Raoul Hedebouw à un an des élections fédérales et régionales : « Les écologistes se mettent à genoux devant les multinationales énergétiques »

Invité sur le plateau de LN24, ce jeudi 08 juin 2023, Raoul Hedebouw, le président du PTB, a fait part de ses ambitions pour les élections fédérales et régionales programmées en juin 2024. Au menu : « une colère constructive » et quelques propositions de réforme.

La Rédaction de L'Avenir

Dans l’opposition au fédéral et dans les différents gouvernements régionaux, le PTB compte bien de nouveau jouer les trouble-fêtes lors des prochaines élections, programmées le 09 juin 2024. Son président, Raoul Hedebouw, l’assure : la campagne s’annonce « sportive ».

Car, s’il se félicite d’avoir pu mettre suffisamment de pression sur la Vivaldi pour faire passer la réduction de la TVA sur l’énergie de 21% à 6% ou encore l’augmentation des pensions minimales, le parti des travailleurs en veut toujours plus.

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Parmi les priorités, deux grands projets : revoir l’âge de la pension, pour la faire passer de 67 à 65 ans, et réaliser une réforme de la fiscalité pour taxer « les super riches », soit les Belges dont le patrimoine dépasse les deux millions d’euros.

« Actuellement il y a bien la taxe compte-titre, qui est la taxe symbole (de la Vivaldi, NDLR) pour faire payer les riches ? Mais les super riches n’ont pas leur action sur un compte-titre : ils ont leurs actions à leur nom », regrette Raoul Hedebouw au micro de LN24. « Qui a un compte-titre ? C’est la haute classe moyenne. Donc, on va une nouvelle fois taxer la classe moyenne supérieure et pas les super riches. C’est pour ça qu’un impôt sur les patrimoines a l’incroyable avantage technique et fiscale de ne toucher que les super riches, à savoir entre 2% et 3% de la population. »

guillement

J’en ai marre qu’on dise aux gens qu’ils ne peuvent pas être en colère.

À la tête d’un parti qui ne cesse de prendre de l’ampleur et qui a parfois du mal à répondre aux attentes sur le terrain - « On a une grande difficulté à gérer notre croissance », reconnaît-il -, Raoul Hedebouw pointe également du doigt « les collaborations public-privé » qui « ne fonctionnent pas ».

« Il y a des secteurs (bancaires, énergétiques,…) où une mauvaise gestion dans le privé amène à des conséquences incroyables pour les travailleurs et l’économie. Dans ce contexte, j’estime que l’énergie devrait donc revenir entre les mains du public […] Le monopole qui est donné aujourd’hui à Electrabel, je ne le comprends pas » Et le Liégeois - qui estime que "les écologistes se mettent à genoux devant les multinationales énergétiques" - d’enchaîner avec le plan d’investissement wallon. « J’en ai marre qu’on souhaite relancer l’économie par une politique de subsides aux grands groupes. Je préfère un investissement public-public […] Je ne pense pas que les collaborations public-privé doivent être une priorité pour le monde politique. »

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Déplorant « une classe politique qui est coupée du monde », à l’instar d’un « Elio Di Rupo qui dit que les investissements faits pour le Parlement n’est pas du luxe », le président du PTB espère convaincre d’ici 2024 que « la colère peut être positive » et source de changement. « J’en ai marre qu’on dise aux gens qu’ils ne peuvent pas être en colère. Mais attendez… C’est comme ça qu’on a été chercher les congés payés. C’est une colère de classe. Mais il faut transformer cette colère en quelque chose de positif. Et c’est la différence avec l’extrême droite en Flandre où l’on va transformer la colère en quelque chose d’acide, qui va diviser les gens en tapant vers les immigrés, les Wallons et les chômeurs. »

Reste une question : quand le PTB acceptera-t-il de monter dans une majorité ? « Pour rentrer dans un gouvernement, il faut des points de rupture », lance d’emblée Raoul Hedebouw. Autrement dit, aucun compromis ne pourra être accepté sur certains sujets… comme l’âge de la pension à 65 ans. « Et il faut aussi trouver des partenaires. C’est sûr que ça ne va pas le faire avec Georges-Louis Bouchez. C’est plus envisageable avec le PS et Ecolo. Le problème, ce sont les contacts entre les partis. Je tends la main pour avoir des discussions afin de remettre en cause le cadre mais il n’y a aucune réponse du côté de ces partis-là car ils espèrent que le PTB va être un feu de paille. Mais politiquement, ils se trompent. Il va falloir s’habituer à avoir une gauche radicale sur l’échiquier politique. »

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