"Engie-les-bains": 120 activistes et syndicalistes bloquent le siège d'Engie pour dénoncer les profits des actionnaires (vidéo)
Une coalition d'activistes et de syndicalistes s'est rassemblée jeudi devant le siège d'Engie à Bruxelles pour dénoncer les dividendes versés par le groupe à ses actionnaires en 2023.
- Publié le 06-07-2023 à 17h11
- Mis à jour le 06-07-2023 à 17h16
Pour l'occasion, les participants et participantes ont monté une action clandestine devant le bâtiment, baptisée "Engie-les-bains": des serviettes de bain, parasols et transats ont été installés, un moyen de rappeler la difficulté à joindre les deux bouts vécue par certains ménages.
"Nous, on vient prendre nos vacances ici parce qu'on ne peut plus se permettre de se les payer à cause des profits et des dividendes versés par Engie", explique Chloé Mikolajczak, activiste et porte-parole de la coalition organisatrice. Plus d'une centaine de personnes ont participé à l'action, parmi lesquelles des syndicalistes de la CNE et de la CGSP, ainsi que des activistes pour la justice sociale et climatique, dont des Gilets jaunes et des militants de Code Rouge.
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Les participants protestent également contre la fin de l'extension du tarif social aux personnes ayant droit au statut de bénéficiaire d'intervention majorée (BIM). Cette aide supplémentaire, mise en place en 2021 suite à la crise énergétique, profitait à 500.000 ménages belges précaires en leur garantissant des factures d'énergie à tarif réduit. Toutefois, l'extension de ce tarif a pris fin le premier juillet - une disparition largement critiquée et qui a suscité son lot d'inquiétudes auprès des usagers, certains craignant une augmentation drastique de leurs factures.
L'action clandestine à Bruxelles fait écho à celle entamée la veille par le mouvement de désobéissance civile Code Rouge, qui bloque actuellement le chantier d'une centrale à gaz d'Engie situé à Flémalle (province de Liège).

Ce n'est pas à un groupe privé de décider comment on va s'y prendre pour la transition énergétique
Parmi les manifestants, Marielle travaille depuis 36 ans à l'hôpital Brugmann en tant que préposée à l'entretien. Elle vit seule et profitait de l'allègement de ses factures d'énergie jusqu'au début du mois. "C'est très dur à gérer parce que nos salaires n'augmentent pas non plus", regrette-t-elle.
Seb, un activiste du mouvement, fustige la politique d'Engie et "la complicité du gouvernement fédéral Vivaldi". "Plus les dividendes augmentent et plus les travailleurs et travailleuses ont du mal à payer leurs factures", regrette-t-il. L'action d'aujourd'hui se veut rassembleuse, selon lui. "La particularité de cette action, c'est le front commun avec les organisations syndicales. Nous voulons faire converger les luttes sociales et écologiques", complète-t-il. Il attend du fournisseur énergétique qu'il cesse de prolonger ses centrales nucléaires et de bloquer la transition énergétique. "Ce n'est pas à un groupe privé de décider comment on va s'y prendre pour la transition énergétique", tance-t-il.
"On demande que le système énergétique change"
L'année 2022 a été remarquablement bonne pour Engie, qui a pu surfer sur l'envolée des prix de l'énergie provoquée par la guerre en Ukraine pour dégager un chiffre d'affaires de 93,9 milliards d'euros, contre 57,9 en 2021. Le groupe a ainsi pu récompenser ses actionnaires en leur distribuant un dividende brut de 1,40 euro par action, soit une augmentation de 65 % par rapport à l'année dernière.
"On demande que le système énergétique change", appuie Mme Mikolajczak. Les solutions existent: faire de l'énergie un bien public, étendre le tarif social, mieux répartir les richesses, suggère l'activiste. "Aujourd'hui, ces décisions restent dans les mains des politiques et des actionnaires", regrette-t-elle. "Ce qu'on demande, c'est qu'on ait notre mot à dire", conclut-elle.





