Secteur de la construction: "Les Belges tiennent compte de leur facture énergétique"
Crise et transition énergétiques, pénurie de main-d’œuvre, prix des matériaux, moins de constructions et plus de rénovations… Avant le salon Batibouw (14-19 mars 2023), placé sous le signe de la construction durable, on s’est entretenu avec Niko Demeester, le CEO d’Embuild.
Publié le 11-03-2023 à 18h29
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L’édition 2023 de Batibouw est placée sous le signe de la construction durable. Avec Niko Demeester le CEO d’Embuild, la fédération de la construction, nous avons pris le pouls d’un secteur chamboulé par la crise Covid et celle de l’énergie
Niko Demeester, une construction durable c’est quoi selon vous ?
C’est un logement qui est neutre au niveau énergétique et qui, en termes de matériaux, est circulaire.
Le secteur est prêt pour cette nouvelle façon de construire et rénover ?
Oui. Les solutions technologiques sont présentes et les modèles de revenus sont devenus beaucoup plus positifs, car les effets de retour sont nettement plus favorables vu les prix de l’énergie. Il reste à changer la philosophie avec laquelle on envisage une construction ou une rénovation. En étant conscient que la durabilité et la circularité feront augmenter le prix initial mais que le coût d’usage de la maison sera nettement moindre. Une pompe à chaleur, c’est nettement plus cher qu’une chaudière, mais après 5 à 8 ans c’est amorti et on a ensuite l’énergie gratuite. Ce changement de mentalité qui était absent avant la crise énergétique est aujourd’hui bel et bien présent dans la tête des Belges. Tant en construction qu’en rénovation, ils tiennent compte de leur facture énergétique.
Secteur de la construction: encore 15.000 à 20.000 postes vacants en BelgiqueMais les entrepreneurs ne sont-ils pas encore trop conservateurs lorsqu’il s’agit notamment de proposer des matériaux biosourcés, locaux… donc durables ?
Pour ce qui est de la durabilité énergétique, nos entrepreneurs sont totalement partants. Pour ce qui est des matériaux, il y a deux aspects. D’abord la nécessité de recycler tous les matériaux et on y arrive parfaitement avec jusqu’à 90 % de recyclage des matériaux d’une ancienne maison pour en faire une nouvelle. Où on a un problème, ce sont pour les nouveaux matériaux, biosourcés et locaux, dont la qualité technique n’est pas encore toujours acceptable ou bien qui ne sont pas toujours disponibles en suffisance ou à un prix abordable. On doit espérer que ces matériaux vont évoluer sur ces points et prendre leur envol. Mais comme pour le photovoltaïque et les pompes à chaleur aujourd’hui, on est convaincu que ce sera le cas dans les années à venir.
Les entrepreneurs sont-ils suffisamment formés pour la mise en œuvre de ces nouveaux matériaux ?
La plupart des entrepreneurs sont eux-mêmes créatifs et prêts à utiliser ces matériaux. Et effectivement, il faut qu’ils se forment. Mais nous sommes très proactifs là-dessus et notre centre de recherche donne aussi beaucoup de formations sur ces nouvelles techniques et nouveaux matériaux. Ça percole donc dans le secteur. Mais il y a 120 000 entrepreneurs à atteindre et ça prendra du temps.