TotalEnergies cède ses stations, et c’est tout un secteur qui vacille
Il n’y a pas de casse sociale attendue dans l’immédiat de la reprise, par le groupe d’alimentation Couche-Tard, des 578 stations-service belges de TotalEnergies. Mais c’est un séisme dans le secteur, qui se remet en question avec la condamnation des véhicules à moteur thermique.
Publié le 22-03-2023 à 16h35 - Mis à jour le 22-03-2023 à 19h44
Même si "rien de concret" ne s’est dégagé à l’issue de la rencontre, mercredi, les représentants du personnel de TotalEnergies ont été quelque peu rassurés par ce premier contact avec la direction européenne de Couche-Tard, leader canadien des magasins de proximité avec lequel le pétrolier français a conclu un accord pour la gestion de ses stations-service en Belgique.
"Ils sont basés en Norvège et au Danemark, pays qui ont une tradition de concertation sociale. Il y a eu un certain nombre d’éléments rassurants", analyse Hans Christiaens, permanent du Secta pour Bruxelles-Halle-Vilvorde. Pour la suite des négociations, et jusqu’à la mise en place d’une nouvelle entité juridique en fin d’année, TotalEnergies reste l’interlocuteur légal, et le syndicaliste déplore qu’un canal privilégié ne puisse être établi avec le groupe repreneur.
Tout reconstruire
Annoncée le 16 mars dernier, la décision de TotalEnergies de former une joint-venture avec Couche-Tard (qui y sera majoritaire à 60%) pour exploiter ses 619 stations-service en Belgique et au Luxembourg, se fera "sans impact sur l’emploi et sur les conditions d’emploi", assure le groupe français.
"Mais le risque reste grand, et tout sera à reconstruire à partir de zéro", estime Hans Christiaens. Sont concernées les trois différentes structures d’exploitation des stations qui vendent du carburant sous la marque TotalEnergies: celles qui lui appartiennent en propre et que la société gère directement, celles où la gestion est franchisée, et celles qui appartiennent à un indépendant. Pour le seul personnel employé par Total, la situation touche plus d’un millier de travailleurs, dont 133 au siège de la société.
La situation "d’un groupe prestigieux qui d’un seul coup se débarrasse de la gestion de tout un réseau" n’est pas sans évoquer ce qui se passe chez Delhaize, souligne le permanent Setca. Et s’il n’est pas question, dans ce cas-ci, d’une fragmentation complète en unités franchisées, "on n’est pas à l’abri de cela dans une deuxième étape".
Le syndicaliste déplore que "les réelles garanties pour le personnel se limitent à un an", alors que TotalEnergies a prévu de continuer à fournir du carburant pendant au moins cinq ans, ainsi qu’à maintenir la marque, dans les stations-service en Belgique et au Luxembourg. Comme il le fera pour les 1590 stations que le pétrolier français à totalement cédées au même groupe Couche-tard en Allemagne et aux Pays-Bas, où le pétrolier ne domine pas autant le marché des carburants que chez nous.