SNCB: les vols de câbles le long des rails ont fortement baissé en 2023
Depuis janvier, Infrabel et la SNCB ont été victimes de 85 vols de câbles. Un chiffre en forte baisse après une année 2022 très compliquée. Décryptage et analyse du phénomène.
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- Publié le 06-09-2023 à 04h00
- Mis à jour le 06-09-2023 à 10h57
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Sept millions d’euros. C’est le coût astronomique pour Infrabel et la SNCB qu’ont représenté l’an dernier les vols de câbles en cuivre le long des voies de chemin de fer. En effet, en 2022, pas moins de 466 faits ont été comptabilisés par Infrabel. Des actes malveillants qui ont engendré près de 33169 minutes de retard sur l’ensemble de l’année. Des retards dont les navetteurs et autres usagers du train ont grandement souffert.
Face à ce constat, les autorités ont pris des mesures pour résoudre la situation, et ces efforts semblent porter leurs fruits. Selon les données fournies par le cabinet du ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet (Écolo), le nombre de vols a diminué au cours des huit premiers mois de 2023.
“Nous assistons à un ralentissement de cette tendance, explique-t-on au cabinet du ministre Gilkinet. Depuis le début de l’année 2023, Infrabel a encore été victime de 85 vols de câbles. Cela s’est traduit par 11202 minutes de retard engendré sur le réseau ferroviaire, avec 1887 trains impactés. C’est beaucoup moins que les années précédentes, mais ça reste évidemment et néanmoins problématique.”
Qui sont les voleurs ?
Du côté de la police fédérale, on a mis les bouchées doubles pour contrer ce phénomène.
“Il y a véritablement deux types de voleurs”, analyse Glenn Desmet, inspecteur principal à la Police fédérale des chemins de fer (SPC). “Il y a d’un côté des voleurs “casse-croûte”, qui effectuent des petits larcins pas loin de chez eux. De l’autre côté, il y a des bandes organisées qui s’emparent de plus grandes quantités pour les revendre à l’étranger.”
En Belgique, les recycleurs ont l’obligation depuis juillet 2013 d’enregistrer l’identité des personnes qui viennent revendre des métaux. Les paiements en liquide sont également interdits. Ils ne peuvent se faire que de manière électronique. Des mesures qui ont porté leurs fruits, mais qui paradoxalement n’ont pas inspiré nos voisins européens.
“Une des hypothèses est que ces bandes organisées revendent ces métaux dans les pays où la législation est moins stricte, comme les Pays-Bas”, ajoute l’inspecteur Desmet. “Après la crise sanitaire, on a pu observer une hausse importante de ces vols de cuivre. Celle-ci était également à mettre en corrélation avec l’augmentation des prix du cuivre.”
Sur les marchés financiers, les cours du cuivre ont connu une forte hausse en 2021 et 2022. Actuellement, ils se sont stabilisés à 8500 dollars la tonne, ce qui équivaut à 7934 euros. Toutefois, ces prix demeurent plus élevés que ceux enregistrés à la fin de la décennie 2010.
Satisfaction, mais la vigilance reste de mise
“L’action conjointe d’Infrabel et des services de police semble dès lors porter ses fruits”, nous explique-t-on au cabinet Gilkinet. “Pour lutter contre le phénomène du vol de câbles, Infrabel travaille en coopération avec la Police des Chemins de fer (SPC) pour la réalisation d’opérations de contrôle nocturnes. En plus des patrouilles classiques, des opérations de contrôle ciblées sont également menées tout au long de l’année sur le terrain.”
Pour mettre la main sur ces trafiquants de vieux métaux parfois bien organisés, la police n’hésite pas à déployer régulièrement de gros moyens. “Nous travaillons notamment avec l’appui aérien de la police fédérale”, explique Glenn Desmet. “Des hélicoptères équipés de caméras thermiques survolent alors les lignes de chemin de fer. Avec des équipes au sol et le soutien des zones de police locale, nous parvenons à coincer les voleurs et à les prendre en flagrant délit.”
Du côté politique, on se félicite aussi des bons résultats. Mais on annonce qu’on ne compte pas relâcher la pression sur ces criminels qui font perdre beaucoup d’argent à l’État.
“Il convient de rester très vigilant et de continuer à développer toutes les mesures qui permettront encore d’améliorer ces chiffres”, explique le ministre Georges Gilkinet. “Mais aussi de mettre en œuvre les autres actions et les investissements qui nous permettront d’améliorer la fiabilité de notre service ferroviaire.”
GPS, drones… La technologie au service de la police
Ces dernières années, Infrabel et les services de police n’ont pas hésité à avoir recours aux nouvelles technologies pour coincer des voleurs. “Afin de protéger davantage ses câbles enterrés sous des gravats, Infrabel a placé cette année des traceurs GPS, permettant de transmettre la localisation des câbles en temps réel et donc d’appréhender rapidement les suspects”, explique-t-on au cabinet du ministre Gilkinet. “De même, des alternatives au cuivre sont recherchées.”
Il faut noter que le gestionnaire du réseau ferré a déjà, par le passé, remplacé le cuivre par l’aluminium. Un métal moins cher à la revente et donc moins intéressant pour les voleurs.
Par ailleurs, la police n’hésite pas non plus à utiliser des drones. “Pour surveiller certains hotspots – des secteurs sensibles où l’on constate des vols -, il peut arriver qu’on utilise des drones”, explique l’inspecteur principal Glenn Desmet. “Ceux-ci peuvent effectuer des vols stationnaires discrets et aider les équipes au sol.”