Georges-Louis Bouchez : “Une augmentation de la TVA est une solution qui ne peut pas nous convenir ! ”
Fiscalité, pensions, marché du travail… Ce jeudi, le Mouvement réformateur a présenté sa version d’une réforme globale à 10 milliards d’euros. Pour le président du MR, Georges-Louis Bouchez, tout n’est pas à jeter dans la réforme fiscale préparée par Vincent Van Peteghem. Mais il l’affirme : pas question qu’une baisse d’impôt soit compensée par une hausse d’un autre impôt, dont la TVA. Interview.
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- Publié le 08-06-2023 à 19h44
- Mis à jour le 08-06-2023 à 20h07
La semaine prochaine, le Premier ministre organise un conclave pour discuter des grandes réformes en chantier. Aujourd’hui, le MR montre ses muscles ?
Aujourd’hui, le MR a surtout voulu montrer ses balises. Parce que le MR est habitué à ce qu’on dise un peu tout et n’importe quoi à son sujet. Le MR est soi-disant toujours le responsable des blocages. Et dès qu’il y a un problème, c’est de la faute du MR, et en particulier de Bouchez.
Fiscalité, pensions, emploi… Le MR montre ses muscles avant le mini-conclave de la VivaldiNotre volonté aujourd’hui, c’était de montrer qu’on a les idées claires. On a voulu refaire un point sur toutes nos propositions, montrer le cadre, montrer qu’on avait les possibilités d’atteindre les objectifs que l’on a fixés. Et montrer qu’on s’inscrit dans l’accord de gouvernement.
Donc oui, notre volonté est de montrer qu’aujourd’hui, le MR, est l’accélérateur de réformes face au frein de la gauche. Vous savez, aujourd’hui, la gauche ne veut pas de réforme de l’emploi, pas de réforme des pensions. Et ils n’obtiennent pas l’argent pour le plan de relance.
Pour les libéraux, qui dit réforme fiscale dit obligatoirement réforme du marché du travail ?
L’un et l’autre sont indissociables. Si non, ce que vous défiscalisez dans la poche de gauche, vous allez le reprendre par une taxe dans la poche de droite. Il est impératif de ne pas jouer à ce petit jeu.
La pression fiscale doit diminuer sur les classes moyennes. Et pour qu’elle diminue sur les classes moyennes, il faut davantage de personnes au travail. On fait partie des cinq pays européens avec le plus faible taux d’emploi. Il faut corriger ça.
Si je vous comprends bien, le MR est hostile à un “tax shift”…
Ce qu’on veut, c’est un “tax cut”, soit de la baisse d’impôt. Sur les 10 milliards de notre réforme globale idéale, on ne fait que 2,5 milliards d’euros de mesures sociales et fiscales, avec par exemple, la fiscalisation des primes syndicales ou encore la lutte contre les fausses ASBL.
Tout le reste, c’est-à-dire près de 8 milliards, c’est de la lutte contre la fraude sociale et fiscale, c’est de la création d’emplois, c’est de la diminution des dépenses publiques et une plus grande efficacité de l’activation des chômeurs.
Pour revenir à notre première question, tout le monde montre les muscles. Sera-t-il possible à un moment d’atterrir ? En d’autres termes, certaines idées lancées par Écolo, par le PS ou par le CD&V sont-elles acceptables pour les libéraux ?
Je vais être clair : toutes les idées sont acceptables, mais elles doivent répondre à la philosophie de l’accord de gouvernement.
Aujourd’hui, une augmentation de l’impôt des PME ou une augmentation de la fiscalité sur la consommation, soit la TVA, pour financer une baisse de l’impôt sur le travail, est une solution qui ne pourrait pas nous convenir.
Un 21 juillet sans réforme fiscale, ce serait un échec pour Alexander De Croo ?
Non. On doit tout faire pour finaliser une première partie de la réforme fiscale le plus rapidement possible. Mais ce gouvernement est encore opérationnel pendant un an. Je préfère donc un bon résultat en traînant quelque peu, que de m’enfermer dans un délai. Et je le répète : il faut travailler jusqu’au bout de la législature.
Au niveau de la réforme fiscale, quelles sont les lignes de fracture, les points inacceptables pour le MR ?
L’augmentation de la TVA, tout comme l’augmentation de la fiscalité sur les entreprises qui ferait diminuer leur compétitivité. Je pense que dans le volet “financements” de la réforme du ministre des Finances Vincent Van Peteghem, il y a de gros problèmes.
Karine Lalieux, ministre des Pensions, a mis sur la table une nouvelle proposition. À savoir, un bonus de pension sous forme de capital pour les travailleurs en mesure de prendre une retraite anticipée, mais qui choisiraient de rester une, deux, ou trois années de plus. Qu’en pensez-vous ?
Ce bonus ne contribuerait pas à améliorer la soutenabilité financière des pensions. Par ailleurs, il comporte trois problèmes. Le premier, c’est qu’il s’agit d’un capital qu’on verse en une fois. Cela signifie qu’avec l’inflation, la valeur de ce montant diminue dans le temps. Nous préférons que ce bonus prenne la forme d’une rente.
Deuxième problème : il porte atteinte aux femmes, parce que leur espérance de vie est plus importante. Cela signifie qu’elles devraient bénéficier d’un même montant alors qu’elles vont encore vivre une période plus longue.
Enfin, la seule manière de financer ce bonus selon Karine Lalieux, c’est via impôts. Au MR, à “taxes, taxes, taxes”, on veut répondre par “travail, travail, travail”.
Vous affirmez que le 21 juillet n’est pas une date butoir pour la réforme fiscale. Au niveau des pensions, n’y a-t-il pas urgence ?
Si. Il y a le problème du versement par l’Europe de la première tranche du plan de relance. Le secrétaire d’État à la Relance, Thomas Dermine, affirme que ce n’est pas grave si l’on n’a pas l’argent d’ici la fin de la législature.
C’est un scandale parce qu’il s’agit de sa seule mission Tout le reste, à savoir les fiches, ce sont les autres ministres qui y ont travaillé. Lui, la seule chose qu’il a à faire, c’est de trouver les moyens pour pouvoir mettre en œuvre ces fiches. Ce serait un échec colossal si l’on devait se priver de l’argent européen.