Acheter une auto: que reste-t-il comme voitures à moins de 20.000 euros?
C’est un constat: les voitures sont de plus en plus chères. Une hausse de tarif qui, pour certains modèles, atteint les 25% par rapport à l’an dernier. Les voitures accessibles à bas prix disparaissent. Et la tendance risque de s’aggraver.
Publié le 10-01-2023 à 04h00 - Mis à jour le 10-01-2023 à 07h17
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En jetant un coup d’œil sur les tarifs de janvier 2021, publiés par le Moniteur automobile, on trouvait une trentaine de modèles différents vendus à moins de 20 000 € en Belgique. Un an plus tard, en janvier 2022, il n’en reste plus que vingt, et leurs prix ont tous considérablement augmenté, jusqu’à 4 000 € pour certains, à motorisation similaire. Les équipements, parfois, ont été revus à la hausse, mais on constate aussi l’inverse, avec un passage obligé par la case "options" pour des équipements qui étaient de série.
Les marques qui réalisent leurs meilleures marges sur les voitures haut de gamme ne veulent plus perdre leurs culottes avec des petits modèles difficiles à rentabiliser. Dans le segment A des citadines, plusieurs ont carrément disparu. C’est le cas des C1 et 108 de Citroën et Peugeot, vendus en 2021 à moins de 12 500 €. Dans le segment B au-dessus, la 208 a franchi la barre des 20 000 €, à l’instar de l’Opel Corsa ou de la Nissan Micra. Ford s’apprête à faire sortir sa Fiesta de son catalogue, après 50 ans de service.
Mitsubishi, qui avait une offre à 11 740 € avec son Space Star, a quitté le marché en Belgique. Côté SUV, on ne trouve plus que le Dacia Duster et le Ssangyong Tivoli en dessous de la barre de 20 000 €. Et c’est de justesse pour le Coréen, alors qu’on trouvait un Tivoli (en version 128ch) à 14 990 € en janvier 2021. Côté électrique, enfin, tout s’affiche au-delà de 20 000 €, (et le plus souvent de 35 000 €). Il y a un an, la petite Spring chinoise de Dacia était vendue à 17 190 €. Elle s’affiche à 20 990 € aujourd’hui.

ANALYSE : « Des volumes à la valeur », ou comment renouer avec le bénéfice
"On a fixé un cap clair: on passe des volumes à la valeur." C’est par ces mots que Luca De Meo, tout frais patron de Renault, avait résumé le changement de stratégie de la marque française. Sa "Renaulution". Autrement dit: optimiser la production et dégager des marges supérieures sur les ventes, avec des modèles plus sophistiqués et donc plus chers, plutôt que produire du volume. Une politique adoptée par la plupart des constructeurs, premium comme généralistes, confrontés à la pénurie de semi-conducteurs après avoir encaissé le coronavirus. En raison des soucis de production (qui perdureront en 2023), les délais de livraison se sont allongés, et les clients étaient prêts à débourser ce qui est nécessaire pour recevoir leur précieux véhicule. Les modèles les mieux équipés sont privilégiés sur les chaînes d’assemblage. Le prix des matières premières a également flambé, dans un contexte de guerre en Ukraine.
L’avènement des voitures électrifiées a été un autre facteur d’inflation des prix. Auparavant, les constructeurs avaient besoin de petites citadines dans leur gamme ou de filiales spécifiques (Smart pour Mercedes, Mini pour BMW, etc.) afin de diminuer leur moyenne globale d’émissions de CO2, sous peine de lourdes amendes. Désormais, ils ont la "solution électrique". Plus coûteux à produire, du fait des batteries et de l’électronique embarquée, ces véhicules dernier cri ont des tarifs élevés. De quoi refroidir le simple particulier, mais pas les entreprises, par ailleurs poussées dans le dos par des législations ou des incitants fiscaux les forçant à se porter en pointe de la transition vers la mobilité électrique exigée par l’Union européenne. Question d’image aussi.
Ajoutez-y l’ensemble des contraintes dictées par l’Europe en ce qui concerne les normes de pollution, de plus en plus drastiques, et les équipements de sécurité devenus obligatoires – boîte noire, contrôle de vitesse adaptatif et divers systèmes d’alerte sont les derniers en date – et vous comprendrez pourquoi l’automobile, devenue un produit trop sophistiqué, se paie désormais au prix fort. Les investissements colossaux doivent, d’une manière ou d’une autre, être amortis dans la facture finale.
En hausse de 21%
Les chiffres sont sans appel: entre mars et octobre 2022, le prix moyen des voitures neuves a bondi de 10% en Belgique, selon Stabel, et depuis 2019, la hausse serait de 21% (prix catalogue hors remise et hors option). Et si la flambée tarifaire affecte l’ensemble des modèles, y compris les voitures électriques déjà coûteuses, le besoin de rentabiliser les produits les moins chers est pressant.
Ce sont les finitions d’entrée de gamme qui pâtissent le plus de la crise. De l’équipement est ainsi retiré sous forme d’options négatives, pour laisser le choix sur les déclinaisons hautes. Dans un tel marché, on comprend pourquoi certains exemplaires d’occasions se revendent aussi cher que le neuf.