Les médecins généralistes appelés à faire grève ce mercredi: "6 mois qu’on discute et rien n’avance"
Grogne chez les médecins généralistes wallons qui ne peuvent plus bénéficier du tri des appels par le 1733, lors des gardes de nuit. L’Absym Wallonie les invite à arrêter le travail ce mercredi 7 juin 2023, entre 10 et 11 heures.
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- Publié le 06-06-2023 à 04h00
- Mis à jour le 06-06-2023 à 07h37
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Quatorze à quinze appels par nuit de garde au lieu de 1,2 (pour 100 000 habitants) lorsqu’un tri était effectué via le numéro de téléphone 1733, entre 23h et 8 h. Ces chiffres suscitent un profond mécontentement parmi les médecins généralistes wallons, relayé par l’Absym Wallonie, l’un des syndicats de la profession.
"On fait machine arrière"
"On est en train de faire progressivement machine arrière, s’indigne Luc Herry, président de l’Absym Wallonie. L’an dernier, dans les régions de Liège, Luxembourg et Mons, grâce au filtrage des appels par le 1733, le médecin de garde ne se déplaçait que pour les résidents des maisons de repos, les personnes en soins palliatifs, les patients incapables de se déplacer et les certificats de décès. Actuellement, comme il n’y a plus de tri, le médecin de garde reçoit tous les appels de nuit pour un honoraire de disponibilité de 7,14 € de l’heure. L’état de santé de la plupart des personnes qui appellent ne nécessite pas la visite d’un médecin dans l’heure".
Un problème wallon
Le 1733 fonctionne également à Bruxelles et en Flandre pour les gardes médicales mais en phase 1: les appels sont déviés vers le poste de garde la journée (week-ends et jours fériés) ou vers le médecin de garde la nuit. Cela ne pose problème qu’aux généralistes wallons, souligne le SPF Santé publique.
Les distances à parcourir sont plus importantes dans les zones rurales, d’autant qu’elles sont particulièrement exposées à la pénurie de généralistes.
Pas une directive officielle
Concernant les accords entre médecins wallons pour limiter leurs déplacements pendant la garde de nuit, le cabinet du ministre Frank Vandenbroucke précise: "Cela n’a jamais été une directive officielle, et n’est pas en adéquation avec les recommandations du Manuel belge de Régulation médicale, ni avec ce que la première ligne doit offrir aux citoyens. Le 1733 suivra maintenant les directives officielles, ce qui implique que certains patients avec des niveaux d’urgence suffisants pourront être vus pendant la nuit, même en ne rentrant pas dans les 4 catégories précitées".
Le cabinet précise par ailleurs: "Les discussions sur les solutions structurelles à long terme se poursuivent, et les médecins généralistes y participent".
Ne pas aggraver la pénurie de soignants
Après moult démarches auprès des différentes instances concernées (Inami, SPF Santé publique et SPF Intérieur dont dépend le 1733), l’Absym Wallonie estime que la coupe est pleine. "On essaie de trouver des solutions avec l’administration et le politique mais force est de constater que cela fait 6 mois qu’on discute et que rien n’avance", regrette Luc Herry.
L’arrêt de travail programmé demain mercredi, entre 10 et 11 heures, a été initié par les généralistes de Wallonie Picarde (Cercles de Tournai, Ath, Mouscron et Comines) après qu’ils aient reçu "une réponse culpabilisante du ministre qui balaie leurs arguments d’un revers de la main".
L’Absym Wallonie les soutient et appelle le politique à ne pas aggraver la pénurie de soignants. "Le bien être du médecin fait partie des objectifs du dernier accord médico mutuelliste", rappelle le Dr Herry.