Jurassic Parlement : qui sont les députés “dinosaures” en Belgique ?
En retraçant le parcours des 217 députés belges francophones siégeant actuellement dans les assemblées législatives, trois sortent du lot, avec 9 mandats électifs successifs, exercés ou empêchés.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/CRSZYERFAVBHFGMG65NHVI5IJI.jpg)
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/8c61112a-f75e-4a6b-9853-f5d041927362.png)
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/FGY36ALOQRAQRGALEYTEGP3SDQ.jpg)
- Publié le 10-06-2023 à 04h00
:focal(820x548.5:830x538.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/WQAUMDZTWNGCLAGJNXMW72D3K4.png)
Ils sont là depuis parfois plusieurs décennies. Ils enchaînent les mandats, passent pour certains d’une assemblée à l’autre. Dans le milieu, on les appelle les “dinosaures” de la politique. Parmi nos députés régionaux, fédéraux et européens actuels, qui sont-ils ?
Si 50,2 % des représentants parlementaires francophones occupent aujourd’hui un siège pour la première fois dans ces assemblées, d’autres présentent un bilan de 7, 8, voire 9 mandats parlementaires successifs.
Parmi les plus gros “dinosaures” de nos hémicycles figurent les députés fédéraux Jean-Marc Delizée (PS) et André Flahaut (PS), ainsi que le député wallon et président du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles Rudy Demotte (PS). Ces derniers exercent actuellement leur 9emandat parlementaire successif.
Suivent les députés fédéraux Josy Arens (Les Engagés) et Daniel Bacquelaine (MR) avec 8 mandats consécutifs.
La Chambre, pourvoyeuse de “dinosaures”
On notera que le parcours politique de ces 5 personnalités est marqué par de nombreux mandats obtenus à la Chambre des représentants – en ce compris Rudy Demotte, lequel n’a eu de cesse d’alterner hémicycle régional et assemblée fédérale depuis 1995.
Ceci s’explique notamment par l’histoire de nos institutions : ce n’est que depuis 1989 (Bruxelles-Capitale) et 1995 que les députés régionaux sont élus au suffrage direct.
En outre, la durée d’un mandat à l’échelon fédéral était jusqu’en 2014 plus courte (4 ans) que dans les autres assemblées (5 ans) : cela signifie donc qu’une “carrière politique” de même longueur peut comprendre plus de mandats lorsqu’elle s’effectue, sur le long terme, au fédéral plutôt qu’au régional.
Enfin, les circonscriptions électorales d’un scrutin fédéral offrent une marge de manœuvre nettement moins grande aux partis dans l’élaboration de leurs listes, et donc leurs choix de candidats.
Qui est le plus ancien parlementaire ?
Mais le niveau fédéral n’est pas le seul pourvoyeur de “dinosaures” en politique belge francophone.
Preuve en est avec André Antoine (Les Engagés), lequel cumule actuellement 7 succès électoraux consécutifs aux différents niveaux législatifs, dont 6 au Parlement de Wallonie.
Ce dernier fait en outre figure de plus ancien parlementaire francophone en exercice. En effet, c’est en 1985 qu’André Antoine a occupé pour la première fois un fauteuil parlementaire, totalisant depuis lors 9 mandats du genre – dont les 7 derniers se sont donc enchaînés (lire son interview en page 8).
Avec 7 mandats successifs également, le député européen Olivier Chastel (MR) et le député régional – et Président actuel du Parlement wallon – André Frédéric (PS) complètent le peloton de tête.
21 % hors des clous
Outre ces 8 champions de l’accumulation de mandats, on précisera encore que 38 députés francophones siégeant actuellement dans les assemblées parlementaires comptent 4, 5 ou 6 mandats successifs.
Autrement dit : 21,2 % des parlementaires en exercice seraient d’ores et déjà en dehors des clous si la limitation stricto sensu à 3 du nombre de mandats successifs était de vigueur.
NOTRE ENQUÊTE | Elections 2024: avec la règle des trois mandats successifs maximum, un député francophone sur trois prendrait la porte !Les parlements, une affaire de “dinosaures” ? Selon Pascal Delwit, “une fois élu, vous devenez visible, vous avez un avantage”André Antoine : «La limitation dans l’exécutif est plus justifiée que dans le législatif»Des “dinosaures” aussi dans les gouvernements
Si on voulait être tout à fait exact, il s’agirait également de lorgner du côté des exécutifs. Car, là aussi, certains membres de nos gouvernements ont été élus (et sont donc empêchés) dans un mandat de député lors du dernier scrutin (2019).
En effet, les gouvernements regorgent également de ces “dinosaures” de la politique.
Citons pour exemples le ministre bruxellois de l’Emploi Bernard Clerfayt (DéFI), qui en est à son neuvième mandat parlementaire consécutif, ainsi que le commissaire européen à la Justice Didier Reynders (MR) et ses 8 mandats.
Mais, à ce compte-là, le champion des champions demeure l’actuel ministre-Président wallon Elio Di Rupo (PS), lequel, élu à la Chambre des représentants en 2019, a obtenu son 11e mandat parlementaire successif !
En revanche, aux côtés de ces “dinosaures”, certains décrochent un poste dans l’exécutif sans avoir été élu au niveau parlementaire. On peut citer l’exemple de Hadja Lahbib (MR), ancienne journaliste de la RTBF et bombardée l’été dernier ministre fédérale des Affaires étrangères sans jamais avoir exercé de mandat au préalable. Mais aussi la ministre fédérale des Pensions, Karine Lalieux (PS), qui, après 7 mandats successifs, n’a pas obtenu de siège parlementaire lors du dernier scrutin.