Child Focus a traité un nombre record de dossiers liés à l'intégrité sexuelle des mineurs
Child Focus s'inquiète de la forte augmentation du nombre de dossiers d'atteinte à l'intégrité sexuelle des jeunes en ligne, dans son rapport annuel pour l'année 2022 publié jeudi.
- Publié le 08-06-2023 à 13h32
- Mis à jour le 08-06-2023 à 14h23
:focal(251x176:261x166)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/RFC5YDV6KFBN7PPHJ3YS36W4SI.jpg)
La Fondation qui oeuvre en faveur des enfants disparus et sexuellement exploités a ouvert une centaine de nouvelles affaires de "sextorsion" et plus d'une centaine de dossiers de "sexting" non consensuel l'an dernier. Les signalements pour fugue et les disparitions inquiétantes sont également en hausse.
Le constat est sans appel: "Child Focus n'a encore jamais reçu autant d'appels concernant l'atteinte à l'intégrité sexuelle des mineurs qu'en 2022", souligne l'organisation fondée il y a 25 ans dans la foulée de l'affaire Dutroux. Au total, elle a ouvert l'an dernier 109 nouveaux dossiers de "sextorsion", dans lesquels les jeunes victimes sont incitées à envoyer des photos ou vidéos dénudées d'elles-mêmes puis, sous la pression de rendre ces images publiques, se font extorquer de l'argent ou des images supplémentaires. Avant la pandémie de coronavirus et les périodes de confinement qui ont favorisé l'usage d'internet, ce type de violence représentait une cinquantaine de dossiers (46 en 2018 et 55 en 2019).
Child Focus a également enregistré 151 nouveaux dossiers de "sexting" non consensuel. Contraction des mots anglais "sex" et "texting", le terme renvoie à l'échange en ligne de messages, photos ou vidéos à caractère sexuel. Outre le nombre croissant de "dickpics" (des clichés de pénis), l'organisation remarque que de plus en plus de jeunes filles s'exposent sur des canaux tels que Telegram ou Discord. Grâce à une collaboration avec les principaux réseaux sociaux (Facebook, Instagram, YouTube, Twitter, TikTok ou encore Snapchat), la fondation peut supprimer rapidement des images dénudées diffusées sans le consentement de la victime.
L'organisme a par ailleurs ouvert 36 dossiers de grooming, un processus par lequel un adulte aborde intentionnellement des mineurs et les manipule à des fins sexuelles. Les victimes étaient, dans leur grande majorité (80%), des filles de moins de 16 ans. Child Focus note que les "groomers" cherchent de plus en plus leurs victimes sur les réseaux sociaux et les plateformes de jeux en ligne telles que Fortnite ou Roblox.
Pour contrer ces violences sur internet, la population a émis 1.832 signalements via le point de contact civil de Child Focus, www.imagesdabus.be. Un contenu sur quatre renfermait du matériel illégal, montrant dans la plupart des cas une violence sexuelle sur un enfant.
En 2022, la fondation a également analysé 125.206 images via Arachnid, une technologie permettant de rechercher et supprimer proactivement les images connues de victimes.
La prostitution aussi fait des ravages parmi les mineurs. Child Focus a ouvert 61 nouveaux dossiers d'exploitation de mineurs en 2022. Les victimes étaient généralement âgées de 14 à 17 ans. Ce chiffre ne représente toutefois que "la partie émergée de l'iceberg". Le phénomène reste en effet dissimulé en Belgique et n'est pas souvent détecté, voire signalé, nuance l'organisme. En 2021, ce dernier avait géré 57 nouveaux dossiers.
Outre les violences sexuelles, les dossiers de fugue sont également en recrudescence (+31% par rapport à 2021). L'an dernier, 1.138 enfants ont fui leur domicile ou l'institution où ils résidaient et 188 à plusieurs reprises. Child Focus souligne que fuguer constitue un "signal ultime": "quelque chose ne va pas dans la vie de l'enfant, qui ne voit plus d'autre issue que de fuir la situation, sans savoir où aller".
De même, les disparitions de mineurs étrangers non accompagnés ont aussi augmenté. Au total, 119 enfants et 136 disparitions ont été recensés (+39% par rapport à 2021). "La guerre en Ukraine, les violences en Afghanistan, en Syrie et en Érythrée, l'impact climatique ainsi que la crise de l'accueil des demandeurs d'asile ont marqué une page noire de l'histoire de l'asile en Belgique", déplore la fondation, qui demande plus de ressources pour faire face au phénomène et un accueil adapté pour chaque enfant.