Grève des trains : le covoiturage, une solution de plus en plus fréquente
Trois journées de grève des trains, et voilà que l’on resonge sérieusement au covoiturage. La pratique explose, et elle intéresse aussi les entreprises.
Publié le 28-11-2022 à 16h52 - Mis à jour le 28-11-2022 à 16h54
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"On constate un pic de trajets postés, mais aussi beaucoup plus d’inscriptions depuis hier", affirme Camille Colpin, chez Mpact, l’ASBL qui gère l’application de covoiturage Carpool, l’une des rares à proposer (aux côtés de BlaBlaCar), des partages de trajets sur toute la Belgique. Le principe est simple: les chauffeurs encodent les trajets qu’ils effectuent et les passagers inscrivent le trajet recherché. La plate-forme met en relation les personnes inscrites. Les coûts se partagent, au tarif fixé par le chauffeur.
La pandémie du Covid, et le développement du télétravail qui en est le corollaire, avaient porté un rude coup à la pratique, quand il n’était plus recommandé de partager un même habitacle. Certaines entreprises l’ont même interdite. Mais depuis la crise énergétique et la nécessité de réaliser des économies de carburant ont renversé la vapeur. Selon l’Institut Vias, durant les 8 premiers mois de 2022, le nombre de kilomètres parcourus par les covoitureurs a plus que doublé par rapport à 2021 et est 38% plus élevé qu’en 2019. La part des kilomètres en covoiturage a augmenté pour passer de 7% avant la pandémie, à 11% cette année.

"Nous avons 10 000 nouveaux membres en 2022, ce qui porte le total à 85 000 personnes inscrites sur la plate-forme. Comparé à 2021, le nombre de trajets postés a doublé. 30 000 trajets ont été accessibles", confirme Camille Colpin. Carpool intéresse les particuliers mais s’adresse aussi aux entreprises qui voudraient proposer le service à leurs employés, à l’instar de plates-formes plus spécialisées, comme Commuty. "Les entreprises n’y gagnent rien financièrement, mais ça entre dans leur bilan carbone, et ça intéresse celles qui manquent de parking ou qui peinent à recruter, pour attirer des profils qui n’ont pas le permis de conduire ou les moyens de s’acheter une voiture", explique Béatrice Schobbens, de l’Union wallonne des entreprises. Les employés, dans la plupart des commissions paritaires (mais pas la fonction publique) bénéficient d’un avantage fiscal qui, en plus du forfait de 430 €, atteint l’équivalent d’un abonnement de train en première classe. Et cela même s’ils n’utilisent pas leur voiture.
Pour que le système se développe, les entreprises doivent prévoir un règlement et un système de reporting des trajets. Elles doivent aussi pouvoir garantir le trajet retour du travail. Les parkings qui permettent aux covoitureurs de se retrouver étant de plus en plus saturés, la création de nouveaux se poursuit. D’ici 2025, 750 emplacements supplémentaires s’ajouteront aux 3 700 actuels sur le réseau de la Sofico. Des conventions se nouent également pour utiliser les parkings des grands magasins.
Quant aux bandes de covoiturage sur les autoroutes, les projets sont en stand-by faute de pouvoir s’entendre avec la Flandre, qui en exclut les motos, ou le Luxembourg, qui préférerait une bande à gauche.