L’agroécologie comme modèle agricole wallon
Six millions de budget sont prévus, sur 4 ans, pour amener l’ensemble des fermes wallonnes vers une agriculture plus durable.
Publié le 23-06-2022 à 19h20
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Le plan de relance de la Wallonie ne fait pas l’impasse sur le volet agriculture.Un budget de 140 millions d’euros sera notamment consacré au vaste sujet de la souveraineté alimentaire.Et dans ce budget, 6 millions alimenteront, sur quatre ans, un plan de transition agroécologique, baptisé Terraé.
Il s’agit de promouvoir un ensemble de "bonnes" pratiques agricoles: couverts végétaux permanents des sols, diminution des engrais et produits phytosanitaires, préservation de l’eau et de la biodiversité, restauration des écosystèmes, etc.
Un réseau pour l’exemple
À ce stade, il s’agit avant tout de favoriser les synergies entre les agriculteurs qui appliquent ces principes. Un réseau de fermes est actuellement en construction.Les candidatures sont à remettre avant fin juin, mais déjà une cinquantaine d’agriculteurs se sont déclarés intéressés.
Les activités de ce réseau démarreront dès le mois de septembre.Ces fermes serviront d’exemples, et un site internet sera développé afin de partager les avancées, à destination des autres agriculteurs, mais aussi de l’enseignement et du public.
Des groupements d’agriculteurs
Parallèlement, un appel à projets sera lancé en juillet (pour un démarrage début 2023) en vue de mettre en place des groupements d’agriculteurs.L’objectif est ici plus ciblé, avec une mutualisation des moyens, à l’échelle d’une vingtaine de fermes d’une sous-région, et un focus plus particulier sur la réduction des engrais et des pesticides chimiques. L’attention se portera aussi sur l’amélioration des performances économiques et sociales des fermes de chaque groupement.
"L’objectif de ce plan est d’amener l’ensemble des agriculteurs wallons, quel que soit leur mode actuel, à réduire les intrants chimiques" , résume la ministre de l’Environnement Céline Tellier.Sans faire fi du contexte délicat de la guerre en Ukraine, qui impacte non seulement les prix des produits agricoles mais aussi des coûts d’exploitation, elle insiste sur les enjeux structurels que sont le réchauffement climatique, l’érosion de la biodiversité et la problématique de l’eau. "Ces problèmes structurels ne cessent de s’aggraver et ça nous oblige à repenser nos pratiques agricoles. Remettre en question le green deal européen serait une erreur", ajoute-t-elle.
Rémunérer les services rendus
Autres enjeux du plan: continuer à développer "Decide", un outil d’évaluation de la durabilité des exploitations agricoles (bilan des consommations énergétiques, des émissions d’ammoniac et des gaz à effet de serre) pour y ajouter d’autres indicateurs, mais aussi un volet éco-social.
Mais derrière cette objectivation des pratiques, l’enjeu sera surtout d’établir un mécanisme de "rémunération pour services environnementaux rendus" , afin d’appuyer la transition des fermes.Car contrairement à la filière bio, également subsidiée dans le plan de relance, l’agroécologie ne dipose pas d’un cahier des charges permettant une valorisation auprès des consommateurs.Sans système de rémunération des pratiques écologiques, la transition sera plus difficile.