Covid et guerre en Ukraine : le marché du survivalisme « est retombé comme un soufflé » en Belgique
Près d’un an après le début de la guerre en Ukraine, le marché du survivalisme est loin d’avoir explosé en Belgique. « Les Wallons ont moins peur qu’en 2022 », estiment les professionnels du secteur.
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Publié le 02-02-2023 à 14h09 - Mis à jour le 02-02-2023 à 14h10
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À l’instar des boîtes de conserve que certains stockent par centaines chez eux depuis près de trois ans, la pandémie du Covid et l’invasion de l’Ukraine a poussé quelques Belges à prendre des précautions supplémentaires. Dans leur caddie ? Un kit médical et une boussole par ici, quelques pailles filtrantes par là. « Mais ça, c’était il y a un an, quand la Russie a lancé son offensive… »
« Quand Poutine a déclaré la guerre, on a eu quelques clients qui sont venus chez nous pour acheter du matériel de survie très précis afin de palier à une attaque militaire, par exemple. Ils avaient peur de ne pas être prêts si quelque chose de grave arrivait », se souvient le gérant du stock américain de Baisy-Thy, dans le Brabant wallon. « Je me souviens bien d’eux car leur profil est différent de nos habitués qui, eux, sont plutôt actifs dans la reconstitution militaire. Après, en étant honnête, on doit aussi bien reconnaître qu’ils n’étaient pas très nombreux. En comparaison, on a eu affaire à bien plus d’Ukrainiens qui, pour leur part, venaient s’équiper chez nous car l’équipement militaire que l’on vend se rapproche fort de celui de leur armée. »
Les survivalistes, ceux qui se préparent «au pire»« De notre côté non plus, on n’a pas ressenti un boom. » Pour Benoît De Vooght, co-fondateur de la société brabançonne Surv’Event, qui propose des stages de survie depuis 12 ans, la situation est claire : « Le marché est resté assez stable malgré les crises successives. » Tout au plus l’entrepreneur a-t-il noté l’arrivée de l’un ou l’autre nouveau concurrent.
Le survivalisme, un marché de niche en Belgique
À défaut d’avoir explosé durant les derniers mois, le marché belge du survivalisme – qui n’est représenté par aucun organisme officiel – a donc surtout été marqué par une hausse de l’offre, estiment en chœur plusieurs professionnels.
« J’ai reçu énormément de demandes de devis au début de la guerre en Ukraine. Les gens voyaient alors les abris antiatomiques comme une solution de repli en cas de poursuite de l’offensive russe vers l’Europe occidentale. Aujourd’hui, le soufflé est retombé : le grand public est passé à autre chose. Avoir son bunker, ça a été un effet de mode », lâche un constructeur actif dans le Benelux. « Est-ce que je suis étonné de voir les Belges se désintéresser si vite ? Pas vraiment. Posséder son propre abri antiatomique ne se décide pas sur un coup de tête : c’est souvent le fruit d’une longue réflexion. Et puis, ça a un prix. Donc, c’est logique que la plupart d’entre nous n’en possède pas. Ce qui m’ennuie plus, ce sont les sociétés qui ont surfé sur la vague pour proposer des services à moindre coût, en profitant de la peur des gens. »
VIDÉO | Le retour à l’état sauvage du «silencieux renard» carolo« Aujourd’hui, le contexte a changé : les Belges ont moins peur d’une guerre nucléaire et la crise énergétique les a sans doute poussés à revoir leurs priorités financières », poursuit Loris Rosolen, de la société Container Paradise.
Encore très marginal, le marché belge du survivalisme et de l’hypersécurité « ne constitue donc pas l’Eldorado, comme certains se l’imaginaient peut-être » pendant les crises sanitaire et économique. Pour preuve, la plupart des professionnels belges spécialisés travaillent sur plusieurs pays à la fois.