Un chocolat plus noir et moins sucré pour la Saint-Nicolas
Les consommateurs veulent moins de sucre et plus de qualité. Un changement qu’industriels et artisans du secteur du chocolat prennent bien en compte.
Publié le 03-12-2022 à 04h00 - Mis à jour le 03-12-2022 à 07h53
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Les fêtes de fin d’années sont une période phare pour l’industrie du chocolat. Le secteur se porte bien malgré la crise, mais il doit s’adapter à l’évolution des tendances. De plus en plus de consommateurs veulent déguster un chocolat moins sucré et au goût de cacao plus prononcé.
La tendance est telle que le géant Milka a récemment changé sa recette pour proposer une tablette de chocolat au lait avec 5% de sucre en moins. Autre nouveauté : la teneur de cacao issu d’une filière durable augmente de 10%. C’est un changement important pour le groupe américain Mondelez, propriétaire de cette marque suisse créée en 1901.
"Aujourd’hui, tout le monde fait attention à manger moins gras, moins salé, moins sucré et c’est ce qu’il faut faire. Il y a une vraie tendance à regarder la qualité et la fabrication des produits", explique Caroline Baume, directrice marketing chocolat chez Mondelez. La mise au point de la nouvelle recette a duré trois ans avec des dizaines de tests industriels et de tests consommateurs dans différents pays.
L’objectif pour l’industriel est de satisfaire ses consommateurs sans faire de compromis sur le goût. "Un chocolat sans sucre, ce n’est pas bon. Et le premier critère, ça reste le goût, affirme Caroline Baume. On a réussi à mettre au point une recette qui est encore meilleure que la précédente, avec moins de sucre et un petit peu plus de cacao, mais on n’aurait jamais pu la créer si elle n’avait pas été appréciée par nos consommateurs."
Des desiderata plus spécifiques
La perception du marché est identique chez Leonidas. "La tendance est à la hausse pour les produits un peu moins sucrés", confirme Philippe de Selliers, CEO de Leonidas. Il constate également que les attentes des consommateurs sont de plus en plus spécifiques: "Le marché du chocolat aujourd’hui se segmente davantage. Nous, on a 120 références, donc on a vraiment des pralines pour chacun. On peut évidemment aller plus loin dans la segmentation. On peut lancer des gammes complètement végan, du casher, etc."
L’intelligence artificielle s’y met aussi
L’entreprise finlandaise Valio, elle, a créé un chocolat au lait au printemps dernier en utilisant l’intelligence artificielle pour analyser les goûts des consommateurs à travers le monde. Pour ce faire, elle a passé en revue 1,5 million de commentaires publics sur les réseaux sociaux. En ressort la conclusion suivante: le goût et la douceur sont importants mais les consommateurs veulent du chocolat "plus sain" et naturel, avec moins de sucre.
Le chocolat noir a la cote
Le chocolat au lait reste très apprécié par les consommateurs belges, mais les ventes de chocolat noir augmentent significativement d’années en années. Le bureau d’étude Euromonitor International s’est penché sur les ventes des tablettes de chocolat noir en Belgique. Leur part de marché est passée de 39% en 2017 à 43% en 2022. Mouvement inverse pour le chocolat au lait: la part de marché a diminué en passant de 51% en 2017 à 45% en 2022. C’est aussi le cas pour le chocolat blanc (de 4% en 2017 à 2% en 2022), alors que la part du chocolat fourré passe de 6 à 9%.
"On pense que cette tendance va se poursuivre et elle indique que de plus en plus de consommateurs optent pour un chocolat mois sucré. C’est particulièrement vrai pour les tablettes, mais certainement aussi pour les autres catégories, comme les pralines ou les barres chocolatées", explique Guy Gallet, secrétaire général de Choprabisco, l’association royale des industries du chocolat, de la praline, de la biscuiterie et de la confiserie.
Les ventes de chocolat se portent bien en Belgique cette année. Leonidas enregistre même le meilleur chiffre d’affaires de son histoire, avec une hausse de 22%. "Malgré les périodes difficiles que nous connaissons aujourd’hui, on voit que la consommation continue parce que les gens ont besoin de se faire de petits plaisirs et le chocolat reste un plaisir abordable", conclut Philippe de Selliers.