Michael O’Leary (Ryanair): «Charleroi montre où Zaventem devrait aller»
Ryanair quitte Zaventem mais ses avions y atterriront encore cette été. La compagnie low cost rajoute un avion et cinq liaisons depuis l’aéroport de Charleroi.
Publié le 17-01-2023 à 14h35 - Mis à jour le 17-01-2023 à 15h38
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"Charleroi montre où Zaventem devrait aller." Cette petite pique dont Michael O’Leary a le secret résume assez bien les intentions du patron de Ryanair. De ses deux aéroports "bruxellois", comme il les appelle, c’est celui situé au sud qui fera l’objet de toutes ses attentions cet été.
La compagnie aérienne à bas prix confirme la suppression de ses avions basés à Zaventem, "l’un des aéroports les plus chers d’Europe", fait-il remarquer. Une hausse des taxes de l’ordre de 12% pour sa compagnie, dit-il, est restée en travers de la gorge du bouillant Irlandais, qui s’évertue à limiter ses propres coûts. Selon lui, un aéroport doit faire du profit "sur ses commerces duty free ou ses parkings", pas sur le gras de ses clients. Ses menaces n’ayant pas suffi, il les met à exécution, ce qui signifierait la perte de 59 emplois et la fin des départs matinaux depuis Zaventem, où 12 liaisons aériennes (contre 16 l’été dernier) subsisteront néanmoins, alimentées par des avions basés ailleurs.
5 liaisons de plus depuis Charleroi
À l’opposé, Ryanair crée cet été 5 lignes depuis l’aéroport de Charleroi où seront basés 16 avions, soit un de plus que précédemment. Ces nouvelles liaisons depuis le tarmac carolo seront assurées vers la Roumanie: Cluj 4x semaine et Iasi trois fois ; vers les Asturies (2x) aussi, la Pologne (Lodz, 2x) et Nantes (2x). De plus, les fréquences se verront augmentées sur une trentaine de destinations populaires, comme Dublin, Malaga, Milan, Turin ou Pise.
Le boss de Ryanair rappelle être arrivé dans le Hainaut en 2001 lorsque l’aéroport atteignait à peine 25 000 passagers transportés par an. Il explique cette croissance par des tarifs aéroportuaires moins élevés. Si ceux-ci ont augmenté cette année, ils sont plus de 50% moins chers qu’à Zaventem. O’Leary peut accepter cette hausse "marginale" tout en préservant la croissance de l’entreprise.
En Belgique, la compagnie s’attend à une croissance de 3 à 4% cette année grâce aux 121 destinations desservies cet été et atteindre 8,6 millions de passagers transportés en 2024 : 7,6 millions à Charleroi et 1 million à Zaventem.
Michael O’Leary se montre confiant quant à la reprise, déjà palpable, du trafic aérien en Europe cet été. La conjoncture est bonne, estime-t-il, avec notamment la réouverture des marchés asiatiques. Tout en reconnaissant n’être jamais à l’abri d’imprévus, après avoir encaissé le covid ou la guerre en Ukraine. "C’est fragile mais tous les indicateurs sont bons."
«Nous respectons le droit de grève»
Les mouvements sociaux, en revanche, n’effraient pas le moins du monde le patron de Ryanair, qui n’y voit que la main des syndicats. "Nous respectons le droit de faire grève", assure-t-il, évoquant avec sa faconde habituelle les actions "occasionnelles" de son personnel de cabine. "C’est leur droit. Ils l’ont encore fait ces derniers temps durant trois jours mais cela n’a pas entravé nos opérations. Et qu’a obtenu le syndicat avec cette grève ? Rien. Ils n’avaient de toute façon rien demandé."
"Les syndicats belges affirment beaucoup de choses, mais peu d’entre elles sont vraies", répète Michael O’Leary, campé sur ses positions bien affirmées: Ryanair ne pratique pas le moins du monde du dumping social, son personnel travaille dur mais est bien rémunéré, les législations européennes sont respectées.
L’indexation automatique des salaires, par exemple, est payée, ajoute le patron de Ryanair. "Nous n’avons pas le choix ! Nous devons appliquer l’indexation salariale. Et nous respectons pleinement nos obligations", insiste-t-il. Et les grèves, ma foi, "c’est un sport national en Belgique", lâche-t-il encore, haussant les épaules. Ce qui n’empêchera pas que "nous allons continuer à grandir en Belgique", assure le boss irlandais. À Charleroi du moins !