Les voyages des députés wallons: Nancy, Dubaï ou Mayence, faut-il tout soumettre au débat public ?
Certains voyages des députés wallons ne sont pas soumis au débat public, estime le PTB. Qui veut resserrer le cadre.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/QXF45FNOMBFVFBKGIKCTQN7V3E.jpg)
- Publié le 08-06-2023 à 16h17
- Mis à jour le 08-06-2023 à 18h39
:focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/PPKC7S63VBD3PJ4Q4CXRBZVU5Y.jpg)
Jeudi matin, le Bureau du Parlement wallon a donné son feu vert à plusieurs voyages de députés: Nancy le 23 juin (2 députés et un fonctionnaire du greffe) et Mayence en Allemagne le 30 juin (5 députés et un fonctionnaire). Une seule journée requise, covoiturage encouragé: le budget devrait tourner autour de 35 € par personne.
On est loin de l’exotisme et du coût d’un certain voyage à Dubaï en novembre 2021. Mais pour le PTB, le constat est quand même celui-là: il reste une catégorie de missions parlementaires qui passe sous les radars du règlement "transparence" fraîchement instauré. Il prévoit notamment un passage en commission du Parlement wallon, pour débattre publiquement de l’objectif et du budget. "Quand on se retrouve dans un cadre interparlementaire (NDLR: les deux missions sont organisées dans le cadre du Conseil parlementaire interrégional, l’assemblée consultative de la Grande Région), ça passe sous les radars du règlement: sur l’opportunité du voyage et sur son coût, c’est tranché par le Bureau. Ça ne va pas plus loin, constate le chef de groupe PTB (opposition) Germain Mugemangango. On est d’accord que ce n’est pas exagéré. Ce n’est pas Dubaï. Mais si on n’améliore pas le règlement, ça revient à laisser une porte dérobée… "
"Rien d’opaque"
Au sein du Bureau, d’autres députés ne voient pas de raison de craindre un retour de l’opacité. "La transparence est assurée", nous dit-on. Le Bureau communique ses décisions auprès de la presse avant de mettre tout ça en accès public sur le site du Parlement wallon. Un rapport doit être publié après le voyage, avec le décompte des dépenses. Ce genre de mission se déroule par ailleurs dans le cadre d’échanges institutionnels réguliers. Et, pour le dire clairement, on ne part pas pour faire la bringue mais pour discuter de thématiques de coopération.
La seule différence réside dans le fait qu’on zappe le passage en commission des Affaires générales. C’est d’ailleurs bien cette omission que le PTB déplore.
Et les "sursalaires" ?
Autre omission, selon Germain Mugemangango: on n’a toujours pas mis à l’ordre du jour le débat sur les rémunérations pour les fonctions spéciales. Pour rappel, dans toutes les assemblées parlementaires, certains députés sont mieux payés que d’autres (de l’ordre de 850€ bruts), parce qu’ils endossent plus de responsabilités au travers de "fonctions spéciales". C’est le cas des chefs de groupe, des présidents de commission, des membres du Bureau et, bien sûr, du président de l’assemblée et du Bureau, pour qui l’avantage est de 5 000€ bruts.
"Ça fait 6 mois qu’il est question de cette réforme des rémunérations et il ne s’est encore rien passé", regrette le chef de groupe PTB. Qui n’était pas le seul à vouloir changer les choses, il y a quelques mois, quand l’ancien Bureau a démissionné. Chez Écolo (majorité) et chez Les Engagés (opposition), on s’est aussi exprimé assez clairement sur le dossier.
Ce qui est attendu par la majorité wallonne PS, MR et Écolo en ce moment, c’est une harmonisation entre les différentes assemblées parlementaires. Priorité à une ligne commune. Sauf si ça traîne trop, auquel cas certains groupes du Parlement pourraient prendre l’initiative d’une proposition.
L’ambition du président André Frédéric (PS) est bien de concrétiser la réforme dans le sens d’une réduction des " sursalaires " (nos éditions du 13 avril 2023). Si possible avant la fin de la législature, histoire que tout soit en ordre pour la relève de 2024.