Les cartes de vœux ont toujours la cote
Plus d’un Belge sur deux envoie ses vœux de fin d’année par voie postale, selon un sondage de bpost.
Publié le 15-12-2022 à 06h00 - Mis à jour le 15-12-2022 à 06h52
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La carte de vœux, ringard ? Pas vraiment. Selon un sondage mené par bpost, 90% des Belges ont encore l’habitude de partager leurs vœux de fin d’année. Les fêtes représentent d’ailleurs un pic pour l’entreprise postale puisqu’en quelques jours, le volume de levée des boîtes aux lettres rouges par les facteurs triple.
"Impossible de dire si tout est lié aux vœux de fin d’année, mais ce type d’envoi a toujours le vent en poupe", explique bpost. Si les jeunes préfèrent souhaiter la bonne année via les réseaux sociaux, près de 54% des personnes envoient leurs vœux par voie postale. Et cette tendance est encore plus marquée auprès des +65 ans.
Ceux qui envoient des cartes en envoient 20 en moyenne.
Et les motivations des Belges sont assez stables: l’habitude et la tradition d’abord. Le fait qu’une carte est personnelle et fait plaisir ensuite. Et enfin, des motifs liés à l’esthétique et à l’aspect pratique.
Les Belges envoient essentiellement des cartes de vœux achetées dans le commerce. Cependant, les cartes personnalisées, faites maison, charment un Belge sur trois, et 48% des 18-35 ans.
bpost souligne aussi le succès de son système de carte personnalisable. "L’application Mobile Postcard montre que pendant la période de Noël, on envoie 4 à 5 fois plus de cartes personnalisées que hors fêtes."
Par ailleurs, les ventes des cartes dans les bureaux de poste quadruplent aussi durant la période de fin d’année.
ANALYSE | Vos cartes de vœux vous coûteront plus cher à envoyer…
Vos cartes de vœux vous coûteront plus cher à envoyer si vous achetez vos timbres dès ce 1er janvier. bpost a annoncé une augmentation de ses tarifs à partir de 2023. Elle sera en moyenne de 12,3% pour les produits de courrier national. Et ce, "pour compenser en partie les coûts liés à l’inflation, aux indexations salariales et aux volumes de courrier en baisse".
Ainsi, le feuillet de 10 timbres non prior vous coûtera l’an prochain 13,6€, contre 11,6€ aujourd’hui. À l’unité (1,39 €), cela représente une hausse de 16,8% par rapport à 2022 et de 46,3% en 4 ans. Le feuillet de 10 timbres prior vous reviendra à 21,4€, contre 18,6€ actuellement. À l’unité (2,17 €), c’est une augmentation de près du triple (174%) par rapport à 2017, selon l’IBPT, le régulateur fédéral.

Selon bpost, plus de 82% des clients choisissent le timbre non prior et 99% le feuillet, "soit le tarif le plus bas".
bpost assure: "l’impact sur le budget mensuel des ménages sera limité, de l’ordre de 37 cents/mois". "Rappelons que les timbres achetés en 2022 restent valables. Certains nous demandent parfois si, avec la hausse des tarifs, ils doivent mettre un 2e timbre. Non", dit Laura Cerrada Crespo, porte-parole.
Une hausse des tarifs qui va "accentuer la différence vis-à-vis des pays voisins", pointe l’IBPT. Ainsi, si en Belgique le timbre prior coûtera 2,17 €, aux Pays-Bas, il reviendra à 1,01 €, en Allemagne à 0,85€ et au Luxembourg à 1 €. En France, le timbre prior laissera sa place à une forme électronique, une "e-lettre rouge", qui coûtera 1,49 € pour 1 à 6 pages. Bien en deçà donc du prix belge.
L’écart se creuse avec nos voisins
Pourquoi un tel écart ? "Nous n’avons pas les mêmes aides d’État, justifie la porte-parole. Nos voisins n’ont pas l’indexation automatique. Cette hausse tarifaire est importante pour garantir l’emploi de 26 000 collaborateurs." Si bpost explique aussi la hausse par une baisse de volumes, qu’en est-il ailleurs ? "Le courrier a baissé de 10% chez nous entre 2019 et 2020, de 9% en Allemagne, 7% au Luxembourg et 18 % en France", informe l’IBPT.
Pour le régulateur, "il est préoccupant de constater des augmentations de prix plus importantes en Belgique, malgré notre densité de population relativement élevée et un volume par habitant supérieur à la moyenne par rapport à nos voisins. Si l’inflation et la baisse des volumes sont deux causes importantes, ces dernières années nous voyons cependant une différence de hausse des prix avec de nombreux pays européens, les marges sur les produits postaux restant élevées en Belgique. Nous devons veiller à ce que les Belges ne paient pas trop cher et ne perdent en pouvoir d’achat."
C’est pourtant à l’IBPT d’approuver ces hausses tarifaires. Or, le régulateur regrette la perte d’une de ses "compétences" depuis la nouvelle loi postale de 2018. Si avant, l’IBPT contrôlait le principe "d’orientation sur les coûts" – afin que les tarifs proposés ne permettent pas de dépasser, en plus de la couverture des coûts, un "bénéfice raisonnable" – ce n’est plus le cas. C’est d’ailleurs sur base du non-respect de ce principe que l’IBPT avait refusé une hausse de tarifs bpost en 2017. Aujourd’hui, on estime que ce principe est respecté pour autant que les hausses tarifaires ne dépassent pas un plafond. "Nous avons dit dès le début que cela permettrait des hausses de tarifs encore jamais vues", décrie l’IBPT qui observe qu’en 6 ans, le panier des petits utilisateurs est 73,5% plus cher.
« Pas supprimer le courrier »
Périne Brotcorne, spécialiste de l’inclusion numérique (UClouvain), craint que cette hausse tarifaire "ait un effet amplificateur des inégalités. Ceux qui vont payer plus cher, c’est au final ceux qui n’ont pas accès au numérique: les +75 ans, les bas diplômes, les bas revenus,… Le courrier reste essentiel pour une partie de la population."
Pour la spécialiste, "plutôt que de dire on supprime le courrier – ce qui serait inacceptable – on met en place des mesures incitatives pour que les gens aillent vers le numérique. Pour un service public, cela pose une question d’égalité."
bpost répond: "Il n’y a pas de volonté de faire disparaître le courrier. Cela reste notre métier historique et on y est attaché. Mais il y a une réalité: les gens utilisent plus les réseaux et le digital."
Si le courrier a diminué de 12 et 6% en 2020 et 2021, les colis ont bondi de 56 et 10%. À noter que les colis seront aussi plus chers en 2023.
On parle ici de hausses tarifaires pour les particuliers et les petits professionnels. Et les autres ? bpost traite avec des sociétés d’e-commerce par exemple. Amazon a d’ailleurs ouvert récemment un 1er centre de livraison de colis, mettant sous pression son partenaire bpost. "Cela dépend du client, ce sont des marchés très concurrentiels. Mais la tendance à la hausse des tarifs est générale", affirme bpost.