Fiscalité, pensions, emploi… Le MR montre ses muscles avant le mini-conclave de la Vivaldi
À une semaine d’un mini-conclave où la Vivaldi se penchera sur les grandes réformes, le MR présente les éléments de sa réforme globale idéale de 10 milliards d’euros
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- Publié le 08-06-2023 à 20h00
- Mis à jour le 09-06-2023 à 08h32
Ce mercredi, la ministre PS des pensions, Karine Lalieux, a présenté une nouvelle version de sa future réforme des pensions. Il n’a pas fallu plus de 24 heures pour que le MR convoque les médias afin de présenter, à son tour, ses exigences au niveau des réformes en chantier, le tout à une semaine d’un mini-conclave où la Vivaldi tentera l’impossible rapprochement des positions.
1. Réforme fiscale sans hausse d’impôt
Pour le MR, une réforme globale idéale représenterait un montant de 10 milliards d’euros financés intégralement par une réforme du marché du travail, une baisse des dépenses publiques ou encore une intensification de la lutte contre la fraude sociale et fiscale. Et les libéraux le répètent dans toutes les langues : pas question de compenser une baisse d’un impôt par la hausse d’un autre impôt.
“Nous sommes déjà le pays qui taxe le plus le travail… Et l’objectif doit être d’augmenter le taux d’emploi”, rappelle le président du MR Georges-Louis Bouchez. “Si l’on ne fait rien, celui-ci grimpera naturellement à 75 % à l’horizon 2030. Il faut donc l’aider à atteindre les 80 %. .. Une réforme fiscale ne doit pas être payée par ceux qui travaillent, épargnent et investissent.”
Georges-Louis Bouchez insiste : les propositions libérales s’inscrivent dans le cadre de “l’accord de gouvernement” : “Et il faut bien rappeler cet accord, parce qu’il faut que tout le monde joue le jeu.”
Passé ce préambule, les libéraux sortent l’artillerie lourde. Mais ils l’affirment : s’ils ne souhaitent pas d'une hausse de la TVA sur certains biens, tout n’est pas à jeter dans l’épure préparée par le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem.
Le MR retient notamment la baisse de la taxation sur le travail via l’augmentation de la quotité exemptée d’impôts, l’extension du bonus à l’emploi ou encore le relèvement du seuil d’application de la tranche d’imposition de 45 %.
2. Une différence de 500€ entre les allocations et les revenus du travail
Pour le MR, il faut impérativement augmenter le salaire net avec l’objectif d’établir un différentiel d’au moins 500 euros entre les revenus de remplacement et ceux des travailleurs.
“Nous estimons qu’on ne devrait pas payer un euro d’impôt avant d’avoir atteint le niveau du revenu d’insertion sociale”, rappelle Georges-Louis Bouchez. “De plus, on paie trop vite des impôts. Si l’on gagne 41 000 euros, chaque euro au-delà de cette tranche est taxé à 50 %. Or, un enseignant qui a dix ans d’expérience est concerné par cette tranche.”
Pour augmenter le salaire net des travailleurs, le MR avance différentes propositions. Citons, entre-autres, la mise en place d'un crédit d'impôt dégressif allant jusqu'au salaire médian, un travail plus large sur la fiscalité ou encore une modulation des aides. Le MR envisage aussi l’augmentation de la déductibilité fiscale pour les frais de garde d’enfant, un soutien au secteur IT via une flat tax, une réduction des taux de TVA sur les télécommunications, ou encore des mesures pour les indépendants et les PME dont la pérennisation des réductions des cotisations patronales mises en place durant la crise.
Les libéraux souhaitent la mise en place d’un bonus emploi pour les indépendants, l’élargissement des flexijobs à l’agriculture ou encore la création d’un bonus de 1500 € net par an pour ceux qui occupent un métier en pénurie.
Le MR voudrait aussi réduire le handicap salarial de la Belgique par rapport aux autres pays. “On ne va pas remettre en cause l’indexation automatique des salaires”, rappelle David Clarinval, vice-premier ministre en charge des Indépendants et des PME. “Mais pour résorber ce handicap, il faut une diminution de 0.9 % du coût du travail par an”.
Le MR avance une série de propositions dont la mise en place d’un index défiscalisé, des réductions des cotisations sociales ou encore une augmentation de la borne bas salaires.
3.Une activation accrue des demandeurs d’emploi
“La réforme du marché du travail, ce n’est pas une lubie des libéraux”, ajoute David Clarinval. “Elle est clairement indiquée dans les notifications du budget 2023, où il est précisé que le ministre du Travail continuera à œuvrer pour relever le taux d’emploi. ”
Outre l’incitant pour les métiers en pénurie, le MR préconise une exclusion du chômage après deux refus d’un emploi convenable, une dégressivité accrue des allocations de chômage ou encore l’obligation de réaliser un travail communautaire après le renvoi vers le CPAS d’un demandeur inoccupé depuis deux ans.
Enfin, les étudiants pourraient travailler 600 heures par an et le régime des flexi-jobs serait étendu pour les métiers en pénurie et l’aide à domicile.
En matière de pensions, le MR estime enfin qu’il faut valoriser le travail effectif en corrigeant le bonus instauré en juillet dernier, une correction des périodes effectives de pensions minimum, l’instauration d’une période effective pour la pension anticipée ou encore la mise en œuvre d’une pension à mi-temps.
“Il faut récompenser les personnes qui ont travaillé ”, ajoute David Clarinval. “Par un ensemble de mesures, il faudrait enfin harmoniser les régimes et garantir le financement.”
Pour les libéraux, l’intégralité de cette réforme globale ne pourra se faire en une seule phase. Mais le MR souhaite que la première puisse entrer en application à partir du 1er janvier 2024. Avant cela, il faudra trouver des compromis avec les partenaires de la Vivaldi…