Un ménage wallon sur cinq manque d’eau
Le parlement wallon s’est penché sur une précarité peu connue. Celle de ces ménages qui n’ont pas ou peu accès à l’eau.
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- Publié le 15-01-2021 à 07h34
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Nous sommes en 2021 mais, pourtant, avoir de l’eau au robinet cela ne coule pas de source pour tout le monde…
En Wallonie, selon une étude de la Fondation Roi Baudouin, un ménage wallon sur cinq (19%) est en situation de précarité hydrique. C’est-à-dire ne dispose pas d’un accès à l’eau en qualité ou en quantité suffisante pour répondre à ses besoins de base que sont l’alimentation, l’hygiène corporelle et du logement.
Le sujet s’est invité hier en commission environnement du parlement wallon où des représentants des CPAS, de la Fondation Roi Baudouin et du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP) ont fait état de la situation de terrain.
L’idée pour les parlementaires est d’envisager des solutions structurelles pour que l’eau – consacré bien indispensable au développement humain et au bien-être par les Nations Unies – ne manque plus à aucun robinet wallon.
Car si en cette période de pandémie, et au même titre que le gaz et l’électricité, un moratoire existe sur les coupures de compteurs d’eau et le placement de limiteurs de débit, ces deux “outils” dont usent et abusent parfois les distributeurs constituent le nœud du problème.
«Un limiteur de débit, cela revient d'ailleurs bien souvent au même qu'une coupure, dit Anne Leclercq, chargé de mission sur cette question au RWLP. C'est une atteinte à la dignité humaine.» Devoir attendre dix minutes pour remplir une cruche d'eau, deux heures pour un bain ou ne pas voir arriver la moindre goutte parce que le débit ne suffit pas pour atteindre un logement situé à l'étage, voilà la réalité des précarisés en eau. Avec le risque que de telles mesures accélèrent la chute vers plus de pauvreté encore.
«On a eu le cas d'un dentiste, en proie à des difficultés financières à qui le distributeur a refusé un échelonnement des factures, relate ainsi Anne Leclercq. Le limiteur de débit qu'on a placé ne lui permettait plus de faire fonctionner son matériel de dentisterie et il a dû fermer son cabinet…»
Du côté des CPAS on plaide aussi pour l'interdiction de ces «armes de guerre» que dégainent parfois trop facilement les distributeurs. «Certains placent un limiteur ou coupent le compteur juste pour un retard de facture d'acompte et refusent de stopper la mesure tant que 50 ou 100% du retard de paiement n'est pas résorbé, dit Sabine Wernerus, chargée des questions énergie à la Fédération des CPAS. On demande à ce que dès qu'un CPAS intervient, ces mesures soient annulées.»
Fondamentalement, c'est aussi sur le prix qu'il faut agir, estime le RWLP. Entre 2005 et 2017, la facture moyenne a bondi de 83% en Wallonie, note Anne Leclercq. Ce qui explique évidemment que cette précarité hydrique touche d'abord les plus bas revenus: une famille monoparentale sur trois, 25% des femmes seules de +65 ans, 22% des femmes et 17,5% des hommes vivant seuls. Mais, globalement, ce sont 9% des ménages wallons qui sont en difficulté de paiement. «Sans compter ceux qui passent sous le radar parce qu'ils se rationnent ou parce qu'ils sont sous-équipés», dit Anne Leclercq. À la RWLP on plaide donc pour un «socle de base», une quantité d'eau gratuite ou à très bas prix pour tous.