Taux d’intérêt sur les comptes épargne: que peut faire le gouvernement ?
Si les banques ne relèvent pas leurs taux, le Premier ministre Alexander De Croo assure que l’exécutif interviendra. Mais dans les faits, la marge de manœuvre dont dispose l'État est limitée.
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- Publié le 05-06-2023 à 21h04
- Mis à jour le 05-06-2023 à 21h27
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Depuis plusieurs mois, les taux des crédits hypothécaires accordés par les banques connaissent une hausse significative. A contrario, les épargnants ne peuvent bénéficier d’un taux intéressant pour rémunérer leur épargne. Par exemple, BNP Paribas Fortis, ne propose aux titulaires d’un compte épargne classique qu’un taux de base de 0,15% assorti d’une prime de fidélité de 0,10%. Or, en février dernier, le taux d’intérêt moyen sur un prêt immobilier de plus de 10 ans s’est établi à 3,11%, selon les données de la BNB.
Interviewée ce samedi par nos confrères de l’Echo, la secrétaire d’État au Budget, Alexia Bertrand (Open VLD), a donné aux banques "jusqu’à la fin du mois de juin" pour relever leurs taux sur les comptes d’épargne. Invité politique de Matin Première (RTBF) ce lundi matin, Alexander De Croo a également lancé un appel au secteur bancaire, sans toutefois placer de deadline: "Ou bien les banques font fonctionner le marché. Ou bien cela veut dire qu’il y a un dysfonctionnement de celui-ci. À ce moment-là, on interviendrait", a lancé le Premier ministre, ajoutant qu’il "préférait la première option".
La Vivaldi divisée sur ce dossier
Ce dossier divise la Vivaldi. Les familles écologistes et socialistes voudraient légiférer afin d’imposer un lien entre les taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) et celui des comptes d’épargne. Mais vendredi, la Banque nationale de Belgique a rendu un avis négatif par rapport à ces propositions. L’institution craint qu’un tel lien n’engendre des "conséquences profondes sur la rentabilité, la gestion du risque sur les taux et la solvabilité des banques".
Une marge de manœuvre réduite
De façon générale, il faut noter que la marge de manœuvre du gouvernement est limitée: "Les quatre grandes banques, qui représentent 80% du marché, jouent un rôle important dans le financement de l’État, des collectivités et des Régions", rappelle Bruno Colmant, professeur d’Économie à l’ULB et à l’UCLouvain. "Outre les crédits aux particuliers et aux entreprises, l’épargne sert aussi à financer l’État. Ce dernier sera toujours attentif à ne pas trop violenter les banques. De plus, si l’État instaurait un minimum, il risquerait de devoir intervenir ensuite en permanence."
Pour Bruno Colmant, il est probable que les banques entendent l’appel de la Vivaldi: "Je pense qu’elles vont volontairement remonter leurs taux. Mais pas en même temps, pour éviter toute accusation de cartel", poursuit Bruno Colmant. "Mais l’idée d’avoir un taux d’intérêt pour les comptes épargne qui devrait être intégré, par exemple, dans une fourchette basée sur les taux directeurs de la BCE ou sur les taux des obligations belge à dix ans ne me semblerait pas absurde."
Le pic de l’inflation pas encore atteint
Depuis l’an dernier, la Banque centrale européenne (BCE) tente de réduire l’inflation en augmentant les taux d’intérêt, ce qui rend les emprunts plus coûteux et ralentit l’économie. Une nouvelle hausse des taux est attendue jeudi prochain, date de la prochaine réunion de la BCE. Une hausse qui semble se confirmer lorsqu’on analyse les propos de Christine Lagarde.
La présidente de la BCE a expliqué ce lundi aux membres de la commission des Affaires économiques du Parlement européen qu’il n’y avait pas encore de signes indiquant que l’inflation avait atteint son point culminant. «Les dernières données suggèrent que les indicateurs des pressions inflationnistes sous-jacentes restent élevés et, si certains montrent des signes de modération, il n’y a pas de preuve tangible que l’inflation sous-jacente a atteint un pic», a expliqué Christine Lagarde. Si une nouvelle hausse des taux directeurs devait se confirmer, elle aurait encore des répercussions sur les taux des crédits.