De plus en plus de végétal dans notre assiette
Le marché des produits d’origine végétale connaît un essor sans précédent en Belgique, soit une croissance de 23% entre 2020 et 2021. Simple effet de mode ou tendance alimentaire durable? On fait le point.
Publié le 27-04-2021 à 19h00
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Le régime végétarien n’est plus réservé à un petit cercle fermé. Il compte de plus en plus d’adeptes soucieux d’améliorer leur santé, de préserver l’environnement ou bien sensibles à la cause animale.
Si la tendance veggie se développe depuis plusieurs années, c’est sans doute aussi parce qu’elle a gagné en souplesse.
À côté du végétarien qui ne consomme ni viande ni poisson ni crustacés, du végétalien qui exclut tout aliment d’origine animale et du végan qui renonce à tout produit issu du monde animal (cuir, laine, soie,…), un autre profil de «mangeur» est apparu depuis quelques années, le flexitarien. Son régime, plus souple, consiste à réduire sa consommation de produits d’origine animale, le plus souvent la viande, en privilégiant la qualité à la quantité.
Tendance de fond
Pour Nicolas Lambert, professeur de marketing à l’UCLouvain, la tendance veggie est bien plus qu’un effet de mode.
«Il y a clairement une tendance de fond à aller vers une alimentation plus végétale.Cela va bien au-delà du courant vegan. De manière générale, les gens souhaitent une alimentation plus saine, se soucient de l'impact environnemental des produits qu'ils consomment.On sait qu'il va falloir se tourner vers une alimentation globalement plus végétale: les protéines végétales vont devoir remplacer progressivement les protéines animales.»
Effet d’entraînement
En Belgique, le marché des produits végétariens a connu une croissance fulgurante: + 23% entre le premier trimestre 2020 et le premier trimestre 2021 (source: Unilever Belgium), hausse boostée en partie par le confinement.
Les supermarchés ne se contentent plus de proposer des lentilles, du lait de soja, du tofu…. L’industrie alimentaire qui se livre à d’improbables déclinaisons en accommodant à la mode veggie hamburgers, saucisses, boulettes, cassoulet ou chili con carne, serait-elle en partie responsable de cette tendance?
«Le fait qu'il y ait plus de produits d'origine végétale disponibles va avoir un effet d'entraînement. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'industrie n'a pas vraiment la capacité de créer des tendances. Par contre, elle est capable de détecter des tendances de fond comme la volonté de consommer durable, plus sain, de manière plus respectueuse envers les animaux et amener dans la foulée de nouvelles solutions, de nouveaux produits. En communiquant largement sur ceux-ci, elle contribue à renforcer cette tendance».
Combinaison de deux facteurs
L'essor du végétal résulte de la combinaison de deux facteurs, avance Nicolas Lambert. «D'une part, le citoyen est de plus en plus soucieux de ce qu'il met dans son assiette. D'autre part, l'industrie alimentaire, mise sous pression pour réduire son empreinte environnementale, va être tentée de développer elle-même cette tendance à travers de nouveaux produits.»
Végétarien industrialisé
Végétarien ne rime pas toujours avec qualité quand l’industrie nous sert des plats ultra-transformés (galettes, hamburgers, raclette…).
Au printemps dernier, l’association française de consommateurs, CLCV (Consommation, Logement, Cadre de vie), a analysé les étiquettes de 95 produits végétariens et végans (produits panés, imitations de viande, galettes) vendus en grandes surfaces. Résultat: pour plus de la moitié des produits, l’eau est l’ingrédient principal et 8 produits sur 10 contiennent au moins un additif.
Reste que la végétalisation est là, elle devrait durer et sans doute impacter tout le secteur alimentaire, prédit Nicolas Lambert. «Globalement, les gens veulent consommer moins et mieux. L'industrie va donc vraisemblablement être amenée à opter pour des filières de qualité, des appellations d'origine…».