L’automobile: futur produit de luxe?
En moyenne, le Belge débourse près de 30 000€ pour acheter sa voiture. Et c’est le minimum pour un modèle électrique.
Publié le 27-01-2021 à 06h00
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L’automobile est-elle en passe de devenir un produit de luxe? On peut se poser la question au regard des tarifs qui s’affichent, même en «période salon». En Belgique, le prix de vente moyen d’une voiture neuve (taxes comprises) s’élevait à 29 594€ en 2018, soit près de 4 000€ de plus que quatre années auparavant. Avec la montée en puissance des modèles hybrides et électriques, nul doute que ces statistiques sont nettement dépassées.
Question de normes
«Pendant des années, les voitures sont devenues toujours plus accessibles, mais ce n'est plus le cas. Les prix augmentaient, mais pas autant que les salaires. Et aujourd'hui, de fait, le pouvoir d'achat stagne tandis que la technologique a fait monter le prix des voitures», reconnaît Jean-Marc Ponteville, chez D'Ieteren, leader du marché en Belgique.
«Mais ce n'est pas seulement l'hybridation et l'électrification qui sont en cause. Il y a tous les équipements liés aux normes de sécurité et de dépollution», ajoute le porte-parole de Volkswagen. «C'est vrai qu'il y a aujourd'hui sous les capots une petite usine chimique pour épurer les gaz d'échappement, tous les systèmes de sécurité devenus obligatoires comme l'ESP ou les airbags et aussi un certain niveau de luxe que le client recherche», ajoute Joost Kaesemans, à la Febiac. «On se dit souvent: purée, une voiture, c'est devenu cher. Mais il y a encore moyen d'acheter, même neuf, un véhicule correct à un prix bas.»
Bien équipées
On peut trouver, en effet, une nouvelle Dacia Sandero à moins de 9 000€, prix de base. Mais dans les faits, le client dépense en moyenne 13 000€ pour s’offrir ce modèle. Souvent; le Belge, même s’il est à l’affût de réductions ou de séries spéciales, privilégie les voitures correctement équipées. Et c’est tout aussi vrai pour les voitures de société, qui représentent une immatriculation neuve sur deux, et une voiture sur cinq dans le parc automobile du pays.
«Les clients fleet équipent bien leurs voitures, surtout dans le domaine de la sécurité», explique Jean-Marc Ponteville. Ce sont, pour l'instant, les premiers acheteurs des voitures hybrides rechargeables et électriques dont les prix de vente se situent, toutes, au-delà de la barre des 30 000€. Ils retrouvent leurs billes sur la consommation de carburant, les frais d'entretien moindre et les avantages fiscaux. «De toute façon, les entreprises intègrent le coût de leurs voitures dans celui des produits qu'ils vendent. Au final, c'est à charge du consommateur», ajoute encore Jean-Marc Ponteville.
Mais les Belges ne sont pas les moins bien lotis, avec un prix de vente moyen des voitures neuves qui est à peu de chose près la moyenne européenne (29 352€ en 2018). Si ce prix moyen est nettement plus bas en Grèce (22 506€) ou en Italie (25 349€), il culmine à 46 603€ en Norvège, pays de la mobilité électrique. Il est à 36 578€ chez nos voisins luxembourgeois, et à 31 865€ aux Pays-Bas.
Un marché à la peine
Le marché automobile européen est saturé. C'est devenu un marché de remplacement et non plus de conquête. Avec la crise sanitaire du Covid-19, la situation a empiré. Le gâteau à partager s'est réduit d'un quart. Dans un secteur où les marges bénéficiaires sont faibles. «Et pour les deux à trois années à venir, nous prévoyons un marché belge autour de 450 000 voitures alors qu'on vient d'environ 500 000. La crise sanitaire, avec notamment la montée du télétravail, aura un impact sur la mobilité en général, prévoit Jean-Marc Ponteville. Alors oui, les voitures seront plus chères, mais il faut continuer à en donner plus pour ce prix. La concurrence est tellement grande. Il n'y a qu'à voir les remises actuelles, c'est incroyable.»