Pourquoi acheter une voiture? "On a juste besoin d’en utiliser une"
L’achat des voitures chez les concessionnaires sera-t-elle remplacée par l’usage ? Le secteur automobile est en pleine mutation, sur fond de digitalisation croissante.
Publié le 13-01-2023 à 04h00 - Mis à jour le 13-01-2023 à 08h46
La distribution automobile connaît de profonds changements, rythmés de plus en plus par la digitalisation. Pour autant, les points de vente et de réparation tel que nous les connaissons ne sont pas près de disparaître de sitôt. Pour preuve, pour s’implanter tout récemment sur le marché belge, le géant chinois BYD a noué un contrat avec Inchcape, entreprise britannique qui distribue déjà Toyota en Belgique et qui y possède ses propres concessions, un atout qui a pesé dans ce choix.
Soyons clair: les ventes directes de véhicules neufs sur internet restent timides en 2023. Alors que constructeurs et importateurs s’y emploient depuis le tournant du siècle, les ventes digitales peinent à décoller dans ce secteur. "Mais le changement peut aller très vite", estime Jérôme Saigot, nouveau managing director de Nissan Belux, qui fait de la digitalisation un des quatre piliers de sa stratégie.
"Aujourd’hui, un client sur deux n’effectue plus qu’une seule visite chez le concessionnaire. Avant c’était cinq fois plus", dit-il. Si le client préfère toujours avoir quelqu’un en face de lui au moment de signer la commande d’un objet aussi coûteux qu’une voiture, l’internet lui permet de recueillir un maximum d’informations au préalable. Avec l’électrification, il devrait y avoir moins de pannes et de réparations dans les garages, mais on y trouvera davantage d’offres d’accompagnement (financements, assurances, etc.).
Options sur abonnement
À l’Avenir, le web jouera un rôle crucial, qui dépassera de loin le simple acte d’achat. En effet, de plus en plus de marques automobiles sont tentées d’introduire sur leurs modèles des services et des options que l’on peut "activer" à la demande. Plutôt que fabriquer sur les chaînes des voitures différentes équipées de telles ou telles options (par exemple les sièges chauffants), il apparaît moins coûteux d’en doter toute la production, puis de faire payer l’usage de l’option via un abonnement. Une pratique rentable, mais déjà contestée.
"L’idée est d’offrir aux clients davantage de flexibilité après l’achat d’un véhicule, selon leurs souhaits individuels", explique-t-on chez BMW où, depuis juillet 2022 (sur tous les modèles équipés avec le nouveau OS8 et le Curved Display) il est possible pour le client d’acheter via le Connected Drive Store des fonctions à la demande, comme les sièges chauffants ou le Driving Assistant Pack Plus. Une période d’essai gratuite de la fonction est même proposée avant l’achat final.
Évolution : chez Lynk & Co, l’ensemble des transactions se font en ligne
La location plutôt que l’achat. De nouvelles formules de mobilité se mettent en place. Exemple avec Lynk&Co.
"Chez lynk & Co, nous ne faisons pas de concessions, nous faisons du clubbing." C’est avec ce slogan que la société basée en Suède inaugurait son neuvième club, en septembre dernier, à Barcelone. Son plus grand en Europe. "L’époque des salles d’exposition centrées sur les voitures est révolue. Les clubs Lynk & Co proposent des espaces événementiels, des salons flexibles."
Des lieux qui font la part belle à la déco et à la mode, où l’on peut boire un verre, échanger avec la communauté des membres, tester des marques partenaires, organiser une réunion dans la salle d’une piscine sous-marine. Depuis lors, un autre club s’est inauguré à Milan et un autre va s’ouvrir à Paris. Lynk & Co veut étendre son "réseau clubbique" à toutes les villes festives d’Europe. En Belgique, le club est implanté à Anvers.
"Lynk & Co ne vend pas des voitures, elle veut mettre en avant une nouvelle solution de mobilité. Notre approche repose sur l’abonnement et permet de se déplacer en toute simplicité", résume Gert Vandermeulen. Et même s’il est possible d’acheter (à 46 000 €, TVAc) l’unique modèle disponible, 95% des clients optent pour la formule de location, explique le porte-parole. On peut louer une Lynk & Co pour quelques jours, semaines, mois, avec la possibilité de résilier l’abonnement dès que souhaité. La société vient rechercher la voiture qu’elle vous avait livrée à domicile. L’ensemble des transactions se font en ligne.
Construites par Volvo

Lynk & Co a été fondé en 2016 par le groupe chinois Geely, avec l’intention d’être le premier constructeur entièrement connecté. Pour l’Europe, la O1 est construite par sa filiale Volvo, à Gand. Il s’agit pour l’instant d’une hybride rechargeable. Un modèle 100% électrique suivra en Europe. "Mais le marché belge ne sera sans doute pas prioritaire, vu le manque de bornes de recharge."
La 01 possède tous les équipements modernes, dont un toit panoramique. Sont aussi proposées un tas d’applications multimedias, comme la possibilité d’assister à une réunion Teams au volant. Les seuls choix sont la couleur (bleue ou noire) et le crochet d’attelage. Pour 550 € par mois, la formule est "all inclusive", avec une limite de 1250km par mois, 15 000 par an. Au-delà, on paie 0,15 € par kilomètre. Pour les entreprises, il existe une formule à kilométrage illimité, plus coûteuse.

L’assurance incluse dans l’abonnement couvre aussi la possibilité de faire rouler sa famille, ses amis, ses voisins ou quelqu’un de la communauté Lynk & Co, qui compterait dix mille membres en Belgique. Que l’on soit propriétaire de la voiture ou locataire, on est invité à la mettre soi-même à disposition d’autrui, via l’application dédiée de la marque, à un tarif conseillé (8 à 12 € l’heure).
Flexibles et partageables
"L’idée générale est d’aller au-delà de la vente au détail automobile traditionnelle en offrant quelque chose de complètement différent. Oui, il y a une voiture cachée là-dedans, mais nos clubs ressemblent plus à une expérience sensorielle complète avec une attention portée au moindre détail", explique le belge Alain Visser, le CEO de Lynk & Co. "Les gens veulent toujours conduire une voiture, mais acheter et posséder une voiture n’est pas nécessairement ce qu’ils veulent. Ils ont juste besoin d’en utiliser une", dit-il.
"Lynk & Co mène une révolution dans les attitudes envers la possession d’une voiture. En réinventant les voitures pour qu’elles soient flexibles, partageables et adaptées à la vie moderne, nous créons de l’espace dans nos villes pour les gens. Les villes pourraient être construites pour les humains et non pour les voitures. Les citoyens pourraient profiter d’environnements urbains plus verts, plus dynamiques et inspirants", professe aussi l’entreprise.