La plus forte baisse du prix du pellet depuis un an, le risque de pénurie derrière nous ?
Le prix des pellets continue de diminuer en Belgique. Entre décembre 2022 et janvier 2023, le prix moyen du sac de pellet a connu sa plus forte baisse. S’éloigne-t-on d’un risque de pénurie pour les granulés de bois ? L’avis d’un expert. La demande, elle, repart à la hausse
Publié le 23-01-2023 à 15h19 - Mis à jour le 23-01-2023 à 15h37
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C’est un cap psychologique ou du moins symbolique : en janvier 2023, le prix moyen du sac de 15kg de pellets en Belgique vient de passer sous la barre des 10 € avec un prix de 9,97€, selon le suivi mensuel des prix des combustibles bois en Wallonie mené par Valbiom. Cela reste deux fois plus cher qu’il y a un an mais c’est la plus forte baisse enregistrée ces 12 derniers mois : presque -8 %. Une baisse qui survient au moment où les personnes se chauffant principalement au pellet vont pouvoir demander une prime auprès du SPF Économie. Le chèque pellet sera disponible à partir de février.
10 euros, un prix qu’il n’est pas encore tout à fait évident de trouver si vous achetez à l’unité. Par exemple, chez Gama, le premier prix est de 10,99 pour un sac, chez Hubo et Brico, le sac est à 11,49. Vous trouverez plus facilement des sacs de pellets en dessous de 10 euros si vous achetez en palette, soit aux alentours de 70 sacs. Pas nécessairement évident car d’une part il faut dépenser au minimum 500 euros et d’autre part il faut avoir la place pour les stocker (même si les sacs sont généralement en plastique, il faut stocker le pellet dans un endroit sec).
Prix du pellet en 2022 : l’agro-pellet peut-il être une alternative ?Depuis 3 mois, maintenant, le prix moyen du sac de pellet est à la baisse. Trois éléments importants peuvent expliquer l’amorce de cette baisse (même si les prix restent particulièrement élevés) :
- l’effet écureuil (ou effet papier toilette) qui a touché un grand nombre d’utilisateurs durant l’été et au début de l’automne : voyant les prix s’envoler et face à un risque de pénurie, ils ont acheté et stocké plus que nécessaire.
- le prix élevé du sac (même acheté durant l’été) pousse les propriétaires de poêles à pellets à mettre la pédale douce sur la consommation.
- la météo : l’hiver doux aide évidemment à moins brûler des pellets.
Ces trois éléments peuvent réduire la demande et donc faire baisser les prix. À nos confrères de l’Echo, le fondateur de la plateforme palette-pellets.be ajoutait un autre élément : la fin de la spéculation de certains producteurs “qui ont produit tout l’été en cachette alors qu’ils ne répondaient plus aux sollicitations des revendeurs.” Un revendeur que nous avons contacté affirme que la hausse des prix était due à la (sur) médiation consacrée au pellet et à de la spéculation. Notre interlocuteur qui explique que les prix vont continuer à baisser.
Pierre-Louis Bombeck, chef de projet bois-énergie et chimie du bois chez Valbiom nous confirme les retours positifs auprès des revendeurs sondés pour établir le prix moyen mensuel : “Les revendeurs de pellets signalent plus de facilité pour être livrés de leurs fournisseurs.”
La météo en Europe pourrait faire repartir les prix à la hausse
Cette baisse va-t-elle continuer ? L’expert de chez Valbiom souligne le rôle important que pourrait jouer la météo d’ici à la fin de l’hiver. Le marché du pellet étant particulièrement interconnecté, cela signifie par exemple qu’une vague de froid touchant l’Italie pourrait avoir un impact sur le prix en Belgique.
La neige restera-t-elle présente jusqu’au week-end prochain ? Farid répond à votre question météoOutre les fluctuations des prix des énergies (gaz, pétrole, électricité…), un autre élément pourrait également lourdement peser dans la balance : les revendeurs qui ont acquis du stock à prix élevés ne sont pas prêts de laisser partir leurs sacs à perte. Difficile toutefois de chiffrer les revendeurs qui seraient touchés : certains travaillant presque à flux tendus ces derniers mois, n’auront finalement pas ou peu de stock acquis au prix fort.
Des demandes en hausses
Un effet écureuil qui ferait chuter la demande ? À Theux, depuis quelques jours, c’est plutôt le contraire. Le téléphone n’arrête pas de sonner chez Cédric Combustibles. Une récente promo jouerait un rôle mais l’élément déclencheur serait surtout la future prime pellet qui pourra être demandée dès février. Cette prime qui se présente sous la forme d’une aide de 250 € concerne toute livraison de minimum 500 kg entre le 1er juin 2022 et le 31 mars 2023. Mais le pellet doit être la seule source de chauffage et aucune autre prime ne peut avoir été demandée.
Même son de cloche du côté de chez Bois Moderne, présent en régions liégeoise et namuroise. Trois éléments sont mis en avant par le revendeur pour expliquer cette hausse de la demande : “d’abord, en janvier, il y a toujours une deuxième vague car une partie des clients n’a pas la place pour stocker plus d’une palette, ensuite, il fait enfin froid et enfin, il y a la prime.”
La fin de la crainte de la pénurie ?
Un choix restreint, voir inexistant, des délais qui s’allongeaient comme jamais… Cet été, alors que les vagues de chaleur frappaient la Belgique, les propriétaires de poêles à pellets se demandaient comment ils allaient pouvoir se chauffer en hiver. Comme une boule de neige, la crainte (justifiée ou non) d’une pénurie prenait de plus en plus d’ampleur. Le secteur étant complètement chamboulé, difficile d’avoir une vue claire. Et encore aujourd’hui, alors que les principales marques sont à nouveau disponibles chez les revendeurs, cette crainte d’une pénurie est-elle totalement passée ? “Il est toujours difficile et hasardeux de se prononcer sur ce genre de question. Nous constatons que les prix descendent et que les revendeurs signalent ne plus avoir les mêmes problèmes d’approvisionnement qu’avant, ce qu’on pourrait comprendre comme une offre en suffisance et une demande inférieure à cette offre”, répond Pierre-Louis Bombeck, de chez Valbiom.
La crainte d’une pénurie ? On n’y a jamais cru chez Bois Moderne où on estime que cette histoire a fait beaucoup de mal au secteur. “Sans cet emballement, on aurait pu passer l’année sans soucis.”