Dangereux, le "no cash" dans les trains
La sécurité des accompagnateurs de train sera encore dégradée par la suppression des paiements en cash, source d’une augmentation des situations conflictuelles, dénonce un syndicat.
Publié le 21-03-2023 à 04h00
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Fin janvier, la direction de la SNCB annonçait que les paiements en espèces n’allaient plus être possibles dans les trains, à partir du 1er mai. La monnaie et les billets ne seraient plus acceptés. Une décision qui passe mal du côté de certains usagers, mais aussi d’accompagnateurs de train. Un collectif organisera une action de sensibilisation ce mardi matin en gare de Namur. "Nous pensons que le moyen de paiement doit être au choix du voyageur. Nombreux sont ceux qui choisissent encore de payer en espèces", explique Farah Jacquet, déléguée CGSP Cheminots.
Situations conflictuelles
Avant de monter à bord d’un train, chaque voyageur est tenu de disposer d’un titre de transport valable. Quand ce n’est pas le cas, parce que le passager est en retard ou qu’il ne s’est pas aperçu que son abonnement avait expiré, celui-ci garde la possibilité d’acheter son ticket à bord du train, moyennant un supplément (€9 depuis le 1er février) si la raison n’est pas interne à la SNCB, comme la défectuosité d’un guichet électronique. Payer en cash ne sera plus possible dans quelques semaines, donc. Dans le train, le passager devra s’acquitter exclusivement de manière électronique.
"Nous, accompagnateurs de train, ne sommes pas d’accord avec cette décision", poursuit Farah Jacquet. Car, dit-elle, payer en liquide peut être une obligation, notamment pour les enfants qui n’ont pas accès à un compte bancaire, les personnes sous tutelle, le public précarisé, les touristes, les migrants. "Ça peut être par choix, pour des raisons idéologiques ou pratiques qui sont légitimes. Parce qu’en fin du mois, le compte en banque est parfois vide…"
"Depuis des années nous assistons à une augmentation du nombre d’agressions dans les trains", dénonce aussi la déléguée CGSP. "Les causes de ces agressions sont multiples, mais bien souvent l’origine du conflit porte sur la régularisation des voyageurs qui ne sont pas en ordre de titre de transport. Cette mesure va augmenter le nombre de situations conflictuelles et est, à ce titre, dangereuse."
Un argument qui va à l’encontre de celui de la SNCB qui, en supprimant le paiement en espèces, soutient œuvrer pour la sécurité des accompagnateurs de train. "Cette mesure s’inscrit de façon logique dans une large tendance sociétale à la digitalisation et au paiement électronique, mais c’est surtout un avantage important pour la sécurité des accompagnateurs de train qui n’ont plus à transporter de cash. Après tout, le rôle de l’accompagnateur de train est d’abord de veiller à la sécurité des voyageurs et à leur information", explique la porte-parole.
"Dans la plupart des compagnies ferroviaires européennes, il n’est plus du tout possible d’acheter un ticket à bord du train. À la STIB et De Lijn, les clients ne peuvent plus non plus payer en cash à bord des véhicules", ajoute encore Marianne Hiernaux. "Moins de 2% des tickets sont actuellement achetés à bord du train."