de l’Opep, à laquelle s’est ajoutée celle de la Russie, de réduire leur production de pétrole va-t-elle avoir un impact sur le prix des carburants à la pompe et chez les fournisseurs de mazout ?
Mécaniquement, cela devrait être le cas. Mais dans une mesure plutôt limitée, estime Olivier Neirynck, directeur technique de la BRAFCO, l’organisation professionnelle pour les entreprises du commerce et de la distribution des combustibles et carburants.
”Dans les 24 à 48 heures qui suivent une telle annonce, on a toujours le marché qui réagit à la hausse, dit-il. Mais ça se stabilise rapidement en fonction de la consommation et de la demande.”
En Belgique, le système du contrat programme, qui encadre la structure des prix des produits pétroliers empêche par ailleurs un emballement trop brutal de la hausse des prix puisqu’il fixe les prix maximums et la façon dont ces prix peuvent changer. Il y a donc un effet de “lissage” des prix. À La pompe, les prix maximums sont en outre ajustés selon un délai de 7 jours sur la base des cotations des produits pétroliers le jour de bourse précédent. Si le résultat du calcul dépasse deux seuils (le seuil de 1 jour et le seuil de 7 jours), le prix maximum des produits pétroliers concernés est ajusté. Cela a d’ailleurs été le cas samedi dernier avec une augmentation des prix à la pompe.
”C’est vrai qu’on était déjà proche d’un seuil de basculement, et donc il y aura une hausse dans un futur proche, dit Olvier Neirynck. Mais il y aura ensuite une baisse, car cela va se réguler. La hausse sera minime et je ne suis pas inquiet à court terme.”
Pour le mazout de chauffage, dont le prix s’ajuste au quotidien, il y aura aussi une adaptation à la hausse sur les cours du brut. Mais là aussi, ça ne devrait pas durer. La demande, qui va diminuer avec le retour de la belle saison devrait ramener les prix sur une tendance baissière.
Ces considérations seront évidemment valables tant qu’un événement extérieur ne vient pas perturber les marchés. “La reprise économique en Chine et la situation en Ukraine sont, à cet égard, des paramètres plus importants que cette décision de l’Opep +”, note Olivier Neyrinck.
”ça va être tendu” mais rien de comparable avec l’été dernier
Voilà pour le court terme. Mais la décision des 23 pays de l’Opep + restera probablement valable tant que les cours du brut n’auront pas retrouvé un niveau jugé plus “acceptable” par les producteurs. Avant l’annonce, ils étaient sous la barre des 80 dollars le baril et ils sont même descendus le mois dernier autour de 70 dollars, le plus bas niveau en quinze mois.
L’annonce de l’Opep+ a d’ailleurs eu l’effet escompté puisque les cours se sont envolés en matinée ce lundi. Le Brent de la mer du Nord, par exemple, atteignant un plus haut de 86,44 dollars à mi-journée avant de revenir vers les 85 dollars.
Cette hausse est-elle partie pour durer ? La banque Goldman Sachs a indiqué hier qu’elle voyait bien le Brent atteindre 95 dollars fin 2023 et même 100 dollars fin 2024.
Une telle prévision relève plus de la boule de cristal que de l’analyse financière, note cependant Bertrand Candelon, professeur à la Louvain School of Management de l’UCLouvain. “Il faut être prudent quand on fait des prévisions sur les matières premières, dit l’économiste. Ce sont des marges aléatoires, donc c’est très difficile à prévoir."
Malgré cela, il y aura forcément un effet sur l’inflation, convient l’économiste qui, au plus fort de la crise de l’énergie l’an dernier, avait intégré la commission “pouvoir d’achat” mise en place par le gouvernement De Croo.
“Oui, ça va être tendu. Mais ce n’est en rien comparable à ce qu’on a connu l’été dernier. L’effet sur l’inflation sera marginal car une augmentation de 4 à 5 dollars le baril n’a pas le même impact que celui qu’a eu la guerre en Ukraine. Si l’Opep+ diminue sa production, c’est parce qu’ils n’avaient pas anticipé la baisse du cours du brut. Leur décision vise donc à freiner cette baisse plutôt que de faire augmenter les prix.”