La montée de l’empire chinois du smartphone, de Huawei à Xiaomi
Xiaomi mais plus encore Huawei bousculent l’ordre mondial du smartphone mené par Samsung et Apple.
Publié le 30-03-2019 à 09h00
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C'est une lame de fond, en passe de transformer le marché mondial du smartphone. Deux entreprises chinoises s'appuient sur une croissance insolente pour menacer Apple et Samsung. En 2018, Huawei a écoulé 206 millions de téléphones (+33,6%) contre 122,6 millions pour Xiaomi (+32,2%).
Des bonds annuels de 33,6% et 32,2%, les pourcentages donnent le tournis. Et écornent sérieusement les bulletins annuels des cadors. Le Sud-Coréen Samsung conserve son trône dans la morosité (292,3 millions d'appareils, -8%). Son dauphin américain Apple perçoit nettement le péril asiatique dans son rétroviseur (208,8 millions d'iPhone, -3,2%).

Objectif numéro 1
Expert des infrastructures télécoms qui équipent notamment les réseaux mobiles des opérateurs, Huawei (prononcez: ouawaï) n'a jamais caché son unique objectif: la place du numéro un. En termes d'unités distribuées, en première intention. En termes de valeur, c'est un tout autre défi.
Exclusivement présent dans le milieu et le haut de gamme, Apple est compliqué à concurrencer sur ce critère. L'iPhone se négocie entre 529€ (iPhone 7) et 1 659€ (iPhone XS Max 256 gigabits de stockage). A contrario, ses adversaires couvrent l'entrée, le milieu et le haut de gamme. Bref, grâce à sa grille tarifaire élitiste, Apple est une machine à générer du cash, même lorsque les ventes s'effritent.

Les tendances 2 019?
Dans le collimateur du gouvernement américain, Huawei semble bien parti pour poursuivre sur sa lancée. «En janvier et février 2019, nous progressons dans le monde de 36% par rapport à 2 018», souligne Jurgen Thysmans, porte-parole de Huawei Belgique. «C'est largement au-delà des prévisions de 15% de croissance.»
Si un gouffre séparait en 2 018 Huawei et Xiaomi (prononcez: chiaomi), le troisième acteur mondial et le quatrième, force est de reconnaître que les deux groupes évoluent dans des cycles radicalement différents. Huawei est sérieusement implanté en Europe, un territoire que Xiaomi commence timidement à explorer.

Pour preuve, la firme de Pékin vient seulement d'annoncer ce jeudi 28 mars 2019 le lancement officiel de la marque au cœur du Benelux. Si des enseignes belges proposaient déjà des appareils Xiaomi, la présence de ces smartphones chinois dans nos boutiques est appelée à s'intensifier.
«Nous avons investi l'Espagne voici un an et nous occupons déjà la troisième place», se félicite Alvin Tse, responsable marketing de Xiaomi Europe. «Après moins de douze mois en France, nous sommes cinquième. Plus globalement, nous sommes dans le top 5 de 29 marchés dans le monde. Et nous espérons signer bientôt une telle percée dans le Benelux.»
Transition réussie
Samsung au sommet, Apple et Huawei au coude-à-coude. Le marché belge 2 018 du smartphone est conforme au marché mondial.
Si le classement est identique, les parts de marché différent nettement et sacrent clairement Samsung (41%) en termes de nombre de téléphones distribués.
Au fil des mois de 2018, Apple et Huawei se sont âprement disputé la deuxième place dans une fourchette oscillant entre 20 et 25% de parts de marché.
«Nous avons connu des pics lors des sorties de nos modèles haut de gamme, le Mate 20 et le P20», analyse Jurgen Thysmans, porte-parole de Huawei. «C'est la preuve que nous avons réussi notre transition, de l'entrée/milieu de gamme vers le milieu/haut de gamme. Nous sommes perçus comme une alternative crédible à Samsung et Apple.»
Les soupçons d'espionnage (via les infrastructures de télécommunication) agités par les USA ne semblent pas entamer cette confiance.
«La croissance est là, les consommateurs continuent plus que jamais de nous faire confiance, tout comme les partenaires», rassure Jurgen Thysmans.