Faut-il légaliser le cannabis en Belgique ? Pour Infor-Drogues, la loi est “obsolète”
Dans une interview accordée à L’Avenir, Pierre-Yves Dermagne (PS), défend une légalisation du cannabis. Du côté d’Infor-Drogues, on estime que la prohibition n’est pas dénuée d’effets pervers.
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- Publié le 31-08-2023 à 20h45
- Mis à jour le 01-09-2023 à 07h05
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La Belgique doit-elle suivre l’exemple de ses voisins allemands et luxembourgeois ? Ce jeudi, dans une interview accordée à L’Avenir, le vice-Premier ministre Pierre-Yves Dermagne estimait qu’il fallait en finir avec “l’hypocrisie” et plaidait pour une légalisation du cannabis en s’inspirant des pays voisins.
Concrètement, L’Allemagne veut contrôler la vente de cannabis à l’aide d’associations agréées. Des “cannabis social clubs”, qui vont produire du cannabis et approvisionner leurs membres dans des quantités contrôlées. Une idée qui ne fait pas l’unanimité dans le paysage politique belge (lire ci-dessous).
Pourtant, dans le secteur associatif, on estime que la législation est… “obsolète” : “Ça fait des dizaines d’années qu’on tourne en rond”, estime Antoine Boucher, chargé de communication chez Infor-Drogues. “Des produits plus nocifs comme l’alcool et le tabac sont légaux. On peut donc s’interroger sur la cohérence d’une interdiction du cannabis en matière de santé publique.”
Selon Infor-Drogues, la plupart des acteurs du secteur associatif estiment qu’un changement législatif s’impose : “Ceux qui rencontrent des consommateurs estiment même que la loi, par son côté répressif, peut renforcer les problématiques que ces personnes traversent. Et donc leur motivation à consommer.”
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Pour Antoine Boucher, l’approche préconisée ressemble à la façon dont la Belgique s’est attaquée aux ravages de l’alcool en 1919. “Face à de gros problèmes liés à la consommation d’alcool au début du XXe siècle, des groupes de pressions proposaient une prohibition”, rappelle Antoine Boucher. “Mais en 1919, la loi Vandervelde a fait l’inverse. Elle n’a permis l’achat d’alcool qu’en très grande quantité, afin de limiter la consommation privée et de la concentrer dans des lieux publics. Grâce à plusieurs autres mesures et au contrôle social exercé dans les débits de boissons, la nouvelle loi a eu un impact favorable sur les problématiques liées à la consommation d’alcool comme les violences domestiques.”
Chez les adversaires d’une légalisation du cannabis, un argument revient : il serait une porte d’entrée vers les drogues plus dures. “À l’époque, on affirmait même que le cannabis menait à l’héroïne. Aucune étude ne le prouve. Les centaines de milliers de consommateurs de cannabis en Belgique ne sont d’ailleurs pas devenus héroïnomanes. Certains affirment depuis que les héroïnomanes ont tous consommé avec le cannabis. Ce n’est pas forcément vrai. Par contre, on remarque souvent que les consommateurs d’héroïne ont eu des consommations problématiques d’alcool…”
Pour Infor-Drogues, la consommation via des “cannabis social clubs” permettrait de contrôler et de limiter la consommation. “Au plus votre consommation va rester privée, au plus vous serez pris par celle-ci”, estime Antoine Boucher “Avec les clubs, il y a le principe d’un encadrement social. Et c’est une meilleure idée qu’une légalisation libérale comme au Canada, où le cannabis est vendu comme l’alcool.”
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